J’ai choisi le terme générique de Post Hardcore pour aborder le cas du premier album de ces originaires de Bristol, mais ne vous laissez pas abuser par cette facilité. PHOXJAW mérite bien mieux que des lieux communs, mais je n’avais pas envie de me luxer le cerveau en trouvant la catégorie la plus précise. Car depuis la sortie de leur premier EP, leur cas intrigue les journalistes, mais enthousiasme les foules qui semblent avoir trouvé là un nouveau porte-parole de la violence mélancolique. A tel point que certains parlent même de renouveau Grunge, de Sludge habilement déguisé en Metal alternatif affranchi de toute contrainte, ou plus généralement d’une musique viscérale, mélodique, puissante, émotionnelle, fonctionnant à divers degrés, et susceptible de fédérer les fans d’AFGHAN WHIGS comme les nostalgiques de KYUSS. Je ne saurais exactement gérer le problème, qui n’en est pas un d’ailleurs, mais autant admettre que les promesses esquissées et formulées au moment d’A Playground for Sad Adults se sont transformées en actes, et que Royal Swan est probablement ce que vous pourrez écouter de plus excitant dans la production du moment. Car aussi sombre soit ce disque, il en émane une énergie très positive, ce qui n’est pas forcément une dualité en soi. Les œuvres les plus euphorisantes ne sont pas forcément celles qui baignent dans la lumière, et je connais des gens qui écoutent BAUHAUS pour se remonter le moral, comme d’autres s’enivrent de la poésie ténébreuse de Nick Drake pour entrevoir un monde meilleur.
Cette pochette étrange est d’ailleurs le meilleur paravent possible pour un album qui cache bien ses secrets, et dissimule ses trésors les plus évidents sous une épaisse couche de production Sub-Pop de l’époque. Fondé il y a quelques années, ce quatuor unique (Danny Garland - chant/basse, Josh Gallop - guitare, Kieran Gallop - batterie et Alexander Share - guitare) n’a pas attendu longtemps pour s’affirmer, et encore moins pour proposer l’un des premiers albums les plus parfaits de cette dernière décennie. En mélangeant les genres, en mixant les influences, en acceptant qu’on puisse trouver dans leur musique des traces de SUGAR, des PIXIES, des MILK, de PAW et quelques autres dignes représentants d’une génération qui n’avait cure du Blues et des racines, les anglais de PHOXJAW jouent le jeu des musiciens totalement décomplexés qui n’ont cure qu’on les rattache à une locomotive quelconque. D’ailleurs, je défie qui que ce soit de pouvoir trouver des analogies entre ce Royal Swan et un autre album publié il y a moins de dix ans, même en faisant référence à TOOL et les DEFTONES. On trouve aussi des éléments de ces deux groupes dans la musique proposée sur ces onze pistes, parfois longues, parfois assez brèves, mais le sens de l’expérimentation du combo se noie dans son désir d’efficacité qui le confine aux structures et méthodes les plus Pop de la création. On pourrait même par moments croire que Cobain n’est pas mort, et Dennis Wilson non plus, et que les deux hommes ont réfléchi à un projet commun aboutissant au génie éthéré de « Infinite Badness ».
Les sonorités les plus lourdes du premier EP n’ont pas totalement disparu, évidemment, trop peu d’écart séparant les deux travaux, mais elles sont allégées par des harmonies évanescentes, comme émanant d’une vieille boite à musique perdue dans un grenier. La Power-Pop se taille même une place solide et permet de dégager un up-tempo qui donne enfin envie de danser sur fond de basse à la distorsion exagérée, comme si les SMASHING PUMPKINS et la scène Dark Rock des eighties avaient enfin trouvé un compromis (« Teething »). Globalement et dans le détail, ce premier LP est étonnant de maturité. Non, il est plutôt sidérant de nonchalance dans la perfection, comme si chaque note lâchée au hasard répondait à un besoin et une exigence très précise. Et la pluralité des tonalités ne gêne en aucun cas la cohésion de l’ensemble, même si on se demande parfois si tous les titres sont issus des mêmes musiciens. Heureusement, la voix enfouie et légèrement sardonique (la trademark british des années 60 aux années 2000) sert de garde-fou, et nous empêche de douter. « Trophies In The Attic », le premier véritable titre fait feu de tout bois, ose une guitare erratique à la PRIMUS/SONIC YOUTH, un énorme riff concentrique à la MASTODON, un refrain hautement mélodique et en rêverie d’automne, pour une rythmique qui apparente le tout à un DEFTONES replongé dans l’ambiance de sa jeunesse.
Surprenant autant que réconfortant, ce premier LP est une grosse surprise à laquelle on s’attendait plus ou moins. Il confirme simplement que les anglais de PHOXJAW sont capables de tenir la distance sur la durée d’un LP et de proposer des chansons qui s’écoutent plusieurs fois, pour les comprendre et les apprécier de nouveau, sous un autre jour qui se lève à chaque fois différemment. « Triple AAA » propose de se secouer les puces à la mode américaine d’il y a vingt ans ou plus, alors que « You Don't Drink A Unicorn's Blood » pèse sur le moral de ceux qui n’aiment pas le lundi et qui se collent à leur fenêtre pour shooter tout ce qui passe à leur portée. On se demande même si les ECHO AND THE BUNNYMEN n’ont pas fait cause commune avec Robert Smith et Josh Homme, pour pondre une sorte de Proto-gothique-Sludge joué dans le désert de ces grandes barres déshumanisées de béton dans la banlieue de Londres ou Manchester. Entre des textes cryptiques, des instrumentaux qui partent dans tous les sens possibles, une envie de faire tomber les barrières qui séparent les styles et d’inventer un crossover global sans en avoir l’air pour ne pas assumer la responsabilité (« An Owl Is A Cat With Wings », ragga-Grunge, c’est possible), PHOXJAW est le polichinelle dans un tiroir qu’on a ouvert par mégarde, et s’anime de différentes émotions pour s’émerveiller d’un monde artistique où tout semble encore possible.
Tout est bon, tout est prenant, parfois plus simple qu’il n’y paraît (« The Monk », que les FOO FIGHTERS et STONE TEMPLE PILOTS auraient pu partager à la récré), et la longue et inévitable conclusion de dessiner de petits pointillés qui nous font comprendre que le futur ne sera pas aussi facile à entrevoir, en tout cas pas au travers d’un prisme Blues/Grunge funèbre comme l’enterrement de Wayne Staley. Définitivement, PHOXJAW ne joue pas du Post-Hardcore. Il joue du Post-Tout, ou à peu près. Enfin à vous de voir quelle étiquette vous préférez leur coller, puisqu’ils s’en foutent de toutes façons.
Titres de l’album:
01. Charging Pale Horses
02. Trophies In The Attic
03. Triple AAA
04. You Don't Drink A Unicorn's Blood
05. Half House
06. Infinite Badness
07. Teething
08. An Owl Is A Cat With Wings
09. Bats For Bleeding
10. The Monk
11. Royal Swan
Voyage au centre de la scène : interview de Jasper Ruijtenbeek (The Ritual Productions)
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