Grotesque Macabre

Carnal Savagery

01/04/2020

Chaos Records

Là vous allez me voir venir. Un groupe de Göteborg, du Death Metal, tout ça sent la nostalgie à plein nez et la démarcation à peine cachée d’ENTOMBED, GRAVE, UNLEASHED et consorts. Vous aurez raison, mais l’affaire est un poil plus complexe qu’elle n’en a l’air. D’abord, parce que malgré le statut de première œuvre de Grotesque Macabre, elle n’en est pas pour autant celle d’un groupe de scouts perdus sur la route de l’histoire. En effet, les origines de CARNAL SAVAGERY ne remontent pas à 2017 comme leur entrée sur Encyclopaedia Metallum l’indique, mais bien à la fin des années 80. A l’époque, le groupe formé par Mikael Lindgren et Henrik Jansson s’appelait encore CROMLECH (oui, comme la chanson au coup de caisse claire traumatique de DARKTHRONE), et tournait avec les gloires internationales ENTOMBED, DISMEMBER, MESHUGGAH, THERION, TIAMAT ou MERCILESS. N’ayant produit de son vivant que quelques démos et ayant joué quelques shows, CROMLECH finit comme beaucoup d’autres groupes par jeter l’éponge, mais le mal du manque rongeait certains de ses membres. C’est ainsi qu’en 2017 Mikael Lindgren et Henrik Jansson décidèrent de relancer la machine, rebaptisant leur projet, et inclurent dans leurs rangs un autre membre de leur ancien combo (Patrik Eriksson - guitare), les complétant de l’adjonction de Mattias Lilja (DESOLATION) au chant. La nouvelle formation était donc complète, et il était largement temps d’entamer le second chapitre de l’histoire, par le biais d’une première démo en 2019, premier pas confirmé par un deal avec le label mexicain Chaos Records qui se charge donc de la distribution de ce premier long qui aurait dû intervenir beaucoup plus tôt.

Vous voilà donc en possession de tous les éléments pour jauger du potentiel de ces dix morceaux, et des informations idoines pour ne pas taxer les suédois d’opportunistes surfant sur la vague old-school actuelle. Cet album l’est évidemment, les racines et influences des musiciens remontant aux origines du style, pour autant inutile de vous attendre à un simple succédané des envolées glaciales d’ENTOMBED en écoutant ce premier jet. Certes, le style « à la suédoise » est bien évidemment présent et prépondérant, mais les guitares n’en rajoutent pas dans l’abus de HM-2, sonnant certes comme des tronçonneuses, mais restant claires pour que l’on puisse apprécier des riffs porteurs. Rien de révolutionnaire évidemment dans cette musique qui aurait pu être composée indifféremment en 1990 ou 2015, mais de l’efficacité, et une certaine personnalité qui transpire des mélodies maladives. D’ailleurs, l’essentiel ou presque est dit et affirmé sur l’entame « Devoured by Maggots », qui lâche ses riffs les plus morbides sans retenue, le tout souligné d’un chant délicieusement grave et rauque. A ce moment-là, l’option lourdeur est clairement mise en avant, et on s’attend presque à une nouvelle digression Death/Doom en bonne et due forme, avant que la rythmique ne se mette en branle et nous rapproche dangereusement d’un Death à la ENTOMBED de Left Hand Path. Le parallèle est évidemment inévitable, et les points communs entre les deux groupes nombreux, le timbre de Mattias Lilja présentant des similitudes avec celui de notre cher Lars Goran Petrov, quoi que le premier n’atteigne pas la gravité d’outre-tombe du second. En cinq minutes, les suédois mettent donc leurs arguments sur la table, et présentent la dualité de leur approche, qui confronte en permanence la lourdeur si chère à AUTOPSY et la vélocité glaciale de l’école scandinave, pour un mélange classique, mais rond aux entournures.

Les titres en eux-mêmes ne jouent pas le subterfuge subtil destiné à tromper sur la marchandise. « Left to Rot », « Parasitic Decay », « Deceased Rotten Flesh », « Eyes of the Rotten Dead », « Eaten by the Dead », tout ça sent bon la culture locale et les allusions à peine voilée à la mort et ce qui peut la précéder de plus douloureux. Mais après tout, il n’y a aucun mal à se sevrer de culture populaire lorsqu’on en a soi-même fait partie, et dans leur rôle de gardiens de la flamme d’époque underground, les CARNAL SAVAGERY sont tout à fait crédibles. La production, caractéristique, évite quand même de s’affubler du sceau des studios Sunlight, même si le son global en porte les stigmates. Cette rythmique percutante aux échos mats, cette voix un peu noyée dans le mix mais assez grave pour surnager, ces riffs gelés aux intonations morbides, tous les éléments historiques sont en place, mais le quatuor sait faire preuve d’un minimum d’audace pour se les approprier. Un fond de l’air très frais et suédois indubitablement, mais quelques réminiscences de la putréfaction américaine, spécialement lorsque le tempo décroît. De ce postulat découle donc des chansons qui pratiquent le traditionalisme avec bonheur, comme si les musiciens avaient été cryogénisé depuis la fin de leur première aventure, mais avaient décidé de rattraper le temps perdu depuis. Reconnaissons-leur un savoir-faire assez flagrant, notamment dans les enchaînements intro/couplet, avec une emphase sur la violence sourde (« Parasites », le Death suédois dans toute sa splendeur/horreur), mais aussi dans la mise en place d’inserts plus courts et plus percutants (« Left to Rot »). On a évidemment entendu ça des centaines de fois, mais l’efficacité dont fait preuve le combo est incontestable, même lorsque le timing déroule et que les cinq minutes sont frisées (« Blood Ritual » et son atmosphère déliquescente et macabre).

Pas grand-chose d’autre à expliquer ni à prouver, la musique faisant son lourd et oppressant office avec flair. Les reproches sont les mêmes qu’on peut adresser à n’importe quel groupe du cru lambda, une tendance à la répétition dans les plans, cette volonté de s’accrocher à un passé regretté, malgré une remise au goût d’un jour toujours aussi blafard. De la puissance dans la violence grâce à un chant vraiment prenant (« Deceased Rotten Flesh »), de l’alternance certes systématique mais efficace (« Eaten by the Dead »), et au final, un produit de fort bonne facture pour patienter l’actualité et l’espérer un peu plus culottée.   

                                                                                                 

Titres de l’album :

                         01. Devoured by Maggots

                         02. Parasites

                         03. Left to Rot

                         04. Blood Ritual

                         05. Parasitic Decay

                         06. Carnivore

                         07. Deceased Rotten Flesh

                         08. Murderous Rage

                         09. Eaten by the Dead

                         10. Eyes of the Rotten Dead

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par mortne2001 le 15/03/2022 à 17:56
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