Prière de laisser votre finesse et vos références lettrées à l’entrée. Ici, on cause simple, brut, violent et Gore. Alors inutile de la ramener.

Les tourangeaux de SCUMBAGS ne font pas dans la dentelle, et cumulent les agressions. Alors qu’ils n’ont pour le moment toujours pas sorti d’album, ils nous proposent un troisième EP, un format qui leur sied bien visiblement. The Purge avait impressionné pas mal de monde par sa brutalité ouverte et ses accointances Hardcore, et la formule continue d’être employée sur ce Sewage The Waste, qui conseille de se débarrasser des saloperies par les égouts, sans préciser le sens exact du mot « saloperie ». Des excréments sans doute, quelques cadavres de rongeurs et d’oiseaux, et peut-être même quelques victimes humaines tombées au mauvais endroit au mauvais moment. Mais on croise toujours son bourreau au mauvais endroit au mauvais moment.

Tiens, je viens de croiser le mien assis dans mon fauteuil, un lundi matin. C’est malin.

SCUMBAGS, ce sont quatre gars pleins d’avenir, qui jouent le leur au blackjack de la bestialité. Depuis 2007 sous un autre nom et 2016 sous celui-ci, ils pilonnent la scène française et soutiennent les BENIGHTED dans leur entreprise de destruction massive, à grands coups de rythmique impitoyable et de riffs bravaches. L’histoire pourrait s’arrêter là pour Renan (batterie), Colin (guitare), Damien (chant), et Jérémy Bayon (basse et dernier arrivé en 2021), qui incarnent le versant le plus dur de la frange Death Metal, mais à l’image des précurseurs MASSACRA ou MERCYLESS, les tourangeaux vont plus loin, et métissent leur boucan d’accents thrashy, moshy, pour mieux nous séduire d’un déhanché certes violent, mais ambiancé.

Pas de temps à perdre, telle est la devise du quatuor. Lorsque vous occupez le terrain pendant à peine vingt-cinq minutes, vous ne pouvez pas vous permettre d’erreur, de mauvais choix ou d’approximation. Alors, on fonce, mais on établit le camp à bonne distance pour mener l’attaque en toute surprise. Une fois encore, la batterie de Renan concasse la roche la plus dure, et la guitare de Colin mouline comme une catapulte affamée. Les deux attaquants sont évidemment soutenus par le chant crasseux de Damien, qui racle plus qu’il ne hurle, mais le trio de tête est assez intelligent pour savoir qu’une charge frontale n’est pas la solution lorsqu’on est en sous-effectif.

De fait, des aménagements sont mis en place. Des pauses en mid tempo, des arrêts soudains en down tempo (« Sewage The Waste, Pt. 2 », d’une pesanteur moite et d’une insistance morbide), des reprises stellaires qui heurtent les étoiles mortes, le tout sur fond de concept pas vraiment rigolo. 

Très professionnel, le quatuor se montre sous son jour le plus flatteur. Les huit titres de cette nouvelle offrande sont nets, sans bavure ni dépassement, et si « Cranial Abortion » se repose sur une longue intro avant de tout dévaster, « Struggle Throat Vomit » remet les gogues à l’heure de tout déverser. Cette bestialité maniaque qui au fur et à mesure se transforme en sadisme oppressant et menaçant est la marque de fabrique des SCUMBAGS, ces honnêtes artisans qui vendent du matos de premier choix, ciselé, peaufiné, affiné et délicatement verni.

Mais sous la couche de vernis, se cache le sang séché.

« Arise The Carnage » appuie un peu plus sur le caractère Thrash que le quatuor cache avec peine, et se montre aussi accrocheur qu’une harangue de DEMOLITION HAMMER. Très portés sur les ralentissements brise-nuque, les quatre musiciens étalent leur savoir-faire en toute humilité, en gardant pour objectif cette insertion Hardcore dans un contexte purement Death Metal.

Cet EP est donc plus qu’un simple EP, c’est un combat sur un ring de fortune entre deux poids lourds. L’un jouant l’uppercut massif et totalement Core, l’autre jouant la fourberie d’une passe à gauche avant de pulvériser l’estomac en mode Death putride. Le combat voit deux gagnants, incapables de se départager, les chicots en vrac et le bide patraque.

SCUMBAGS, reste dans un des coins, et ramasse les saletés. Qu’il jette ensuite dans les égouts. La vie, ce cycle ininterrompu de castagne et de slogans de campagne.     

Titres de l’album :                                              

01. Cranial Abortion

02. Struggle Throat Vomit

03. Pathological Ritual Violence

04. Sewage The Waste, Pt. 1

05. Sewage The Waste, Pt. 2

06. Arise The Carnage

07. Cenotaph of Disgust

08. Engulfed By Sloom

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