Si ça ressemble aux années 80, si ça sent les années 80, si ça a le goût des années 80, alors ça vient surement des années 80…ou des années 2020 qui aimeraient bien reprendre le rôle des années 80. Les suédois de CENTURY font partie de cette mouvance envahissante qui singe les tics des groupes d’il y a quarante ans, allant jusqu’à dupliquer leur son et adopter leur attitude. Parfois, ça fonctionne, parfois non, tout dépend du talent des musiciens et de la sincérité de leur passion. Dans ce cas précis les deux données sont élevées, et le résultat crédible. Il est donc tout à fait possible d’apprécier ce deuxième album comme s’il était l’écho naturel d’une décennie que personne n’a pu oublier.
Encore moins cacher dans un tiroir de la commode avec le vieux chat pelé.
Ce CENTURY n’est évidemment pas celui de « Lover Why ». Plus puissant, moins larmoyant, et fermement ancré dans notre culture Metal. Toutefois, inutile de craindre dix morceaux Heavy se succédant à bon rythme pour faire oublier leur standardisation. Souvent décrit par les sites référentiels comme un Heavy/Thrash act hargneux et mordant, le duo de Stockholm se rangerait plutôt dans la catégorie des aventureux épiques, qui n’aiment rien tant que partir à l’aventure vérifier quelques légendes et pourfendre quelques vilains.
Même pas deux ans après l’introductif et tonitruant The Conquest of Time, Leo Ekström Sollenmo (batterie/basse) et Staffan Tengnér (guitare/chant/basse) reviennent la mine haute nous divertir de leurs exploits, formalisés par dix nouveaux titres aussi solides que mélodiques. Et l’un dans l’autre, il n’est pas stupide d’envisager la chose comme une collaboration fictive entre SATAN et HAUNT.
Sign Of The Storm est donc une tempête qui emporte tout sur son passage, et plus particulièrement les principes et les doutes. D’une intégrité rare dans la nostalgie, ce deuxième chapitre est sans conteste ce qui se fait de mieux depuis l’avènement de DIAMOND HEAD, entre stances posées et médiums et accélérations soudaines d’un Metal trépidant et énergique. Au demeurant, ne pensez-pas déjà tout connaître d’eux à la première écoute. La souplesse du son, l’investissement béton et ces quelques arrangements maison nécessitent plusieurs écoutes pour se révéler dans toute leur préciosité, et si « Sacrifice » est un banger/opener de premier ordre, il n’en résume pas l’entreprise pour autant.
Avec en exergue cette voix noyée d’effets qui flotte à la surface d’un instrumental incorruptible, CENTURY traverse les siècles en arrière pour ramener aujourd’hui les faits d’armes d’hier. Aussi NWOBHM qu’il n’est suédois, aussi fluide qu’il n’est syncopé, aussi intrépide qu’il n’est saccadé, Sign Of The Storm propose des diamants qu’on a plus qu’à monter sur l’anneau idoine pour conquérir le cœur de la princesse Heavy Metal, esseulée sur son balcon de pierres taillées. « Fallen Hero », qui pourrait raconter le courage d’un soldat mort au combat, évoque plutôt ce retour à la maison pour retrouver son amour de toujours. Flamboyance, persuasion, passion, les qualificatifs peinent à décrire avec acuité la performance notable de chansons qui frappent en plein dans les badges, bousculant l’ordre établi pour gagner sa place au Walhalla.
Il suffit donc d’accepter les conventions old-school pour apprécier à son juste mérite un album qui a été pensé sans perdre de son impact sauvage. La guitare rugit, feule, saccade, attaque de front, louvoie, combine riffs francs et mélodies chantantes, et se livre sans fard sur des titres comme « Children of the Past » ou « Fly Away », petits précis d’authenticité et de ferveur nostalgique.
Il y a évidemment du SAXON là-dessous, mais aussi du TRESPASS, un peu de la scène belge énervée de la période 1983/1985, des traces de labels comme Neat, Mausoleum, mais aussi une adaptation des standards d’époque pour les rendre plus fluides et moins secs. Enregistré par Staffan Tengnér et Oscar Ulfheden, mixé et masterisé par Jamie Elton, Sign Of The Storm est un modèle du genre météo, avec ses bourrasques soudaines (« No Time For Tomorrow », on flirte avec le Speed et le Power Metal), et ses fausses accalmies qui balaient les feuilles et font trembler la cime des arbres (« Possessed By The Night »).
Un peu occulte, sombre juste ce qu’il faut, radieux lorsque les nuages disparaissent, Sign Of The Storm est une œuvre fière, mais humble à la fois. Fière de son recyclage intelligent des idées exposées sur le classique Court in the Act, mais humble de sa copie très fidèle d’une interrogation écrite datant de quatre décennies.
Des soli plus que propres, une rythmique polyvalente, un frontman musicalement charismatique, les preuves sont toutes à l’avantage du duo, qui termine même sur un petit chef d’œuvre. « Sorceress » nous paie un trip régressif charmant, avec son tempo typique du Londres de l’orée des eighties, et sa franchise guerrière qui n’est pas sans évoquer IRON MAIDEN.
Du 80’s plus vrai que nature, et joué avec l’accent typique. Il n’y a guère de quoi regretter cette époque, puisqu’elle est remise à l’honneur avec une régularité exemplaire. Et lorsque c’est réussi, c’est vraiment réussi.
CENTURY traversera-t-il les siècles ? Peut-être pas, mais il laissera son petit témoignage sans chercher à en faire trop.
Titres de l’album:
01. Sacrifice
02. Children of the Past
03. Necromancer
04. The Chains of Hell
05. Fallen Hero
06. Sign of the Storm
07. Fly Away
08. No Time For Tomorrow
09. Possessed By The Night
10. Sorceress
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15