Comme je chronique énormément de sorties Thrash old-school, j’ai toujours deux ou trois mosheurs en résidence à la maison. Ils y glandent la plupart du temps, mais sont assez utiles au moment de donner un avis flou sur les albums que je chronique. Ils sont d’ailleurs engagés pour citer des influences possibles et établir des comparaisons viables, ce qu’ils font d’ailleurs très bien malgré leurs pieds qui sentent. D’ordinaire, ils restent classiques, puisque les groupes dont je m’occupe le sont aussi, mais de temps à autres, ils font preuve d’inventivité et se lâchent. Et ce matin, au moment d’écouter le premier long des allemands de WHITE MANTIS, l’un deux a balancé un tonitruant « vache, on dirait ASSASSIN », alors que le second corrigeait cette outrecuidance satisfaite d’un lapidaire « oui, mais avec le feeling Punk de DETENTE ». Et après écoute exhaustive du produit en question, je ne pouvais qu’acquiescer à leurs comparaisons puisqu’ils avaient raison…ASSASSIN et DETENTE, mais relookés par un improbable groupe de Synth-Thrash suédois, capable d’insérer des arrangements électroniques dans un contexte purement lubrique, et vous avez l’image parfaite pour juger du potentiel de ce Sacrifice Your Future, distribué en septembre par les esthètes vintage d’Iron Shield Records. Mais pour être plus précis et objectif, j’affirme que ce quatuor est plutôt un genre de lien entre la première vague Speed germaine et la mouvance Thrash définitive américaine, osant la multiplication des tempi et l’implication de guitares plus smooth qu’à l’ordinaire, avec une production qui sent bon la transition 84/85. Et surtout, ce disque souffle un vent de fraicheur sur la production actuelle un peu sclérosée, piochant à droite à gauche de quoi rembourser le prêt Endless Pain aux ZNÖWHITE, signant par la même un manifeste de violence intéressant, et digne de figurer en album du mois, pour le moins.
Formé en 2012, ce quatuor de dégénérés du riff (Thomas Taube - batterie, Matthias Pletz - chant/guitare, Matthias Mizera - guitare et Jan Strobl - basse) a pris son temps avant d’affirmer son assise, et a au préalable publié trois démos pour peaufiner son approche (Fukkin’ Demo en 2014, Ravenous en 2015 et Promo 2018 la même année), avant de se voir offrir une distribution honnête par plusieurs labels, dont celui concerné aujourd’hui, histoire de défendre ce Sacrifice Your Future comme il le mérite. Beaucoup plus fascinant dans les faits qu’intrigant sur papier, ce quartet qui a visiblement tout compris aux enseignements de base se concentre donc sur un Thrash puissant mais diffus, aux idées multiples et aux ambiances l’étant tout autant, et nous offre en quelque sorte le concentré de violence parfait, de ceux que l’on entend que trop rarement depuis quelques temps. Se plaçant sous l’égide de références précises (KREATOR, SEPULTURA, MEGADETH, EXHORDER, FORBIDDEN, D.R.I., DARK ANGEL, VOIVOD, NECROMANTHEON, SLAYER, WARBRINGER, AUDIOPAIN, TESTAMENT, CORONER, MOTÖRHEAD, EXODUS, KILLING JOKE, NUCLEAR ASSAULT, ANTHRAX), ces munichois n’hésitent pas et foncent dans le tas, tout en aménageant des espaces un poil plus aérés qui ne modulent pas la brutalité. Et ce constat est viable dès l’attaque frontale de « Cannibal State », qui en trois minutes et quarante secondes résume à merveille leur philosophie, avec ses guitares circulaires qui n’ont pas jeté DESTRUCTION à la poubelle de l’histoire, lui donnant plutôt un coup de neuf en baignant son jus dans les écoulements du Thrash US des EXODUS et autres VIO-LENCE.
Ça joue donc très vite, ça profite d’une production un peu datée pour sonner casher, et surtout, ça use de multiples chœurs complètement démoniaques et possédés pour instaurer un climat de tension et de furie permanente. Et entre accélérations dantesques, passages en contretemps qui contestent, et soudains écrasements furieux qui donnent envie de mosher (d’ailleurs mon ami Steve ne s’en prive pas dans le salon), le tout saupoudré de soli tout à fait sérieux, le bal à de méchantes allures de gigue enragée, comme si les quatre musiciens avaient décidé de synthétiser tout ce que notre musique préférée nous a offert de plus barré. Et le plus barré, ou presque, c’est « Bleached », qui empile encore plus les BPM et qui laisse les deux guitares virer comme des vautours au-dessus d’une carcasse, avec toujours en exergue ces chœurs qui s’entremêlent comme des voix sortant de la bouche d’une pauvre pas-encore-exorcisée. On pense donc aux bourrins d’ASSASSIN, qui sur leur second LP n’étaient pas avares de restes charognards, mais la fluidité du tout nous rapproche d’une efficacité souple à l’américaine, de celles que les EXHORDER pratiquaient entre deux blasphèmes. « My Favourite Chainsaw », et son titre tout en finesse ne fait rien pour calmer les ardeurs, ralentissant quelque peu la cadence pour laisser transparaître quelques mélodies purement allemandes, mais il faut attendre le plus construit et modulé « There`s No Law On The Post-Apocalyptic Highway », nous décrivant un monde d’après apocalypse avec quelques synthés dans une intro très bien amenée pour profiter d’une petite baisse de régime, qui ne s’accompagne toutefois pas d’une inflexion de qualité. Basse plus proéminente, riffs plus carrés mais qui déchirent comme des ciseaux aiguisés, et preuve que les WHITE MANTIS sont bien plus que de simples canardeurs sans mérite.
Ils singent à merveille d’ailleurs le comportement de l’insecte dont ils se servent de mascotte (et dont le logo change d’ailleurs au gré des humeurs), approchent plus délicatement pour frapper plus efficacement, et se montrent à l’aise dans le biaisé tout autant que dans le direct. Le son, un peu touffu et nivelé s’accorde très bien de ce parti pris, entre fausses accalmies et réelles poussées de brutalité, et « Demonic Levity » de franchir le Rubicon entre Thrash et Death, et d’accumuler les double croches pour nous rapprocher d’un Thrashcore sans pitié. Sans perdre la moindre seconde, les allemands survolent une histoire pour raconter la leur, et chacun des morceaux présents sur ce Sacrifice Your Future fait directement référence au passé tout en louchant sur l’avenir, comme si le quatuor prévoyait des temps funestes et s’ingéniait à composer une musique post-apocalyptique. DETENTE nous disions ? Nous en retrouvons justement des traces sur l’impitoyable et punky « Down This Way », sur lequel la voix de Matthias Pletz se rapproche quelque peu de celle de Dawn Crosby. Et avec en guise de final le monumental « Tyrants », le groupe nous laisse sur une touche plus sombre et glauque, à mi-chemin des derniers DESTRUCTION et des anciens HAVOK, pour un ultime hymne qui s’ajoute aux autres. Et mes deux moshers de se retrouver à mes flancs, la truffe chaude et le regard brillant, semblant cautionner en silence la bonne opinion émise à propos du premier LP des WHITE MANTIS. Et c’est toujours plaisant de les rendre heureux ces deux furieux.
Titres de l’album :
1. Cannibal State
2. Bleached
3. My Favourite Chainsaw
4. There`s No Law On The Post-Apocalyptic Highway
5. Demonic Levity
6. Ordinary Loser
7. Down This Way
8. Cavern On The Ancients
9. Catcher In The Grey
10. Tyrants
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Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
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