Certains albums ne s’écoutent pas, ils se ressentent. Ils font partie d’une galaxie inconnue que l’on découvre les oreilles grandes ouvertes et les yeux émerveillés, comme un sublime paysage qui s’étend à l’infini et qui cache des richesses insoupçonnées. Des chemins escarpés qui effraient au prime abord, et dont l’arpentage est des plus ardus, laissant le souffle coupé, mais l’âme satisfaite d’avoir remporté le défi. Des voyages, dans l’oubli de soi, pour s’immerger dans un ailleurs qui finalement, peut apparaître tétanisant, mais cathartique à l’échelle d’une normalité ennuyeuse que l’on ne connaît que trop. Le premier véritable album de SPECTRALE fait partie de cette catégorie d’odyssée qui ne laissera personne insensible, même si le plus grand dénominateur commun n’y trouvera pas forcément son compte. Et à ce titre, je m’adresse à toi, fan de Metal pur et dur. Ce disque, sans aucune condescendance dans mon propos, ne s’adresse pas forcément à toi, sauf si ton ouverture d’esprit est suffisante pour accepter des approches ne faisant pas partie de ton champ lexical auditif usuel. Ici, les guitares sont acoustiques, les notes sont pures, l’énergie est positive, et le Rock a cédé la place à une catégorie assez étrange de Folk, qu’on pourrait assimiler facilement à un Post-Folk qui refuserait toutes les contraintes du genre. Alors, te voilà prévenu…Aucune distorsion, aucun chant saturé auquel te raccrocher, juste des notes, en évanescence, pour un trip en immersion dans une beauté sauvage qui pourtant, t’ouvrira des perspectives inédites, une fois dans ta vie…
J’ai moi-même croisé le chemin du projet SPECTRALE à l’occasion du split proposé par Les Acteurs de l’Ombre, partageant le temps avec HEIR et IN CAUDA VENENUM, l’année dernière. En cette occasion, les bordelais nous offraient la primeur de trois morceaux, différents de ceux figurant sur leur première démo, qui s’étaient révélés à moi comme une peinture en pastel, dégageant des idées positives, et des impressions furtives, m’empêchant évidemment de les comparer à quoi que ce soit d’existant. J’avais quand même pris la peine de les présenter, ce que je vais faire à nouveau aujourd’hui, par principe. SPECTRALE, c’est le bébé-concept de Jeff GRIMAL des THE GREAT OLD ONES, associé à Jean-Baptiste Poujol, qu’on retrouve ici à l’enregistrement, au mixage, aux arrangements, et pour certaines parties de guitare. Très éloigné de ses turpitudes habituelles, le musicien ose ici s’affranchir de toute contrainte pour explorer en toute quiétude des territoires musicaux empreints de Folk, de Post Rock, pour parvenir à établir la jonction entre rêve et réalité, dans un jet d’onirisme concret qui nous laisse collé à notre oreiller, dans une nuit sans fin qu’on n’ose pas troubler d’un réveil inopiné. Entouré de passionnés comme lui (Léo Isnard – batterie/guitare, Xabi Godart – guitare/sons, Raphael Verguin – violoncelle), Jeff, après quatre ans de travail acharné est enfin parvenu à concrétiser sa vision en format longue-durée pour nous emporter sur les traces d’un film pour l’ouïe, d’une beauté informelle inouïe, qui rompt avec le schéma si établi du Folk Rock qui a presque déjà tout dit. Il n’est d’ailleurs pas question de Rock sur les pistes de cet album sans nom, qui refuse les étiquettes et les codes, pour mieux s’exprimer en toute liberté de ton….
Arrangements vocaux en voutes de temps, arbres instrumentaux qui étendent leurs branches au-dessus de nos têtes, sol mouvant, la marche est difficile, mais fait appel à un ressenti qui pourrait s’apparenter à la découverte de chants religieux exhumés d’une vieille chapelle perdue dans l’espace-temps, ou à des canons tibétains invoquant un lendemain un peu plus pacifique pour l’humanité. Si l’artiste, dans un désir de placement moins abstrait ose suggérer quelques influences, dont Steve REICH, ULVER, PINK FLOYD, CHEVAL DE FRISE, KING CRIMSON, MAGMA, MOONDOG, Philip GLASS, Brian ENO, ou SUNN O))), prenez ces noms pour ce qu’ils sont, de simples évocations pour situer les étoiles d’un univers qui lui ressemble, mais qui ne décrit aucunement le clapotis marin de sa musique qui elle, échappe à toute restriction. D’intonation globale très zen et épurée, ce premier album sait parfois s’écarter de son karma pour laisser une guitare électrique à la Gilmour remplir le champ des possibles, comme celle qui strie l’arrière-plan de « Landing », vous garantissant un atterrissage en toute sécurité dans un vortex dématérialisé. Il serait possible d’évoquer d’autres balises pour mieux se justifier, en arguant des DEAD CAN DANCE, de THE OCEAN, des COIL, ou de KITARO pourquoi pas, sans pour autant pouvoir clarifier la destination, qui dès le départ, est inconnue. Et c’est aussi ça qui rend ce premier album aussi essentiel, de par sa façon de nous guider sans nous influencer, tout en nous laissant le choix de notre point d’arrivée.
