Reset

Navian

12/06/2020

Indie Recordings

Et si nous basculions du côté obscur pour nus offrir une bonne dose d’instrumental ? Enfin, une bonne dose, toutes proportions gardées puisque ce premier EP n’excède pas les vingt minutes, mais qui se révèle suffisamment riche pour proposer autant d’idées qu’un LP. Nous en venant d’Oslo en Norvège, les NAVIAN se posent visiblement comme les ANIMALS AS LEADERS locaux, bien que leur musique soit éminemment moins complexe que celle proposée par Tosin Abasi et sa bande. D’ailleurs, les norvégiens ne s’arrêtent pas à cette influence éventuelle, et citent un panel assez large de références, POLYPHIA, PLINI, CHON, INTERVALS, COVET, OWANE, ce qui permet de se reposer sur un spectre conséquent au moment de juger de leur potentiel. Renouvelant le concept du power-trio, les norvégiens (Martin - guitare, Ola - batterie et Alex - basse) se proposent d’incarner en quelque sorte un point équidistant entre les ANIMALS AS LEADERS et LIQUID TENSION EXPERIMENT, sans négliger les enseignements de l’école Jazz-Rock des années 80. En résulte un mélange très coloré, hypnotique, extrêmement mélodique mais rythmique en diable, dont les idées s’entrechoquant permettent facilement d’oublier l’absence de chant. Le label national Indie Recordings ne s’y est donc pas trompé en signant le trio, qui nous offre avec Reset un festival de dextérité caché sous une épaisse couche d’harmonies zen, de mélodies apaisantes, le tout sous couvert d’une énergie incroyable. Très portés sur la théorie, les trois musiciens n’hésitent pas à comparer l’apprentissage musical à une compétition sportive, et n’hésitent pas à relever des défis techniques pour atteindre une sorte de plénitude.

Et autant dire qu’ils n’abordent pas vraiment le business comme les autres. Se voyant proposé une participation à un festival alors qu’aucun répertoire digne de ce nom n’était encore écrit, les trois norvégiens se sont vus offrir un défi de taille. Devoir écrire en moins d’un mois assez de morceaux pour mériter leur place sur scène, mais les défis n’étant pas chose tétanisante pour eux, ils se sont acquittés de leur tâche avec un brio exceptionnel pour nous proposer ce premier format court qu’ils défendent avec sincérité. Cinq titres qui font la part belle à la technique sans oublier les harmonies au placard, pour une démarcation sur un thème Djent pas trop poussé pour ne pas passer pour des démonstrateurs Charvel et Tama, et de sérieuses réminiscences des années 80, lorsque les albums de ce genre étaient monnaie courante dans la production. Recyclage ? Non, juste un moyen d’expression qui sied merveilleusement bien à nos trois finlandais, qui parviennent avec flair à placer des licks très accrocheurs entre deux acrobaties rythmiques. L’analogie avec les funambules d’ANIMALS AS LEADERS est évidemment patente dès les premières notes, mais ne vous attendez pas pour autant à un succédané flagrant et trop facile. Un morceau comme « Blank Space » le prouve d’ailleurs de sa simplicité de surface, qui ne cache en rien la dextérité des trois instrumentistes. Rois de la fluidité, les norvégiens passent par diverses ambiances et humeurs, mais restent positifs et presque joyeux, sans que la mélancolie ne soit négligée. En découlent des parties de guitare lumineuses, qui rappellent parfois la science exacte de Joe Satriani, sur fond de tapis rythmique tissé avec précision par le tandem Ola/Alex. Percussions à la TOTO, nuances, délicatesse, et les vingt minutes passent comme dans un rêve en technicolor, le tout disposant évidemment d’une production cristalline.

Il parait même que leur premier public a repris en chœur le thème de « Schoolyard », alors même que l’instrumental est un genre impossible à chanter par définition ! Ce qui en dit long sur le potentiel de compositeurs des trois larrons qui musicalement, s’entendent comme s’ils dirigeaient la même foire aux attractions. Mais ne les prenez surtout pas pour des freaks qu’on exhibe comme l’élite étrange d’une caste déjà chargée en animaux bizarres, puisque le seul but de ces musiciens est de partager leur amour de la musique simple, mélodique, mais précisément ouvragée. Il n’est pas rare en effet que l’on se mette à siffloter quelques harmonies vraiment entêtantes, alors que le spectre de LIQUID TENSION EXPERIMENT se rapproche de votre lit. Avec seulement cinq entrées, les NAVIAN développent pourtant une belle diversité, louvoyant entre agressivité amplifiée et subtilité harmonique, mélangeant les courants, assimilant le Jazz pour faire passer plus facilement la Pop, et le talent incroyable de Martin à la guitare n’est pas sans évoquer la facilité de Petrucci, mais aussi la complexité Jazz-Rock d’Allan Holdsworth, sans oublier la facilité déconcertante de Steve Lukather pour faire passer des plans incroyables pour de simples exercices de style. On en demande encore, mais les vingt minutes se montrent impitoyables de leur brièveté, alors que des segments comme « Matcha Tea » en appellent clairement à un effort longue-durée qu’on souhaite le plus proche possible. Il est impossible de ne pas sourire à l’écoute de cette musique riche et positive, dans un univers Rock qui a souvent tendance à se cacher derrière la banalité de la nostalgie ou le pessimisme de la violence la plus gratuite. Ici, le lundi est en effet au soleil, et vous pouvez en profiter pour vous allonger sous le ciel en appréciant ces étoiles musicales, tentant d’imaginer ce que représentent les silhouettes des nuages qui volent dans un ciel bleu azur.

NAVIAN transforme donc le défi instrumental en réussite euphorisante, et offre au public un visage séduisant et rassurant, aux expressions gentiment mutines.              

   

Titres de l’album:

                     01. Blank Space

                     02. Schoolyard

                     03. Shiba

                     04. Matcha Tea

                     05. Multiplayer


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par mortne2001 le 23/07/2020 à 17:29
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