Edder & Bile

Cadaver

27/11/2020

Nuclear Blast

Dirk Verbeuren est un poulpe et a un frère jumeau. Sinon, je ne vois pas comment il peut jouer de cette façon dans autant de groupes différents. En plus de jouer dans MEGADETH avec Megadave, l’homme s’est fendu cette année de percussions sur Purgatory de THE PROJECT HATE MCMXCIX, Vist de VETUR, Scarcity de BRAVE THE COLD, DSM-5 de BLOOD FROM THE SOUL avec Shane Embury, et aujourd’hui, on le retrouve derrière le kit de la légende CADAVER, pour un comeback de la créature que plus personne n’osait espérer. A ce niveau-là, on ne parle même plus de mercenaire de la double grosse caisse, mais bien d’un hyperactif qui ne peut supporter de rester inactif et de ne pas voir son nom dans les crédits des meilleurs albums de l’année. Il faut dire que le jeu du belge se prête à tous les styles, lui qui est capable de passer du Heavy Thrash pur jus au Grind le plus repu, et sa présence sur ce quatrième album de la légende norvégienne apporte une gigantesque plus-value au projet, un peu comme quand Dave Lombardo s’était retrouvé sur le tabouret des SUICIDAL TENDENCIES ou de TESTAMENT. Après, CADAVER, on connaît ou on ne connaît pas, puisque la naissance du groupe ne remonte pas à hier, mais ses faits d’armes sont suffisamment explicites pour qu’on ait au moins lu son nom quelque part. A la base un groupe de jeunes norvégiens désirant exposer leur point de vue Death Metal à la fin des années 80, avec une série de quatre démos consécutives en deux ans, avant de partager des faces avec les cultissimes CARNAGE sur l’historique split Dark Recollections / Hallucinating Anxiety.

Départ en fanfare, suivi deux ans après d’une accélération phénoménale via le second LP ...in Pains, avant que le combo ne se mette en hibernation pour revenir entre 1999 et 2001 sous le sobriquet de CADAVER INC, et qu’il ne change de direction en 2004 pour un LP teinté d’Indus, le joyeux Necrosis que les fans ont toujours considéré comme une tentative heureuse. Seulement, depuis, pas grand-chose voire rien du tout, et l’ami Anders Odden commençait à méchamment nous manquer. Mais une rencontre changea la donne, et c’est encore Anders qui en parle le mieux :

« J'ai rencontré Dirk Verbeuren lors du festival 70000 Tons Of Metal en 2014. Il remplaçait Frost dans SATYRICON et nous avons fait deux concerts ensemble. Il s'est avéré que Dirk était un grand fan de CADAVER et à l'époque, j'avais plusieurs titres en préparation pour ce que je pensais être un album solo. L'idée d'intégrer tout cela dans la troisième version de CADAVER est née et nous avons commencé à partager nos idées. Nous avions environ dix chansons au moment où Dirk était en tournée en Europe avec MEGADETH en 2016. Ils ont joué dans mon quartier et nous avons passé l'après-midi à jammer. CADAVER renaissant. J'ai commencé à accumuler des idées pour de nouveaux morceaux et le temps a passé. Je voulais vraiment que ça sonne comme CADAVER et que ce soit moderne, mais intemporel. La musique est vraiment du Death Metal selon nos points de vue. J'ai ma propre façon d'écrire des riffs et lui a sa propre façon de les exprimer à la batterie qui lui convient et qui sonne bien. »

