Suicide Forest

Deveria

17/03/2021

Animated Insanity Records

Un peu à la bourre sur ce coup-là, avec des disques intéressants qui s’entassent dans le dossier chronique, pour être finalement exhumés quelques mois après leur sortie. C’est le cas aujourd’hui du premier album des américains de DEVERIA, qui proposent un mélange assez intéressant de traditionalisme et de modernisme, tout en gardant sous le coude des ambitions notables. Fondé en 2008, et déjà auteur d’un premier EP éponyme en 2010, le quatuor s’est ensuite fait très discret pendant une décennie entière, pour peaufiner ce premier longue-durée qui tient quelques promesses et laisse des possibilités en suspens. Première constatation en écoutant ce Suicide Forest, le niveau technique des musiciens, solide, et la cohésion d’ensemble, cimentée. Evitant le piège de l’intro passe-partout sans intérêt, les originaires de Rotterdam, New York, nous offrent un véritable premier morceau qui met dans l’ambiance, et qui superpose les couches de sons à des percussions tribales tout à fait effectives : résultat, on est pris dans le cercle dès les première secondes, et l’attention est à son maximum.

Et cette attention est immédiatement captée par la puissance du premier véritable morceau de l’album, « Silent Cries ». Spontanément, le cerveau turbine pour piocher les bonnes références, et le DREAM THEATER des jeunes années, QUEENSRYCHE, FATES WARNING, NEVERMORE, SAVATAGE, SACRED OATH, OMEN, et d’autres sans doute, indiquent une direction artistique classique et délicatement passéiste. Les DEVERIA jouent donc comme beaucoup la carte de l’old-school assumé, mais le font avec flair et passion, ce qui nous évite les répétitions mécaniques de groupes pensant qu’un simple recyclage de plans peut agir sur les émotions.

Pour autant, ne vous attendez pas à la révélation de l’année, ni à la réconciliation entre les anciens et les nouveaux. DEVERIA ne joue pas la carte du culot à tout prix, mais synthétise avec bonheur ses influences pour nous offrir un excellent album de Heavy progressif à tendance Power Metal, de ceux qu’on appréciait à la fin des années 80 et dans les années 90. La technique est donc affutée, les chœurs proéminents, les parties instrumentales léchées, et le nombre de plans conséquents. Jouant parfois avec la frontière entre le Heavy et le Thrash comme pouvaient le faire les pionniers de SANCTUARY et CRIMSON GLORY (« Fate »), les quatre musiciens (Chuck Woodard – chant, John Suski – batterie, Marvin Veeder – basse et Christian Bivona – guitare) s’offrent donc une latitude non négligeable, d’autant que les éléments opératiques occupent une bonne place dans les compositions.

Ainsi, le diptyque « Kingdom of Evermore » / « Miracles », occupant un bon quart d‘heure du métrage démontre que les ambitions sont bien réelles, et que les moyens de les concrétiser sont efficaces. Avec une belle présence rythmique et des changements de tonalités appréciables, Suicide Forest ne vous donne pas vraiment envie d’aller faire un tour seul dans la fameuse forêt d’Aokigahara au nord-ouest du mont Fuji, mais plutôt de ressortir votre collection de vinyles d’époque, pour vous faire une petite fête entre initiés quadra ou quinqua. Efficace aux entournures, suffisamment sauvage pour caresser dans le sens du poil, lyrique juste ce qu’il faut mais pas trop, ce premier album est donc le témoignage d’un acharnement à sortir de l’anonymat, et à nous éviter la facilité de recyclage des groupes trop opportunistes. On se prend à rêver d’une fausse suite à des albums comme Transcendance ou Empire en écoutant le cristallin et magnifique « Reign of Fire », avec ses arpèges d’intro délicats se transformant en riff incroyablement redondant par la suite, ou à découvrir des inédits de DREAM THEATER période Berkeley, alors que John Petrucci faisait découvrir METALLICA à ses camarades de classe (« Kingdom of Evermore »).

De l’équilibre donc, une ouverture d’esprit manifeste, mais surtout, un beau juste milieu trouvé entre la mélodie et la puissance, pour nous offrir un voyage dans le temps plus qu’agréable : crédible. Mordant, séduisant, velouté ou agressif, DEVERIA est performant dans tous les domaines, et nous sert des tranches de vie Heavy en mode tartare des nineties (« IX » qui aurait pu figurer en bonne place dans le répertoire du MAIDEN époque Blaze), mais aussi des dérivations plus personnelles, avec basse ronflante, guitares impériales et ambiance religieuse (« One Nation »). Avec en sus un épilogue bouclant la boucle (« …The End »), Suicide Forest est d’une vitalité incroyable, d’une flamboyance indéniable, encore un peu tendre au niveau des références, mais déjà très persuasif musicalement. A défaut de faire preuve d’audace, le quatuor se montre solide et aux épaules carrées, capable de supporter les comparaisons les plus impressionnantes et en sortir légèrement grandi.

 

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. The Beginning Of…

02. Silent Cries

03. Suicide Forest

04. Fate

05. Demons Inside Me

06. Reign of Fire

07. Kingdom of Evermore

08. Miracles

09. IX

10. One Nation

11. …The End


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par mortne2001 le 22/03/2022 à 14:39
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