Alors :

• Un crabe géant qui boulotte un bras droit
• Un crane rieur
• Un genre de skateur au t-shirt BAD BRAINS à qui il manque un bras (le droit du coup) et qui court comme un dératé
• Du slime
• Une intro qui prône le cannibalisme

Voici le prototype même d’album _____________ (fill in the blank)

?

(Thrash ? Crossover ? Punk Hardcore ? Skatecore ?)

Tout ça à la fois, mais pas n’importe comment. Bio rapide, les THE SLIME sont des canadiens bon teint que personne ne connaît, même pas Internet le grand ni Sundar Pichai son prophète. Alors évidemment, les présentations vont être courtes. Je vous renvoie au Bandcamp du groupe et à sa page Facebook pour (ne pas) en savoir un peu plus, et je me contenterai de juger et jauger cette musique qui prend juste la peine de nous divertir pendant un quart d’heure.

Selon un collègue belge, THE SLIME n’est pas le groupe de Crossover typique qui parle de bestioles et de booze n’puff. Les canadiens énervés seraient plutôt concernés par les conflits en cours dans le monde, ainsi que la montée générale de l’extrême-droite un peu partout dans le même monde. Je les comprends totalement, étant moi-même inquiet de la tournure que prennent les débats et les bras bien levés.

Musicalement parlant, l’affaire est brève mais sacrément solide. Sur une base de Thrash éprouvé et gras, le groupe brode des thèmes de circonstance, interrompt brutalement sa narration pour imposer un break de mammouth, avant de partir en vrille pour quelques secondes de folie pure. La recette est savoureuse, d’autant que les marsouins jouent bien. Dans un registre que connaissent très bien les fans de GAMA BOMB ou MUNICIPAL WASTE, THE SLIME assure et pousse les murs, évoquant tout autant la scène Thrashcore US que le Metal mordant de Venice, sans pour autant ressembler à CRYPTIC SLAUGHTER, WEHRMACHT ou D.R.I. Quoi que ces derniers pourraient éventuellement revendiquer une paternité.  

Vous avez saisi le propos, il est limpide. Crab-Walk To Oblivion a une pochette à faire pâlir tous les comics, et un contenu à faire trembler tous les thrasheurs pleins de tics. Une chanson comme « Bumblebee », qui termine la course de notre amateur des BAD BRAINS a de quoi rendre complètement barges tous les musiciens à la mode, tant son intensité et son approche débridée résument à merveille cette violence amusée que nous aimons tant.

Alternance de titres de deux ou trois minutes et de saillies plus éphémères, Crab-Walk To Oblivion n’adopte pas vraiment la démarche d’un crabe, ou alors celle d’un crustacé fin bourré qui cavalerait en ligne frontale droite. La lourdeur de certains riffs, la légèreté de cette rythmique efficace, et ce chant hystérique d’adolescent dont la mère vient de jeter le short usé flanqué d’un patch TANKARD font de cet EP (ou LP ? Précisez les gars !) une réussite totale, qu’on airait bien évidemment préférée un poil plus longuette.

Variété, propreté, THE SLIME vaut le coup d’être connu, et propagé sur les internettes. Pas de bla-bla, juste du fracas. Mais une grosse basse et une attitude de sales punks de rue. De Toronto ou ailleurs.     

Titres de l’album:

01. Washout Revenge

02. Sludge

03. Moving Target

04. Russian Roulette

05. Orange

06. Crab Walk

07. Velociraptor

08. Beyond Dead

09. Blood Island

10. Nude

11. Bumblebee

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