Lorsqu’on pense au Thrash brésilien, on pense la plupart du temps à une musique barbare, brutale, viscérale, et même, osons le terme, techniquement approximative. Mais ce qui était vrai dans les années 80 ne l’est plus forcément depuis. Preuve en est que la scène revival Thrash nationale s’est mise au diapason d’une précision de bon ton, sans rien perdre de sa cruauté. Une cruauté donc plus ciblée, calibrée, mais presque aussi folle que l’originelle, qui s’articule autour de la pérennisation de l’héritage et de quelques concessions à la scène allemande, qui fut, je le rappelle, la principale influence de groupes comme SEPULTURA ou SARCOFAGO.
FARSCAPE fait partie de cette première génération de groupes old-school se concentrant sur le passé sans oublier de regarder vers l’avenir. Fondé à la fin des années 90, le quatuor de Rio de Janeiro s’est rapidement constitué un following solide, grâce à un habile jeu de démos et de splits, avant d’enfoncer le clou d’un premier long en forme de marteau des sorcières, Demon’s Massacre. S’en sont suivis plus de formats courts, de splits, et même deux autres LPs en 2006 et 2013, avant que le silence n’impose une sortie de route la même année.
Aujourd’hui, dix ans plus tard et un hiatus assumé, les quatre musiciens reviennent avec ce que leur label désigne comme leur meilleur album. La plus grande surprise est d’abord de constater que le line-up d’origine est toujours au complet, avec Whipstriker à la basse, Skullkrusher à la batterie, Poisonhell à la guitare, et Witchcaptor à la guitare et au chant. De la stabilité donc malgré l’éloignement, pour un cri de ralliement à faire se pâmer les adorateurs du culte de SODOM et KREATOR qui ne crachent pas sur un brin de mélodie à la DESTRUCTION.
Cette décade passée loin des projecteurs ne le fut pas vraiment. Les brésiliens se sont épanouis dans d’autres cadres (DIABOLIC FORCE, ATOMIC ROAR, APOKALYPTIC RAIDS, SODOMIZER, WHIPSTRIKER, pour n’en citer que quelques-uns), et se sont donc appuyés sur ces expériences pour fomenter un comeback tonitruant.
Et une fois encore, les brésiliens ne déçoivent personne. Car après une courte intro mélodique, ce sont les enfers qui s’abattent sur vous, à grand renfort de riffs barbelés, de raclements de gorge porcins, et d’accélérations de tempo impressionnantes. Et il faut un certain nombre d’idées lorsqu’on propose des titres atteignant ou dépassant les quatre, cinq ou neuf minutes, assez en tout cas pour les rendre sinon fascinants, du moins intéressants.
Néanmoins, les années n’ont pas fait glisser les FARSCAPE du côté trop ambitieux de la force. Purged And Forgotten saura satisfaire les maniaques de la nostalgie qui ne crachent pas sur un brin d’originalité, fournie par des arrangements éthérés au synthé et quelques breaks bien amenés. On retrouve avec plaisir le timbre sadique et granuleux de Witchcaptor, qui se prend toujours pour le fils légitime de Mille et Schmier, cette ambiance surchauffée mais supportable, et ces refrains en un mot qui imposent la brutalité au centre des débats. Mais ce qui est miraculeux, comme à chaque rencontre, ce sont ces petits plans incongrus qui aèrent les morceaux, comme cet interlude solo en son clair légèrement hispanique sur le lapidaire « Miss Violence ».
Beaucoup d’intelligence donc, un sens de l’à-propos, le flair pour plaquer un titre plus cruel que les autres (« The Last Solstice », entre SEPULTURA et ASSASSIN, grosse algarade pour savoir qui va s’occuper des gamins), et un quatrième album formidablement bien agencé, qui nous extirpe de cette torpeur old-school trop classique que la majorité des groupes imposent sans vraiment s’impliquer.
Et de fil en aiguille, de coups de rein en coup du lapin, entre sauvagerie hérétique (« Captivity of Souls », intense, fluide comme de l’américain, mais rugueux comme de l’allemand bon teint), et jeu avec les limites du Black Thrash, FARSCAPE marque des points, et valide son retour d’une imagination mâtinée d’efficacité brute. Et en terminant son métrage sur le long et évolutif « Vengeance of the Forgotten », le quatuor lusophone joue ses cartes avec brio, abattant sa main royale sur le tapis alors que nous y sommes déjà.
Ce dernier morceau est un modèle du genre, et le plus savoureux que vous pourrez déguster en ce morne mois de septembre. Loin de la Bay-Area, gardant un lien avec les racines brésiliennes tout en louchant sur la sidérurgie germaine, « Vengeance of the Forgotten » est une aventure faussement épique qui cache en fait un final orgiaque et très TANK/RAVEN/MOTORHEAD, pour une dernière bière avant la route.
Bousculés, stimulés, enthousiasmés, nous passons par tous les états et émotions, et je salue ce comeback de FARSCAPE qui permet à l’approche old-school de se sublimer l’espace d’une grosse demi-heure. Les brésiliens n’ont pas perdu la main, et jouent toujours en rangs serrés, histoire de bien nous les pulvériser. Mais avec classe et inspiration.
Titres de l’album:
01. Purged and Forgotten
02. Leucotomy
03. The Last Solstice
04. Backing from the Hole
05. Miss Violence
06. Captivity of Souls
07. Vengeance of the Forgotten
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Ben, mince alors, c'est un vieux con Akerfeldt, en fait... dommage... après, tant que la musique est bonne, que demande le peuple ? (Après, je suppose qu'il n'arrivera jamais au niveau de Chris Barnes, mais, bon...)
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