« La vie, c’est les fleurs, les oiseaux, les bisous, les frigidaires, les opérations à cœur ouvert, la misère, les accidents de la route, les starlettes de télé-réalité qui montrent leur nichons, et puis ta mère aussi, bientôt morte, mais à qui on continue d’offrir des fleurs ».
C’est une façon de présenter la chose, après, il y a d’autres options.
« IGORRR est le projet principal de Gautier Serre, né le 5 juin 1984, qui combine beaucoup d’éléments différents comme le Death Metal, la musique électronique, le Breakcore, le Trip-hop et la musique baroque » (Encyclopedia Metallum)
A vous de choisir, après tout, on introduit comme on peut, avec ou sans vaseline ou homélies/hommages qui se répandent sur le sol comme autant de grains de riz lors d’une sortie d’église. Moi, je me souviens d’une de mes premières rencontres musicales avec le bonhomme. C’était au détour d’un couloir sale de la mémoire je pense, avec un album quelconque, d’un de ses projets. J’ai du chroniquer pas mal de ses faits d’hiver tortureux et tortueux, accroché à WHOURKR, et puis j’ai suivi le train alors que les wagons ne se décrochaient pas malgré les secousses des pelletées de charbon.
Aujourd’hui, Gautier pérore de sa signature avec Metal Blade, mais finalement, ne s’en étonne pas plus que ça. Les gros indépendants commencent à attendre sur le quai de la gare pour choper les musiciens de sa caste le contrat à la main, espérant eux aussi avoir un freak dans leur écurie. Pas un boute-en-train, ni un pur-sang, juste le canasson qui ne va pas courir comme tout le monde, ni monter les juments. Le trublion à la robe de toutes les couleurs, qu’on va exhiber en tant qu’anomalie sublime.
Mais Gautier l’a dit, un truc aussi pharaonique que Savage Sinusoïd, c’est la dernière fois qu’il se fait avoir. Trop de couches à empiler, un mixage à user un stock de doliprane codéiné, pour un casse-tête monumental qui s’apparente à un jeu de Jenga détourné façon mikado au curare. Pourtant, ça en valait la peine non ? Et pas seulement parce que la vie c’est les frigidaires. Aussi parce que le Metal en avait besoin, de cette liberté, la sienne, qui depuis des années est aussi devenu notre catharsis.
Allez, il est encore possible de déconner à plein tube tout en faisant son boulot sérieusement. On attendait tous le retour du messie élastique, dès lors qu’il a annoncé se pencher sur un successeur à Hallelujah. Sauf que dès que tout le monde a su que son destin était pris en main par Metal Blade, on a commencé à avoir des sueurs froides. Cette signature allait elle sonner l’hallali de la folie, puisque ce genre de contrat à la sale habitude de souiller les mains et de ramener à la raison commerciale ?
Ne faisons pas durer le suspense, la folie est toujours là. Mais elle est…comme une fête sans alcool, moins frivole. Oh, certes, les hôtes n’ont toujours pas appris à tourner leur langue sept fois dans la bouche avant de pousser des cris, et certes, on sent quand même que Gautier, derrière le foutoir Ambient a bien travaillé sa partition pour que tout s’enchaîne avec raison. Alors, même si l’ADN du groupe n’a pas complètement muté, on sent qu’il s’est adapté aux exigences d’un labo qui ne peut pas tout laisser passer. Alors les fondamentales sont toujours là, placées dans le désordre, le mélange des genres fait une fois de plus merveille, mais on se dit de temps à autres, que les draps ont été changé un peu trop souvent.
Peut-être à cause de cette production un peu trop clean et pas assez barge qui lisse la gravité des guitares et qui rend les break-beats presque trop sages. Pourtant il y en a du monde sur ce skeud. Gautier évidemment, Laure Le Prunenec et Laurent Lunoir, les fidèles, mais aussi quelques featurings de l’étrange, comme ceux de Travis Ryan de CATTLE DECAPITATION, Sylvain Bouvier de TREPALIUM, Adam Stacey des SECRET CHIEFS, Teloch de MAYHEM et puis quelques autres, histoire d’agrandir la famille.
Famille dont nous faisons partie je suppose, et que la troupe accueille avec l’accordéon musette de « Cheval », histoire de nous faire valser après un petit verre de blanc sec bien frais.
Alors, inutile de faire la fine bouche, le banquet de Savage Sinusoïd est bien dressé, et donne envie de danser et hurler jusqu’au bout de la nuit, en la sentant justement nous envelopper sans son manteau de lyrisme dramatique, lors d’une rencontre entre TRICKY, SKRILLEX, STRAPPING YOUNG LAD, NOTRE DAME et DIABLO SWING ORCHESTRA (« Ieud », ces arabesques incroyables de Laure qui une fois de plus nous enserrent le cœur au point de le faire chavirer pour toujours…)
Mais si la nuit et longue, ses blagues sont parfois les plus courtes, et ne ressemblent même pas à des blagues. Et lorsque le mentor même de la manifestation a envie de ramener les convives autour de la table des viandes, il se la joue plutôt traditionnel dans le cor de chasse, même si la harangue vocale est conviée au gros videur Travis Ryan qui se réjouit d’un gros Metal Death de la mort sur « Apopathodiaphulatophobie ». Mais attendez…C’est du Metal ça, non ?
Et rien que, ou presque ?
Allons-bon…Du coup, moi aussi j’ai peur de ne plus aller à la selle. Alors, autant s’y remettre, à cheval.
