Rising Visionary

Crusade

16/04/2021

Autoproduction

Remplacer le pompeux du Progressif par une énergie artistique brute.

 

Tel est le leitmotiv de ce groupe originaire de Nashville dans le Tennessee, ville plus habituée à se détendre au son d’une Country de tradition. Mais après tout pourquoi pas, les arabesques du progressif et ses prétentions techniques représentant un écueil rédhibitoire pour bon nombre de fans de Heavy, qui se fatiguent vite de ses démonstrations sans fin et de ses signatures rythmiques un poil trop complexes. Toutefois, ne vous faites pas trop d’illusions : si l’album de CRUSADE est en effet suffisamment méchant, puissant et électrique pour satisfaire les moins exigeants et les plus virils, il n’en contient pas moins son lot de prouesses individuelles et autres trucs de magicien du manche. Et en tant que premier album de cette formation née en 2019, il pose des bases, propose une vision encore un peu générique, mais dessine des pistes pour un avenir qu’on peut envisager sereinement eu égard à leur philosophie.

Fondé par Michael Kupris, guitariste de BECOME THE KNIGHT, CRUSADE est l’archétype du groupe qui joue avec les limites et les frontières, pour proposer une musique certes métissée, mais incroyablement puissante et parfois proche d’un Death évolutif nuancé de mélodies beaucoup plus aérées. Au sein de son quatuor, Mike est épaulé par Jesse Peck aux claviers, Steve Casto à la basse, et Ryan Metroka à la batterie, et le quatuor semble à l’aise dans ses partitions. L’album a beau être long et constellé de compositions largement développées, son impact est immédiat, et on comprend assez rapidement où veut en venir le groupe. En tant qu’introduction claire et nette, « You're Not Welcome » met les choses au point comme un paillasson prévenant un visiteur potentiel du caractère dérangeant de son intrusion, et il y a fort à parier que cet avertissement soit adressé à tous les fans d’un progressif trop imbu de lui-même, ce que confirme ce refrain fédérateur à l’harmonie vocale superbe.

Quatre musiciens seulement, mais une pléiade d’invités, la plupart du temps pour tenir le micro aux côtés de Mike. Nous retrouvons donnant du gosier Jeremiah Richey, King Downs, Jesse Brock, Aly Dellinger, et Anthony Vincent, mais aussi d’autres guests à divers postes, comme Chase McCutcheon (guitare sur « Insatiable »), Joey Frevola (guitare sur « House of Cards », « Vision » et « Go Full Epic »), Zach Patton (guitare sur « Go Full Epic ») et Maggie Chafee (violoncelle sur « Standing Before the Fall »), soit pas mal de monde au niveau de l’interprétation, évidemment sans failles. Mais si les passages musclés et autres accélérations furieuses font partie du vocabulaire des américains, leur Progressif est encore un peu trop classique pour s’éloigner de ses codes. On apprécie bien sûr les nombreuses mélodies éthérées qui rappellent parfois les WASTEFALL, on aime cette structure mouvante qui fait se succéder des passages aux claviers très Pomp à des attaques franches et viriles, mais il est encore tôt pour décerner au quatuor la palme du combo le plus original du cru.

On trouve en effet dans leur musique des traces encore un peu trop évidentes des projets de Devin Townsend, du Steven Wilson époque PORCUPINE, du PERIPHERY lorsque la densité s’accentue, ce qui toutefois n’enlève rien à cette performance assez hallucinante. Et il n’aura fallu aux quatre musiciens que les six minutes de « Insatiable » pour me convaincre de leur démarche, CRUSADE passant en revue tous les tics pour les détourner à son compte. On note en premier lieu l’importance donné au chant, et cette approche théâtrale qui rapproche ce premier album d’un concept dont on a du mal à saisir le propos. C’est ici que l’apport de tous ces chanteurs extérieurs prend tout son sens, et que les morceaux s’offrent des couches superposées avec intelligence, sans toutefois éviter ce côté démonstratif conchié par le groupe.

Cela dit, l’efficacité prôné en argument artistique est bien présente, et se manifeste autour de riffs plus directs que la moyenne, au moins autant que ceux employés par DREAM THEATER sur le méchant Awake. « House of Cards » en est le témoin, et dresse un pont entre les mondes de John Petrucci et Paul Masvidal, unissant DT et CYNIC dans un même élan de créativité. Je parlais de Death évolutif plus en amont, et les nombreux passages en growls semblent abonder dans mon sens, ce qui achève de transformer ce premier jet en essai libre et dénué de toute obligation contractuelle.

Mais on ne présente pas à son public une longue outro comme « Standing Before the Fall » sans avoir recours à quelques astuces d’usage. La voix de Mike, pure et belle permet de s’abonner jazzy sur l’intro de ce dernier morceau aux proportions épiques, et dominé par un piano sublime. Vitrine de l’album imposé en clôture, « Standing Before the Fall » résume à merveille l’attitude de ces jeunes musiciens qui refusent les étiquettes, et qui jouent avec la violence comme des enfants avec des pétards ou des feux d’artifices. Avec un son global au-dessus de tout soupçon qui offre aux passages les plus nuancés le contraste dont ils ont besoin, avec une basse qui s’insinue rondement quand il le faut, un duel permanent entre la guitare et le clavier qui désigne deux grands gagnants, et une formule à la carte pour le chant,  Rising Visionary relève le défi avec brio, mais se montre encore trop classique pour vraiment mériter d’être considéré comme un sérieux outsider. On pense même parfois à un OPETH de début de carrière durci et entraîné à l’exercice du solfège, mais malgré cette publicité légèrement mensongère, ce premier album reste un monstre de puissance et de nuance qu’il convient d’affronter avec prudence. 

  

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. You're Not Welcome

02. Insatiable

03. House of Cards

04. Vision

05. Codename It

06. Go Full Epic

07. Standing Before the Fall


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par mortne2001 le 02/07/2022 à 18:21
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