Avant toute chose et puisque les convenances l’imposent, je vous souhaite à toutes et à tous une bonne année. Certes, cette chronique sera publiée quelques semaines après la date fatale, mais tout ça n’empêche pas un minimum de politesse. Alors, quelle sera la teneur musicale de 2018, alors même que son aînée 2017 vient tout juste de mourir ? Difficile de le prévoir alors que quelques grosses sorties sont d’ores et déjà prévues, mais gageons que comme tous les ans, nous aurons notre pesant de surprises, de décibels, et de déceptions en tous genres. En abordant mon cas personnel, 2018 commence plus ou moins comme 2017, et il n’est pas vraiment étonnant de me retrouver penché sur mon clavier à digresser d’une nouvelle sortie Thrash vintage, un genre qui aura alimenté nos colonnes depuis la création du site. Sauf que pour une fois, pas question de petits jeunes nostalgiques ou d’opportunistes surfant sur la vague de la mode violente, mais bien de vieux briscards remettant le couvert pour nous proposer la suite de leurs aventures brutalement interrompues. Selon les sites recensant l’existence des chiliens de BETRAYED, et les bios officielles disponibles, le groupe existe donc depuis 1988, ce qui en fait un des plus anciens représentants du style en Amérique du Sud. Nous en venant de Valparaiso, ce quintette acharné (Erik Flores - chant, JL Olmos - Lead, Mauricio "Plasma" - guitare rythmique, Claudio Tapia - batterie et Jacob H. Wilschrey - basse) a publié à l’orée de sa carrière une première démo (Our Option), qui les distinguait de la masse grouillante locale de par l’originalité de son répertoire, uniquement axé autour de compositions personnelles, alors que leurs petits camarades de la scène se faisaient encore les dents de lait sur des reprises fameuses. Un premier album vit le jour, 1879, Tales Of War, qui acheva d’asseoir leur réputation, qui malheureusement fit long feu. Problèmes inhérents à toute formation instable, difficulté d’implantation, le ver était dans le fruit qui commença à pourrir, laissant nos héros sur le carreau.
Mais l’acharnement a parfois raison d’un destin capricieux et chancelant, et en 2006, les BETRAYED décidèrent donc de rééditer leur propre matériel sous la forme d’un CD, avant d’opter pour une reformation plus formelle, histoire d’écrire un nouveau chapitre à leur histoire. Ce tome 2 s’appelle donc The Unbeliever, postulat ne s’appliquant pas à ce groupe opiniâtre qui n’est pas encore prêt à lâcher les armes pour se rendre définitivement. Quelle est donc la teneur de ce deuxième opus qui propose donc de reprendre les choses là où 1879, Tales Of War les avait laissées ? Plus ou moins une extension des travaux précédents, avec ce petit plus de professionnalisme qui rend leur musique encore plus performante et agressive, et tout à fait à la hauteur des standards mondiaux en la matière. Pas vraiment de surprise à attendre d’un combo sûr de son fait depuis très longtemps, mais beaucoup d’efficacité, quelques idées bien amenées, et surtout, une foi sans faille dans un Thrash pas forcément bu à la paille, mais avalé à grandes lampées et brulant l’estomac comme un alcool contrefait. Les références utilisées par le quintette sont toujours les mêmes, et piochent dans les grands classiques des TESTAMENT, VIO-LENCE, ANTHRAX, DEATH ANGEL ou FORBIDDEN, soit la crème de la Bay Area et de la scène New-yorkaise, et les premières mesures de « The Unbeliever » confirme ce respect des cadors, de ses riffs saccadés et de ses breaks méchamment imposés.
De la pertinence donc dans la brutalité, mais aussi beaucoup de savoir-faire histoire de trousser quelques hymnes définitifs acquis à la cause, tous d’une concision remarquable, et d’une brièveté appréciable. Les chiliens ne jouent pas les équilibristes progressifs, même s’ils sont loin de se contenter de headbanguer comme de simples chevelus affolés. On sent que le métier est derrière eux, et qu’il leur permet de composer efficace mais malin, ce qu’une compo aussi définitive que « Our Option » démontre de son agressivité matinée de quelques accents Death contrôlés. C’est évidemment l’ombre de DEATH ANGEL et TESTAMENT qui plane au-dessus de cette seconde réalisation longue-durée, mais le tout est dilué dans une vilénie estampillée South-America, qui confère une patine un peu bestiale aux accès d’urgence, qui profitent d’arrangements sobres mais sombres pour durcir le ton. Beaucoup de vibrato, des guitares qui tronçonnent en solo et tricotent en duo, et une cohésion de tous les diables entre les membres d’un groupe ayant une sale revanche à prendre sur le passé. Notons quand même puisque ce détail à son importance que The Unbeliever n’est pas à proprement parler un nouvel album, puisqu’il ne propose qu’une petite poignée d’inédits et se considère plus comme un EP, rallongé pour augmenter la durée en intégrant d’anciens titres qu’on trouvait sur le précédent album du groupe, sur leur première démo et leur précédent EP, Looters Will Be Shot, édité en 2016 via Massive Records. Vous noterez donc des changements de son dans la production, ce qui n’est absolument pas gênant, et qui transforme ce disque en compilation vous permettant de posséder la quasi intégralité des morceaux composés par le quintette.
Des morceaux la plupart du temps méchamment efficaces, qui décuplent la portée de mid tempi vraiment appuyés, qui rappellent l’EXODUS le plus groovy endurci d’une fluidité à la DEATH ANGEL assez manifeste (« Looters Will Be Shot », le genre de truc imparable live, qui en studio ne perd rien de sa flamme et qui nous incendie de son accélération bénie). Ainsi, les quatre premiers morceaux de cette sortie 2017 sont un véritable passage en revue des capacités des musiciens, qui n’hésitent pas à utiliser des intro à plein régime pour imposer un énorme riff saccadé (« Constitution », celui-là, FORBIDDEN ne l’a pas volé). Mais dès « Fight For Your Land », le son change et devient plus sec, ce qui n’est pas franchement rédhibitoire, mais qui pourra surprendre les esthètes que la production initiale avait séduits. On verse dès lors dans un Thrash aux forts relents Hardcore, pas si loin du Crossover, pour un changement dans la continuité qui verse quand même son obole à un Thrash déchaîné (« The First Desillusion »). Il serait même possible lorsque l’amplitude étire ses ailes de comparer les chiliens de BETRAYED aux japonais d’OUTRAGE, dont je vous avais dit le plus grand bien à l’occasion de leur dernière livraison. Alors que les deux groupes ont connu des trajectoires diverses et parallèles, on y retrouve cette densité dans la brutalité, et cette façon de déformer le Heavy pour le faire entrer dans un moule Thrash, et cette conviction qui transforme chaque intervention en déclaration d’intention. Même propension à se lâcher sur des segments courts pour accélérer la course (« The Message »), et mêmes ambitions lyriques qui redonnent ses lettres de noblesses à un art depuis longtemps passé dans le domaine public (« 1879 »). En gros, deux groupes qui ont compris que refourguer des idées depuis longtemps éculées et que se caler sur des rythmiques pilonnées ne permettaient pas de signer des œuvres dont on peut se rappeler, et mêmes exigences de qualité pour se faire remarquer.
Et en substance, The Unbeliever place la barre Thrash assez haute en ce début d’année, ce qui va certainement en obliger un ou deux à s’appliquer pour ne pas trop ramer. 2018 sera Thrash ou ne sera pas ? Mais quelle année ne l’a pas été ?
Titres de l'album:
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19