Accordéon, bandonéon, flûte, clavecin, chant lyrique, blasts, batterie organique et électronique dans les 8-bits, et « Houmous » qui ose un énorme sax en parallèle de sonorités de guinguette, alors même que la rythmique concasse MORTICIAN en arrière-plan, sans parvenir à troubler le bœuf entre APHEX TWIN et Frank Zappa, qui ose un Jazzbeat-wop délicatement dilué d’opéra-musette.
Emotion intimiste et dramatisme d’avant-guerre pour « Problème D’émotion », qui justement nous hérisse quelques poils de sa beauté trouble et vénéneuse, avec cette voix puissante et sublime qui se fait salement soutenir par quelques patterns digitaux…Un mélange pareil, c’est un argument en faveur d’un achat immédiat de la chose, ne serait-ce que pour la preuve qu’il apporte de ses talents réunis et conjugués. Alors certes, IGORRR nous avait déjà fait le coup avant, mais comme ça marche à chaque fois…
Le coup de « Va Te Foutre » aussi d’ailleurs, dans le genre Machin-Gore-Grind-Electro, ça on connaît bien, mais ça divertit toujours.
Personne ou presque n’aura la mine hébétée de découvrir « Opus Brain », que l’on récitait déjà bien avant, presque même au début de la carrière de la chose hybride. Mais il faut quand même reconnaître que le mec a poussé le bouchon avec ces hurlements qui viennent chatouiller la glotte de Laure, dans un maelstrom de sons qui tournoient comme des pies autour d’un collier de strass.
Et en regardant la superbe pochette une fois de plus signée des mains de platine de Metastazis, on ne s’étonnera guère d’un truc aussi indispensable que futile comme « Robert », qui n’a pas vraiment l’intérêt de ses breaks et sons stridents. Mais une faute de goût qui s’intègre dans une œuvre qui n’en manque pas n’est pas vraiment handicap n’est-ce pas ?
Beaucoup ont reproché me semble-t-il la facilité dans laquelle Gautier est tombée pour ce nouvel album si décrié. Tout en admirant le travail dantesque qu’il a fourni avant de les décevoir. D’autres ont cryéogénie (lisez bien, c’est bien écrit) sans même avoir essayé d’aller plus loin que les cinq ou six premières portées.
Moi, en tant que casse-couilles assumé, je ne choisirai aucun camp.
Oui, Gautier a encore bossé comme un malade, oui certaines de ses idées valent une discographie entière d’autres groupes célébrés et honorés, et non, d’autres ne fonctionnent pas, parce que trop répétées, ou pas assez spontanées. La liste des featuring est longue, mais certaines collaborations ressemblent à la participation de SSSylvester SSStallone dans Taxi 3.
Quoiqu’il en soit, cette affaire dès le départ était claire non. Sinusoïdale qu’on vous disait, alors des hauts et des bas non ? Et si vous perdez les vôtres, tant pis. Gautier lui, à des fixe-chaussettes parce que c’est plus pratique pour rester élégant tout en enregistrant la tête en bas. Et puis Metal Blade ou pas, IGORRR restera toujours IGORRR. Et ça, c’est vachement bien quand même.
Titres de l'album:
Tant mieux pour ceux qui aiment moi ils me font chier avec cette fétichisation du metal old school.
18/03/2024, 17:37
J'aime bien le principe de réenregistrer des classiques pour voir ce que ca donne avec un son actuel. Le problème est double ici : réenregistrer des morceaux récents n'a que peu d'intérêt, et surtout en me basant sur le titre mis en é(...)
18/03/2024, 13:13
Oui, et non. Dans le sens que s'ils veulent vendre leur compile qui sent très fort le réchauffé, il vaut mieux qu'ils écoutent un minimum la base de fans qui seraient potentiellement intéressés par l'objet (et ils ne sont pas Maiden qui peu(...)
18/03/2024, 08:05
J ai adoré ce film qui m'a fait connaître ce groupe. Depuis je me repasse leurs tubes.
17/03/2024, 14:07
J’ai pris la version cd version digipack plutôt que le vinyle car il y avait 3 titres bonus .trop tôt pour donner un avis mais je ne m’ennuie pas, sans être transcendant mais on peut pas exigeant avec ce groupe et une telle carrière. Cela dit il fai(...)
16/03/2024, 11:55
Bon...Pour l'instant, je ne l'ai écouté qu'une seule fois...Mais dans l'ensemble, j'ai été quelque peu déçu.La faute à un côté Power bien trop présent tout au long de l'album.
13/03/2024, 07:24
groupe de petites gauchiasses qui crisent si on n'emploie pas le bon pronom. FOUR
13/03/2024, 06:17
Commande faite direct au label.Hâte d'écouter les nouvelles versions de The Song of Red Sonja ou The Thing in the Crypt.Meilleure nouvelle de la semaine,Merci pour la chronique en plus hyper favorable
11/03/2024, 15:32
Terrible.Déjà que le EP envoyait sévère dans la veine Wotan, early Blind Guardian ou Manowar, voici l'album !Achat obligatoire
11/03/2024, 14:55
toujours pas de Phobia à l'affiche.... j'y ai cru pour les 25 ans et tout ...
11/03/2024, 07:39
Plus de 400 bpm pur le deuxième extrait ? Pas hyper convaincu mais ça reste tout de même impressionnant par moments ! &nb(...)
08/03/2024, 06:03
Jay Weinberg remplace dans ce groupe le mec qui est parti dans un autre groupe remplacer le mec qui est parti pour le remplacer dans son ancien groupe.Clair.
07/03/2024, 18:37