Quatrième album déjà pour les aurillacois d’AORLHAC, et second parrainé par Les Acteurs de l’Ombre. Trois ans après l’Esprit des vents, qui clôturait la trilogie venteuse initiée par À la Croisée des Vents et continuée par La Cité Des Vents, le quintet nous en revient donc avec un statut plus qu’enviable, et une discographie à rendre jaloux bien des têtes d’affiche du milieu. Toujours fascinés par leur terre natale et ses contes et légendes, les cinq musiciens nous proposent une nouvelle fois d’explorer avec force violence et mélodies les traditions de leurs contrées, proposant un contraste saisissant entre la poésie des mythes qu’ils abordent et la crudité de leur approche instrumentale.
Une fois encore, sans déroger à la tradition, ce sont N.K.S et Spellbound qui se sont partagé le travail, avec le premier prenant en charge la composition, et le second les textes. Le guitariste/accordéoniste et le chanteur sont entourés de K.H à la batterie, Alex à la basse et Wÿntër Ärvn à la guitare acoustique, et les cinq comparses nous offrent avec ce Pierres Brûlées un sauna d’histoire, de ceux qui vous font suer à l’évocation de faits anciens, de batailles glorieuses, et de légendes sanglantes ancrées dans la terre, et dont les émanations brûlent encore les pages des livres d’histoire locale.
Enregistré pour la partie instrumentale au studio de N.K.S à Carlat dans le Cantal, et pour les voix à Andelat, mixé et masterisé par Fred Gervais au Henosis studio, et flanqué d’un magnifique artwork signé par le prolifique Stan W Decker, Pierres Brûlées ne déroge pas au principe de qualité que le groupe s’est lui-même imposé, et nous délivre un message fort, et un attachement sincère à des racines qui sont honorées sur la pochette même de l’album. Ainsi, le groupe remercie le Cantal, l’Auvergne, la chaîne des Puys et se distancie de la masse grouillante des adorateurs BM et leurs blasphèmes permanents ou leurs obsessions pour les tranches d’histoires et les batailles contre la religion les plus éculées. Force du groupe, ses textes évidemment, qui évitent encore les poncifs folkloriques les plus lénifiants, pour se concentrer sur des épisodes régionaux assez fascinants dans les faits.
Flamme et ténèbre, issant des fonds océaniques, le volcan dont la cendre a formé le Cantal a décoché des blocs de soufre et de métal aux astres, s’épuisait en efforts titanesques.
Dès ce premier morceau qui évoque « La Colère du Volcan », nous sommes happés dans les couloirs du temps pour assister à la formation du Cantal. Le groupe, uni et prêt à en découdre ne perd pas de temps en conjectures, et évite l’exercice fastidieux de l’intro Folk. C’est donc un torrent de blasts qui nous accueille/cueille à froid, suggérant avec beaucoup d’acuité la violence d’une formation terrestre causé par une explosion de puissance. Toujours en combinaison des sous-genres du BM, AORLHAC embrasse la violence mais évite l’évidence, et se rapproche des racines Nordiques les plus traditionnelles, tout en les déformant de sa propre vision. Adeptes des morceaux longs à ambiance, les aurillacois n’ont pas changé leur livre de contes de main, et nous offrent encore des compositions aux proportions dantesques, et au lyrisme prononcé. J’ai souvent utilisé le modèle DISSECTION pour situer le groupe, et celui-ci est toujours valable, malgré des éléments personnels de plus en plus flagrants. Et si le quintet a déjà honoré une compilation dédiée à EMPEROR d’une de ses interventions, le hasard n’a rien à faire dans cette anecdote : leur musique en adopte les mêmes inflexions dramatiques, la même grandiloquence, et le même penchant pour les orchestrations complexes et ambitieuses. En témoigne le long et sinueux « Au Travers de nos Cris », qui pendant près de neuf minutes passe en revue l’ADN du groupe, cette voix exhortée unique, ces riffs concentriques traditionnels, ces breaks bien amenés, et ces mélodies amères qui allègent des parties rythmiques véloces et sans pitié.
Une fois de plus, N.K.S a pu compter sur sa lucidité pour structurer des morceaux profonds, qui exigent une écoute attentive pour dévoiler leur richesse intérieure. On apprécie ces lignes de basse qui virevoltent comme des flèches décochées à l’ennemi, ces fills constants à la batterie qui annoncent des accélérations fulgurantes, et ces guitares qui glacent les sangs comme un vent d’hiver impitoyable. Roi des mots, Spellbound les manie avec une rage intense, accentuant chaque syllabe pour honorer le passé. Le mélange est donc équilibré, dense, et le souffle épique ressenti comme l’écho d’un passé qui se refuse à mourir dans l’oubli.
Pour autant, AORLHAC démontre aussi que la sobriété lui sied à merveille. Le très DARKTHRONE « Vingt Sièges, Cent Assauts » et son riff d’assaut punky est suffisamment simple pour concerner tout le monde, mais ces accès de sobriété et d’efficacité sont rares.
Lorsque nos oraisons se taisent, que la raison amoindrie s’endort, que les flavescences s’abrègent, laissant toute vie en sommeil.
Jeu de batterie incroyable, chant hurlé à pleins poumons, osmose globale compacte, « Nos Ames aux Mornes Idées » lacère les chairs de son intimisme sincère, et propose un contrepoint à la rapidité ambiante de son pas lourd et de son ton oppressant. Toujours désireux de proposer autre chose qu’une simple litanie bestiale de quarante-cinq minutes, AORLHAC a travaillé ses chœurs, la moindre de ses notes, de ses arrangements, pour se lover au creux de la perfection artisanale qui lui est tant attaché. Alors, le voyage, certes chaotique, n’en oublie pas pour autant les pauses acoustiques salvatrices (« Averses sur Peyre-Arse »), mais tient à ce que la cadence reste rapide. « La Guerre des Esclops » reprend le gros du débat, tandis que le morceau éponyme qui clôture cette nouvelle aventure synthétise dans un temps relativement court les idées prônées tout au long de l’album.
Superbe d’ambition, mais suffisamment humble pour concerner tous les fans d’un BM sans compromission, Pierres Brûlées est de ces chemins traversant la campagne en respectant ses reliefs et ses courbes, et qu’on foule seul, en guise d’introspection d’un passé que l’on honore de ses pas. Une histoire à partager, des secrets à confier dans la crainte, et un souffle qui balaie les temps modernes comme des feuilles déjà mortes.
Titres de l’album:
01. La Colère du Volcan
02. Au Travers de nos Cris
03. Vingt Sièges, Cent Assauts
04. Nos Hameaux Désespérés
05. Nos Ames aux Mornes Idées
06. Averses sur Peyre-Arse
07. Les Vésanies d'Aymérigot Marchès
08. La Guerre des Esclops
09. Pierres Brûlées
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
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09/07/2025, 15:26
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....
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"Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis?" bah ça n'a plus rien de choquant aujourd'hui. Barbaud parle de Placebo en tête d'affiche donc bon... Va falloir s'y faire, les fans de Metal ne sont plus du tout le public vis&eacut(...)
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Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"
09/07/2025, 10:30
Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ?
09/07/2025, 10:13
@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12
Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru
08/07/2025, 23:59
Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.
08/07/2025, 22:44