Nulle part ?
C’est une possibilité, mais quelle plus grande joie que celle de se perdre dans une œuvre qu’on interprète à sa propre façon ? Les diktats contemporains consuméristes nous obligent si souvent à choisir fermement notre camp en nous influençant qu’un peu de liberté ne peut faire aucun mal…
Je vous imagine déjà vous braquer, et penser que SPECTRALE n’est qu’un autre délire destiné à flatter un ego, et pourtant vous ne pourriez pas plus vous tromper. Car en dépit d’une absence totale de garde-fou, le projet n’en garde pas moins une cohésion spectaculaire. Sa progression est palpable et patente, et au fur et à mesure que les morceaux se diluent dans un air étonnement clair, l’instrumentation s’enrichit de plus en plus, offrant un crescendo créatif unissant les cordes dans une expression dense, et les laissant s’entremêler dans un ballet sidérant pour s’enrouler autour de nous, telles des racines qui prendraient corps, le nôtre en l’occurrence, pour que la nature recouvre enfin ses droits. Mais sans pour autant nous sacrifier sur l’autel d’une régénérescence définitive effaçant du tableau le prédateur ultime, tout simplement en offrant une communion totale pour qu’enfin, notre aura et celle de l’univers se fondent dans un même magma de connaissance et de sentiments. Et dès « Magellan », cette métamorphose devient plus concrète, et se poursuit sur le splendide diptyque « Monocerotis Part 1 et 2 », laissant la profondeur du violoncelle soutenir des guitares en murmures…Le pèlerinage trouve son apogée sur le final cryptique « Retour Sur Terre », qui comme ses mots l’indiquent, nous ramène à la violence intrinsèque d’un Ambient sombre et assez proche de la réalité. Les sons s’entrechoquent, le piano se veut plus menaçant, les arrangements se fondent dans un chaos opaque, et finalement, c’est le pas lourd que nous rentrons chez nous, certains d’avoir découvert une autre dimension, aux trésors musicaux si foisonnants que l’homme ne peut en envisager la valeur…
Jeff aura mis du temps à viabiliser son projet pour lui faire adopter les tons et nuances qu’il souhaitait utiliser, à des kilomètres de ce que son groupe d’origine peut proposer. Mais via SPECTRALE, l’instrumentiste/compositeur propose une version unique d’un Folk presque ascétique, et pourtant complexe, qui repousse les limites de la simplicité rhétorique de guitares acoustiques, les transformant en narratrices prolixes d’une aventure qui n’est pas sans conséquence. Un refus du Metal, une négation de Rock, pour une alliance pas si contre-nature que ça entre la puissance et l’harmonie, dans un élan poétique naturel qui coule comme un ruisseau de mélodies parfaites. Nul besoin d’avoir l’oreille absolue pour apprécier cette œuvre, car le langage est universel. Un espéranto musical pour tous, qui se comprend sans se parler. Un autre monde en somme, qu’on n’a pas besoin de rêver puisque l’auteur nous le livre sur des draps de soie.
Titres de l'album:
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31
Je suis partagé. Je ne vais plus au Hellfest qui est devenu trop cher pour moi, et beaucoup trop peuplé. Pour autant, même si Muse ou Shaka Ponk suscitent le débat, ce n'est pas non plus archi-scandaleux. Les premiers ont toujours eu d'assez grosses guitares d(...)
09/07/2025, 18:22
Je crois qu'il faut accepter que la scène Metal (extrême en particulier) va redevenir underground et invisible pour le profane (et c'est pas pour me déplaire). Le reste - vieux dinosaures des années 80 et jeunes groupes prêt à tout pour quelques l(...)
09/07/2025, 15:34
"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)
09/07/2025, 15:26
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
09/07/2025, 13:52
Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....
09/07/2025, 13:52
News à mettre en regard de celle sur le dernier concert de Black Sabbath, nous assistons à l'agonie d'une certaine idée de la scène metal, celle qui arrivait à faire consensus autour d'une musique de qualité et qui avait du succès. F(...)
09/07/2025, 13:16
"Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis?" bah ça n'a plus rien de choquant aujourd'hui. Barbaud parle de Placebo en tête d'affiche donc bon... Va falloir s'y faire, les fans de Metal ne sont plus du tout le public vis&eacut(...)
09/07/2025, 12:20
Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"
09/07/2025, 10:30
Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ?
09/07/2025, 10:13
@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12