Drôle d’histoire que celle de ce groupe résolument à part sur la scène Progressive mondiale. Est-il d’ailleurs encore pertinent de l’affilier au style, sa musique échappant à toute restriction de genre depuis ses débuts ? Toujours est-il que la bio du concept n’est pas inintéressante en soi, puisque FROST* (l’astérisque est importante je le souligne) a été monté de toute pièce par un musicien plus connu pour son parcours de compositeur de tubes Pop qu’en tant que musicien Rock. Créé en septembre 2004 par Jem Godfrey, qui était alors le compositeur en vogue dans l’industrie des groupes de Néo-Pop (il a notamment écrit pour le trio féminin ATOMIC KITTEN), FROST* répondait alors à un besoin de l’artiste de se rapprocher de ses racines Rock, qu’il avait fermement plantées en créant FREEFALL. Jem se mit alors à la recherche de compagnons de voyage et enrôla dans sa bande John Mitchell (guitariste, ARENA, THE URBANE, KINO, avant de rejoindre les rangs de la référence IT BITES), John Jowitt (IQ, ARENA, JADIS), Andy Edwards (ex-Robert Plant et IQ) et John Boyes, son ancien compère de FREEFALL. Avec ce line-up, le groupe enregistra son premier album, déjà très atypique pour l’époque, Milliontown, inspiré du livre The Apprentice de Gordon Houghton. Après un tel départ en fanfare, la carrière du groupe semblait lancée pour de bon, et pourtant, de nombreux splits et pauses vinrent émailler l’avancée des anglais qui finalement n’ont pas pu maintenir la cadence, devant se contenter de trois albums en plus de dix ans d’existence. La dernière trace discographique du combo remonte aujourd’hui à 2016 et la parution de Falling Satellites, et c’est donc avec un plaisir non feint que nous le retrouvons aujourd’hui, certes en version modeste et via un humble EP, mais toujours aussi avant-gardiste, créatif, et électron libre de la scène progressive anglaise si à cheval sur ses principes.
Dans les faits, Others n’est qu’une mise en bouche, et l’avertissement d’un prochain LP à paraître en 2020. En attendant cette œuvre qui sera à n’en point douter une nouvelle révolution, ces six morceaux comblent quatre années de silence difficiles à supporter. Dans les faits, FROST* est tout sauf un groupe progressif classique, puisque sa musique en appelle tout autant au Rock qu’à la Pop, et surtout à l’électronique, abondamment utilisée dans le processus de composition et d’enregistrement. Il est donc très difficile de les situer sur une carte mondiale, leur approche étant résolument personnelle et novatrice, un peu comme si les TEA PARTY se fendaient d’un projet commun avec Devin TOWNSEND et Steven WILSON. Ecrit sur le papier, la comparaison peut sembler absconse, mais mise en musique, elle prend tout son relief, et évoque tout autant les nineties les plus provocantes que les seventies plus classiques. Ce qui frappe la première fois qu’on pose ses oreilles sur une œuvre du groupe, c’est sa modernité qui dans un paradoxe surprenant, évite l’ancrage temporel. Fonctionnant un peu comme un message du futur envoyé par des musiciens à leurs pairs d’un siècle antérieur, Others mérite une fois encore son titre, et fait appel à l’ouverture d’esprit la plus manifeste de la part d’un public Metal peu habitué à ce genre de pratique. En format court, le groupe de Jem ne peut évidemment pas se laisser aller à ses longues digressions (comme le final homérique de Milliontown et ses vingt-six minutes de voyage intersidéral), et ce sont donc six morceaux plus ou moins concentrés qui nous sont livrés, mais qui une fois de plus font appel à l’imagination musicale la plus débridée et souple. Dans un contexte futuriste et mélodique, le groupe nous entraîne dans un trip unique, fait de couleurs pastels et de stries de lumière aveuglants, pour nous faire perdre nos repères et nous introduire à un monde…différent.
Dans les faits, ce nouvel EP n’en est pas vraiment un, puisque ses six chansons sont exhumées des sessions d’enregistrement de Falling Satellites qui au départ était prévu pour être un double album. Ayant renoncé au volume trop conséquent d’information, les anglais ont donc préféré garder quelques titres au chaud pour nous servir de cale-faim en attendant leur prochain longue-durée. Mais même en accusant quatre ans d’existence, ces chansons sonnent aussi fraîches et originales que si elles avaient été composées la veille, ce qu’on ressent dès « Father ». Avec toujours en exergue ce mélange de Rock et de musique électronique, FROST* nous propose une mise en jambes musclée, et toujours des surprises, comme cette cassure en fin de morceau qui impose un silence étrange à peine interrompu par une petite boîte à musique sortie de nulle part. Trouvant toujours l’équilibre entre une guitare agressive et une rythmique souple et fluide, les musiciens nous enchantent de cette modernité mélodique incroyable, et « Clouda » de continuer sur la même lancée, en juxtaposant un clavier économique et une voix très épurée. Beaucoup, étrangers à l’univers du groupe se demanderont de quel droit l’affilier à un courant progressif toujours très strict quant à ses dogmes, et pourtant, le lien est très visible, notamment dans la liberté de ton, le métissage des genres, et le refus des structures imposées. Evidemment, pour ceux ayant usé Falling Satellites jusqu’à la corde, Others ne présentera pas de surprise majeure, mais entre le beat enflammé de dancefloor de « Exhibit A », lui aussi interrompu en son centre par un break spatial, et la délicatesse futuro-Pop de « Fathom », le plaisir de retrouver des musiciens à part et farouchement attachés à leur liberté sera total.
Sans vraiment changer leur optique, les anglais l’adaptent à leur époque, et rompent le silence de la plus belle façon qui soit. Toujours aussi prompts à utiliser des arrangements étranges et modernes, les membres de FROST* naviguent à vue dans un paysage multiple, et se reposent sur des rythmiques synthétiques meubles qui nous catapultent dans un ciel Electro-Pop de toute beauté (« Eat », qu’on avale d’un trait), avant de terminer leur périple sur fond d’Ambient relaxant et stellaire (« Drown »). Plus qu’un simple EP de retrouvailles, Others est une fois encore une porte ouverte sur une autre galaxie, dans laquelle le Rock, la Pop et la musique électronique cohabitent en paix, sans troubler l’harmonie générale. Groupe unique et magique, FROST* affirme encore plus sa singularité, et nous envoie des signaux de sa planète, signaux amicaux qui nous prouvent qu’une musique peut être différente mais tout à fait assimilable par les terriens les plus ouverts aux manifestations extérieures.
Titres de l’album :
01. Fathers
02. Clouda
03. Exhibit A
04. Fathom
05. Eat
06. Drown
Ce groupe est fantastique!
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31