Dans ma prime adolescence, j’arpentais les cimetières à la recherche d’un endroit bien précis. Un endroit caché, sans stèle, sans gravure, ni indication. J’étais obsédé par ce lieu si mystérieux depuis que l’on m’avait dit qu’il cachait des squelettes et autres restes humains fondus sous une épaisse couche de chaux. Avide de morbide, je parvenais enfin un jour au-dessus de cette plaque de fonte qui s’ouvrait en deux parties. Mais la déception fut grande…Je ne pouvais rien y voir, et surtout pas de crâne, fémur ou autres vestiges d’une vie terminée. Et finalement, c’est aussi bien comme ça. Car au-delà de son pouvoir d’attraction sur moi, ce qu’on appelle une fosse commune est quelque chose de relativement dangereux. Car en cas de chute accidentelle, il n’y a guère moyen de s’en extraire….
Aujourd’hui encore je me souviens de ces moments passés à traquer le trou légendaire. Et je me replonge parfois dans ce mystère, en pensant à ce qui aurait pu m’arriver de pire. Couler avec les restes de bidoche et cette chaux transformant les corps en cire. Les allemands de RECKLESS MANSLAUGHTER partagent cette obsession, et leur quatrième longue-durée en prend même le titre.
Sinking into Filth. S’enfoncer dans la pourriture.
Legolas (basse), Pneumator (batterie), Sebi (guitare), Leimy (chant) et Dennis Geil (guitare) continuent leur petit bonhomme de chemin entre les allées pavées d’un cimetière de Herne, ville d'Allemagne dans la région industrielle de la Ruhr en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Leur attitude n’a pas changé depuis leurs débuts, et ils sont toujours à la recherche de la sonorité qui tue et qui pue, dans un contexte old-school qui se souvient des débuts de la scène nordique des années 90, mais aussi du mouvement américain de la décennie précédente.
Avec quatre albums dans la besace, le quintet roule des mécaniques, et affiche ses pseudos comme des médailles gagnées au front. Sur ce front coule la sueur des artisans travailleurs qui ne rechignent pas à la tâche, au risque de s’en faire sur le tablier. Pochette morbide à souhait, mort, douleur, deuil, les composantes sont traditionnelles, mais bien aménagées pour en faire des chansons viables et délicieusement rances. « Awaiting My Demise » en est un exemple type, avec son groove à la BENEDICTION twisté par un BOLT THROWER dégrisé, le tout en moins de trois minutes s’il vous plaît.
L’efficacité est donc de mise sur ce Sinking into Filth. Mais le son est bon, les guitares à fond, la rythmique en pilon, et le chant grognon. La mission vintage par excellence, qui prouve que le temps n’a aucun effet sur les musiques extrêmes Il est pourtant méchamment passé depuis plus de trente années, mais sa pertinence étonne. On croirait vraiment cet album exhumé des caves nineties les plus renfermées, tant l’odeur qui s’en dégage est celle d’un moisi délicieux. Puissance assourdissante, investissement immense, et le résultat est évidemment aussi prévisible qu’il n’est enthousiasmant.
Expect nothing but utter annihilation and uncompromising, underground-worshipping Metal of Death!
Cette formule résume à merveille les intentions, et nous prend de face, sans contrefaçon. Je suis donc un glaçon, mais entre la rigueur suédoise et l’exubérance américaine, les allemands de RECKLESS MANSLAUGHTER massacrent dans les grandes largeurs, à grands coups de pelle usée par la terre et de pioche moche rouillée jusqu’au manche rongé. « Caverns of Perdition » donne d’ailleurs le ton, production grasse, lenteur de surface, hésitation entre vélocité Death et statisme Doom, pour un équilibre assez stable entre les ingrédients.
Aussi morbide qu’une notice nécrologique de journal régional, Sinking into Filth traduit la mort en chansons, et inutile d’aller vers le jukebox pour tomber en pamoison. La livraison est à domicile, et les plans se succèdent comme des noms qu’on égrène sur une liste macabre avant mise en terre. Juste assez inventif pour ne pas sombrer dans la parodie, lucide quant à ce son de caisse claire rachitique et sans écho, RECKLESS MANSLAUGHTER reprend à son compte les méthodes d’AUTOPSY, mais aussi celles de MORBID ANGEL pour assaisonner son ragoût de saveurs fétides et d’odeurs livides.
On se love dans ce linceul cradingue comme un enfile un vieux pull marin. Cette tenue est en effet propice à quelques pas de danse médium, via « Aktion 1005 », postulat grotesque comme seul le Death peut encore en pondre, et même la reprise confidentielle de « The Sacred Lie » des estimés DIABOLICAL IMPERIUM s’inscrit dans une logique d’hommage.
Oppressant, moite et stressant, ce quatrième album est une ode à la pourriture, à la décrépitude et au deuil le plus absolu. Chacun le vit à sa façon, mais les amateurs de sensations savent qu’on le traverse avec diverses émotions, toutes illustrées par le long et malsain « Ruf der Leere ». Et comme toutes les mauvaises choses ont une fin, Sinking into Filth nous en offre une en grandes pompes, qui s’étale sur plus de dix minutes d’abomination, « Risen from the Mass Grave ». Il est très facile d’imaginer des corps décharnés sortir d’une fosse commune pour réclamer leur dû de chair et de cerveaux, la démarche mal assurée et la mâchoire déchaussée. C’est laid, hideux, atroce, mais ça colle aux souvenirs évoqués à l’entame de cette chronique.
Je n’aurais donc jamais trouvé cet endroit maudit, ou plutôt si. Je l’ai trouvé, mais il ne ressemblait pas à l’idée que je m’en faisais. Mais assez gauche à l’époque, la glissade eut été inévitable. Et m’enfoncer dans cette épaisse couche de cire n’aurait pas été fin très agréable. Ceci étant dit, existe-t-il une mort qui le soit ?
Titres de l’album :
01. Caverns of Perdition
02. Befouled Commandments
03. Awaiting My Demise
04. Retreat into Nothingness
05. Aktion 1005
06. Ruf der Leere
07. The Sacred Lie (DIABOLICAL IMPERIUM cover)
08. Risen from the Mass Grave
Un bouquin est sorti là-dessus, "The Tape Dealer" de Dima Andreyuk ( fanzine Tough Riffs)...
10/02/2025, 15:31
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