Un groupe irlandais monté par deux immigrants polonais. Voilà de quoi intriguer, même si la nationalité n’influe pas vraiment sur le résultat artistique. Je n’ai donc pas choisi MOLEKH pour cette raison, mais bien pour la caution avant-gardiste qu’il incarne avec morgue et puissance. Et ce premier album, aussi modéré dans l’avant-garde soit-il, est une entrée en matière tonitruante et pleine de fureur.
MOLEKH, comme vous l’aurez peut-être compris, c’est le légendaire Moloch, cette divinité honorée par des sacrifices d’enfants par le feu. Pas vraiment la bestiole qu’on espère croiser un soir au coin d’une cheminée de fortune, mais une figure de la pratique cananéenne dont l’adoration est fermement condamnée par le livre du Lévitique, et donc, une déviation intolérable d’un point de vue spirituel, qui évidemment, ne se contente pas de comptines pour revenir à la vie. Ce qui tombe rudement bien, puisque leurs derniers disciples irlandais ne sont pas vraiment branchés berceuses et contes pour endormir les mouflets.
Fondé en 2017, mais sans autre production qu’une première démo éponyme, MOLEKH se jette aujourd’hui dans les flammes, et s’y brule les doigts de pied. Entre War Metal, Black sournois et attaque de biais, Ritus donne le sentiment de s’insinuer sous la peau pour y développer un parasite se nourrissant de chair humaine et d’illusions théistes. Un genre de boucan païen qu’on entend aux antipodes de son point de départ, et qui file des frissons rien qu’en observant sa pochette. Mais si le quatuor ne dépasse pas les limites du bon goût pour expérimenter, il n’en garde pas moins un caractère dissonant qui lui permet de se dégager des obligations contractuelles du BM sans en trahir les enseignements.
En gros, complexe et obscur, mais pas trop. Donal Fullam (chant/basse), Sebastian Majka (guitare/chœurs), Dariusz Kubala (chant/guitare) et Karl Leavey (batterie), se satisfont très bien d’un entre-deux loin des automatismes les plus fréquents du genre, et nous proposent une sorte de Black évolutif et presque Progressif, mais toujours violent, sans pitié, et rugueux comme une meuleuse lancée à plein régime. Le principe est assez simple : des riffs dissonants, une rythmique calée, et une dualité de chant qui utilise la schizophrénie et la possession pour accentuer son côté dérangeant. Une recette assez formelle, mais utilisée ici à bon escient.
Ainsi, MOLEKH chemine de morceau, d’ambiance en atmosphère, pour tisser sa toile et nous y engluer. On apprécie évidemment cette variété de ton dans la constance, spécialement lorsque le beat se calme et rapproche les irlandais d’une version locale et mystique de MARDUK. On le sent sur l’infernal « Ritus », title-track lourd et malsain, qui semble se rappeler du processionnel Nightwing, tout en conservant cette unicité qui évite la redite et l’hommage trop poussé.
Le dosage est donc calibré, et le rendu le plus efficace possible. Les quatre musiciens savent composer, et crachent des flammes conséquentes qui brûlent les tympans les plus aguerris. Parfois à la colle avec les 1349 dans ce désir d’exploiter des sensations d’oppression, MOLEKH se veut aussi vicieux qu’il n’est franc dans sa brutalité clinique, et plus l’album avance, plus les sensations sont inconfortables, et « Vocare Pulvere » d’insister sur la vilénie instrumentale d’un collectif soudé et uni dans les déviances.
Grace à une basse désincarnée et claire, le groupe se permet quelques audaces qui permettent de se raccrocher à la locomotive expérimentale, mais loin d’un élitisme de surface, Ritus préfère l’efficacité motrice, qu’il augmente parfois de bordées de charbon plus conséquentes pour titiller les limites de vitesse et d’intensité. Et une fois arrivé à son terme, ce premier long ose la conclusion gargantuesque pour imposer son identité et sa vision des choses.
« Incubus » est donc l’épilogue parfait pour un album mature, décidé, et ferme sur ses positions. Entre dialogue de diablotins agacés et messe noire en sacrifice de bambins majeure, cette célébration hérétique est impressionnante de maîtrise. Le culte est pratiqué dans un chaos religieux, et le sang coule le long des dagues, séchant à une vitesse hallucinante pour bien marquer la fluctuation illogique du temps. Cette cérémonie, captée sur un matériel haut de gamme impressionne de sa grandiloquence, et même si le meurtre de jeunes enfants reste un péché des plus mortels, on a tendance à l’excuser pour apprécier encore quelques instants cette procession lourde et compacte.
Aucune rédemption possible, MOLEKH oblige un pacte signé la plume dans les veines et une fidélité sans failles. A vous de voir si le contrat en vaut la peine, ou si tout ça n’est qu’une attrape-couillon en manque de blasphème. J’ai moi-même mon opinion sur le sujet.
Titres de l’album:
01. Yetzer Hara
02. Cruor Innocentia
03. Possessionem
04. Ritus
05. Vocare Pulvere
06. Abyssus
07. Incubus
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