Visiblement, les deux hommes étaient faits pour s’entendre, et leur complicité devient évidente au fur et à mesure des morceaux proposés par  Edder & Bile. L’album, loin de jouer la modernité retrouve le style brut dont CADAVER s’était fait le chantre à l’orée de sa carrière, refuse toute sophistication, même au niveau de cette production qui fait sonner la batterie de Dirk comme celle de Lars Ulrich en répète. En ces sillons, la sophistication n’a pas droit de cité, et les morceaux sonnent aussi brut qu’une poussée d’acné d’adolescents découvrant les joies du Death floridien à la fin des années 80. Les riffs composés par Anders sont toujours aussi primitifs, et sa voix sonne inaltérée par le temps, ce qui confère à ce quatrième album un parfum nostalgique délicieux, quoique très loin des fragrances factices des groupes old-school. Mais après tout, Andres a vécu l’histoire en temps et en heure, alors il n’est pas étonnant que sa vision des choses soit légèrement différente de la mode. Et dès « Morgue Ritual » et ses dégueulis de zombies pas content d’avoir raté l’heure du dîner, le décor est planté, et Dirk blaste comme un malade pour se mettre au diapason. C’est violent comme du DEICIDE, méchant comme du REPULSION, légèrement Grind/Death sur les bords, mais éminemment jouissif pour tous les rétrogrades qui pensent encore que le Death, c’était mieux avant. Et en compagnie de CADAVER, comment penser autrement ? Anders n’a rien perdu de sa passion, et la solidité de Dirk à la batterie lui permet d’explorer ses idées les plus nauséabondes, et nous ramener au temps béni et putride d’Hallucinating Anxiety.

Outre les tentacules de Dirk à la batterie, Anders s’est assuré de la participation d’autres légendes à son nouvel album, et nous retrouvons dans les chœurs Kam Lee (MASSACRE) et Jeff Becerra (POSSESSED), ce qui ne fait qu’ajouter à l’aura de cette œuvre sans concession, qui permet de lier le CARCASS le plus répugnant au Death à la mode scandinave des années 90. Tout ici est brutal, court, percutant mais aussi catchy, puisque Anders sait comment attirer les victimes dans son filet. En profitant de cette production qui pourrait être d’époque, le guitariste/bassiste/chanteur s’éclate comme un pervers face à un entraînement de cheerleaders, et se lâche totalement, laissant le beau Dirk faire valdinguer ses baguettes avant de les calmer à l’occasion de breaks écrasants en empestant les égouts du temps (« Circle Of Morbidity »).

Et si Jeff Beccera vient égayer « Circle Of Morbidity », c’est le gros Kam Lee qu’on retrouve sur « Feed The Pigs » de son timbre de goret, trop heureux de partager le micro pour un hymne à la débauche. Mais même sans ces invités de marque, Edder & Bile fonctionne à plein régime, et rappelle l’odeur d’un cadavre trouvé dans un champ qui vous a marqué à vie. Concentré sur les désillusions de la vie et la façon dont l’âge érode les rares illusions, Edder & Bile lâche ses tripes et sa bile de la même façon qu’Anders exprime son dégoût, et avec à peine trente minutes de barouf, ce nouveau témoignage se place de fait dans les réussites charcutières d’une année pourtant chargée en exactions bouchères. Sans réfléchir, en se laissant aller, CADAVER signe-là l’un de ses meilleurs albums, ressuscite le fantôme du Death violent et paillard (« The Pestilence »), compose ses hymnes les plus cruels (« Edder & Bile »), et achève notre dernier doute d’une balle en pleine tête. Un psychopathe pionnier et un poulpe infatigable et admiratif sont dans la même pièce. Le psychopathe lâche un gros riff qui empeste. Que fait le poulpe ? Il blaste. From the past évidemment.   

   

Titres de l’album:

01. Morgue Ritual

02. Circle Of Morbidity

03. Feed The Pigs

04. Final Fight

05. Deathmachine

06. Reborn

07. The Pestilence

08. Edder & Bile

09. Years Of Nothing

10. Let Me Burn


Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 10/12/2020 à 14:41
88 %    1035

Commentaires (3) | Ajouter un commentaire


LeMoustre
@93.4.16.166
14/12/2020, 08:36:39

Un des albums de l'année, pétri de fulgurances et de titres jouissifs. Comme le EP qui l'a précèdé d'ailleurs. L'influ Carcass (periode Necriticism) est palpable. Grosse baffe. 


pops
@178.62.252.155
22/12/2020, 21:36:20

Pour moi aucune influence, juste du pur Cadaver avec un son plus modern et plus brutal. Excekkent


pops
@178.62.252.155
22/12/2020, 21:36:48

excellent pardon

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52