Sarcator

Sarcator

30/10/2020

Redefining Darkness Records

Un groupe suédois qui reprend du Death Metal à sa sauce, c’est un droit inaliénable, au vu de l’historique du pays. Mais un groupe suédois qui joue le Death Metal façon Blackened Thrash, c’est déjà plus rare. Exit donc les sonorités si connotées de la fameuse HM-2, et bonjour la brutalité nordique confrontée au réalisme allemand, un peu comme si ENTOMBED se faisait les dents sur le répertoire du SODOM des premiers jours, ou que DISMEMBER découvrait avec un plaisir masochiste l’œuvre de KREATOR. Il y a évidemment de la brutalité sud-américaine au programme aussi, les maîtres du genre, et au final, SARCATOR ressemble à un melting-pot géant des tendances extrêmes 80’s et 90’s, ce qui n’est pas fait pour me déplaire. Musicalement, ce premier LP qui fait suite à deux EP’s et une compilation est plutôt corsé, truffé de riffs virils et d’accélérations bien velues, et si la maison de disques a choisi une autre approche pour placer son produit sur le marché, voyez ça comme un gimmick amusant plus que comme un argument de taille. Car en effet, à l’instar des BAD4GOOD et leur petit prodige de douze ans, les SARCATOR sont de très jeunes musiciens, et leur guitariste soliste n’accuse que quinze années au compteur, alors que le membre le plus âgé du groupe n’en a que 20. Le genre d’argument qu’on utilisait déjà à l’époque de la première démo de DEATH ANGEL alors que le batteur n’avait que treize printemps, et qui est toujours utile quand on n’a pas grand-chose d’autre à raconter. Alors, certes, les suédois ne sont pas des vieux briscards alors que leur musique elle sonne comme jouée par de vieux requins du circuit, mais réduire le groupe à ce concept de jeunesse serait injuste eu égard à la qualité de leur musique. Et la seule chose à dire à propos du combo, c’est qu’il déchire sa race et que son Blackened Thrash empeste la méchanceté à des kilomètres à la ronde.

Fondé en 2018 à Trollhättan, SARCATOR a d’abord évolué sous pavillon METAL MILITIA pendant deux ans entre 2014 et 2016, histoire de roder son approche, mais semble aujourd’hui si sûr de son fait qu’il pourrait aisément passer pour un groupe sur les routes depuis une bonne décennie. Evidemment, les compositions du quatuor (Felix Lindkvist - guitare/chant, Mateo Tervonen - guitare, Emil Eriksson - basse et Jesper Rosén - batterie) sont de facture classique, et mixent la sauvagerie des ensembles brésiliens les plus furieux avec la folie radicale de l’extrême d’outre-Rhin des années 80, mais les effluves de Death des années 80 et les clins d’œil à des références comme SADISTIK EXEKUTION, DESTRÖYER 666 et IMPALED NAZARENE font de ce premier éponyme une jolie bombe même pas à retardement, qui vous explose immédiatement à la tronche. Le principe est simple, mélanger le Thrash et le Death dans un gros saladier, mixer le tout en fouettant comme un damné, rajouter une pincée de Black Metal paillard des années 80, et servir bouillant, sans accompagnement. Avec un chanteur au timbre rauque, une section rythmique qui ne chôme pas en arrière-plan, et un jeune soliste qui connaît bien ses gammes, Sarcator est un genre de sécateur industriel géant qui taille les haies de têtes qui dépassent, et qui charcute tout menu sur son passage. Et pour avoir un aperçu de la méthode scandinave en la matière, il suffit de s’envoyer l’irrésistible et sauvage « The Hour Of Torment », qui est une véritable petite perle de jardinage massif en la matière. Brutalité dans l’agression, finesse dans le mid-tempo écrasant, chœurs diaboliques, multiples plans agencés entre Berlin et Belo Horizonte, pour un survol de la production extrême d’il y a trente ans, pleine de flair et de haine. 

Je ne vous cache pas que le tout a déjà été entendu des dizaines de fois, mais l’enthousiasme dont fait preuve la bande génère une euphorie incroyable à l’écoute, d’autant que les gamins sont blindés de talent. Bien qu’assez linéaires dans le fond, les musiciens sont capables de proposer des intros variées qui débouchent toujours sur un riff killer et un beat à fond les ballons, et un morceau aussi wild que « Circle Of Impurity » touchera tous les sadiques de la violence teintée de BM avec ses blasts sortant de nulle part et rebondissant sur un chant digne du DEICIDE de la grande époque. Ajoutez à ceci une basse grondante et ronflante qui refuse de jouer les doublures, et une assurance bluffante pour des musiciens de cet âge, et vous obtenez un premier LP frais, bestial, violent, mais incroyablement souple et fluide à l’écoute. Un peu comme si le SODOM de In The Sign of Evil avait appris à jouer carré et deviné les tendances à venir dans le grand nord pour les dix années à suivre. Loin d’être simplistes, les chansons sont précises, agencées avec intelligence, longues, mais riches et évolutives dans la brutalité. On pouvait craindre avec un tel timing une redondance tout à fait logique, mais même si le tempo reste souvent très échevelé, l’ennui ne pointe jamais le bout de son nez puisque l’interprétation ne souffre d’aucune baisse de régime. On se croirait revenu au bon vieux temps des albums de Thrash/Death qui cavalaient du début à la fin sans se poser des questions d’ordre de modulation, et si parfois, les SARCATOR atteignent l’intensité d’un MORBID ANGEL sans en approcher les influences, c’est uniquement parce que leur technique est rodée et leur motivation décuplée.

On pense aussi à l’ENTOMBED de la période n’roll boosté à l’énergie d’un VENOM tombé dans un chaudron d’acide, mais truffé d’hymnes, eux-mêmes remplis de fills, d’acrobaties rythmiques, de riffs immédiats et catchy (celui de « Manic Rapture » aurait fait merveille chez SOILWORK ou AT THE GATES), Sarcator est un LP à recommander à ceux qui aiment leur musique bouillante et légèrement acide, et encore pleine d’espoir. Loin des vieux de la vieille un peu blasés par leur réputation, les SARCATOR se montrent sous un jour flatteur, et nous bombardent d’une bordée de hits de l’enfer, délivrant une prestation quasiment parfaite. Un groupe à suivre de très près, et qui n’aura plus besoin très longtemps de son argument de jeunesse pour attirer l’attention.    

                                                                                                                                                                                  

Titres de l’album:

01. Abyssal Angel

02. Manic Rapture

03. Deicidal

04. Midnight Witchery

05. The Hour Of Torment

06. Circle Of Impurity

07. Heretic´s Domain

08. Desolate Visions

09. Demonstrike

10. Purgatory Unleashed


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par mortne2001 le 25/10/2020 à 15:20
82 %    965
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21/05/2025, 07:33

Moshimosher

Euh... si cet uploading particulier ne date que de 2 semaines, le morceau a, quant à lui, été dévoilé le 30 janvier dernier ! (Bon morceau au passage !)

20/05/2025, 22:13

Gargan

'même pas une ref à un film de 1984 ;)

19/05/2025, 10:45

Simony

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