Realm of the Night

Chamber Of Unlight

13/08/2021

Werewolf Records

Au menu du jour, un nouvel ancien projet ou ancien nouveau projet monté par Necrosis (chant/guitare/basse) et Kassara (batterie), soit Juha Harju et Lauri Rytkönen, deux vétérans de la scène extrême finlandaise, dont on retrouve le nom au casting de groupes comme DEATHCHAIN, AJATTARA, SHADE EMPIRE, TROLLHEIMS GROTT, HORNA, BYTHOS, FORGOTTEN HORROR, STRIGES, ou BLACK DEATH RITUAL. Actifs depuis une vingtaine d’années, les deux hommes se connaissent bien pour avoir partagé les expériences DEATHCHAIN et TROLLHEIMS GROTT ensemble, il n’est donc pas étonnant de les retrouver encore une fois côte à côte au sein de l’entité CHAMBER OF UNLIGHT. Lancé il y a quelques années et déjà auteur d’une première démo éponyme en 2017, le concept décolle donc enfin aujourd’hui via ce premier longue-durée empreint de classicisme brutal des nineties et d’héritage finlandais intemporel.

Sonorités froides et violentes, ambition de composition, rudesse de ton et sècheresse de chant, instrumentation solide et riche, on se retrouve violemment repoussé dans le temps, lorsque les pays scandinaves et nordiques dominaient la scène BM, et le voyage est des plus plaisants. Et pour cause, puisque ce mystical mystery tour est guidé par deux musiciens qui connaissent bien la chanson de leur région, et les histoires de leur patrimoine.

On retrouve donc un peu de tout dans ces morceaux pleins aux déliés souples, de la grandiloquence à la EMPEROR, de l’âpreté à la IMMORTAL, des accents DARKTHRONE lorsque le minimalisme s’impose par petites touches, et surtout, du traditionalisme old-school, sans opportunisme, puisque les deux acolytes grimés ne sont pas allés jusqu’à copier les anciens à la formule près. Les comparaisons vont bon train sur les sites spécialisés, et on retrouve le nom de CHAMBER OF UNLIGHT aux côtés de ceux de WOLVES’S WINTER, WARMOON LORD, BAPTISM, BEHEXEN, BYTHOS, SARKRISTA ou même SATANIC WARMASTER, et bien que certains parallèles puissent servir de repère plus ou moins fiable, ce premier album fait montre d’une belle personnalité sans avoir à supporter de tutelle. J’en veux pour exemple ce son de batterie si proéminent, aux toms organiques, cette voix écorchée qui titille parfois la corde à nœud sensible du DSBM, ces arrangements de claviers en contrepoint qui ajoutent au mystère, et ces constructions évolutives qui permettent aux morceaux de respirer, et de ne pas rester coincés entre deux étages de riffs convenus.

Rapide mais précis, rauque mais mélodique, Realm of the Night est une nuit étoilée par intermittence, dévoilant de pâles lueurs au coin d’un œil plus ou moins vif. On reconnait évidemment la patte de Necrosis, qui a su tracer un trait d’union entre tous ses projets, et ses riffs glaciaux soulignés de son chant si connotés nous ramènent au reste de son œuvre, tout en laissant à CHAMBER OF UNLIGHT assez de latitude pour évoluer dans un univers vaste, mais aux frontières bien définies. Si l’intégralité de l’album est d’une solidité à toute épreuve, certains morceaux se détachent du lot, à l’image du stellaire « From Grey Tombs », impeccablement supporté par des arrangements synthétique et des lignes vocales à la limite de l’agonie.

Sorte d’association entre un Hellhammer local et un Ihsahn plus humble, CHAMBER OF UNLIGHT impose la pénombre, mais ne tue pas la lumière pour autant. Les nombreuses harmonies permettent de laisser filtrer quelques rais, tandis que l’ambiance se rapproche parfois du MAYHEM de légende, tout en admettant l’importance d’ARCTURUS et EMPEROR à un niveau plus modeste. Traditionnel dans le fond, mais plus moderne dans la forme, ce premier album est d’une maîtrise incontestable, et se place dans le peloton de tête des sorties de l’underground actuel, loin des puristes DIY accrochés à leur deux-pistes fatigué.

Et c’est après une courte intro idoine que nous plongeons dans l’univers finlandais, la balade passant à travers bois pour nous narrer les légendes éternelles. « Crowns of Divinity » plante donc le décor, et vient rassurer de sa grandiloquence les inquiétudes soulevées par cette pochette un peu cliché. Les clous sont donc bien présents, les lames circulaires aussi, mais heureusement, les riffs sont crédibles, et l’attitude loin du grotesque achevé des formations les plus « true ». Rappelant parfois un MARDUK époque Mortuus avec un brin de l’ère Legion en arrière-plan, CHAMBER OF UNLIGHT se veut solide outsider, et non simple side-project parmi tant d’autres. Les plans se succédant à bonne vitesse, les riffs restant persuasifs et aiguisés comme des lames de rasoir DSBM, le duo jouant parfois avec le tempo pour se rapprocher du malaise originel (« Slumber »), Realm of the Night reste passionnant de bout en bout, doté d’une âme propre, cherchant parfois une porte de sortie moins classique avec des saccades purement Thrash (« Uncelestial Light (The Chamber) », épilogue qui en dit long sur les capacités du duo), pour finalement s’imposer dans le haut du charnier BM de cet été 2021.

Sans être fondamental, mais en évitant les emprunts les plus faciles, CHAMBER OF UNLIGHT valide son existence avec pugnacité et suffisamment d’inventivité. A noter qu’une version vinyle verra le jour dans quelques mois pour une édition qui en vaudra largement la peine. En attendant, le digital et le CD sont vos meilleurs amis, disponibles sur le Bandcamp du groupe lié à celui de son label.


                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Prooemium

02. Crowns of Divinity

03. Revelations of Dark Crafts

04. On the Path of Thy Shadow

05. From Grey Tombs

06. Summoning the Spirit of the Dead

07. Slumber

08. Uncelestial Light (The Chamber)


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par mortne2001 le 18/08/2021 à 14:15
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