Swatta

Chepang

07/07/2023

Autoproduction

On n’y comprend rien, c’est du boucan.

Voilà comment réagissait Ronnie James DIO à l’écoute de NAPALM DEATH, que son guitariste louait pour ses qualités rythmiques. Il est évident que pour un musicien ayant émergé dans les années 50, fasciné par le Heavy Metal et les dragons, Scum sonnait comme l’hallali musicale qu’il était, loin de la logique Rock en mode intro/couplet/couplet/refrain/couplet/refrain/pont/solo/refrain. On ne peut donc pas en vouloir à ce regretté Ronnie d’avoir rejeté en bloc ce mode d’expression bruitiste qui divise encore aujourd’hui, au même titre que le Raw Black ou le Slamming Brutal Death.

Néanmoins, le Grind a fait un long voyage depuis sa naissance, et ne se contente plus de borborygmes plus ou moins habilement placés sur des blasts ininterrompus. Des groupes comme NASUM ou TOTAL FUCKING DESTRUCTION lui ont offert ses premières lettres de noblesse, en l’abordant comme un style acrobatique propice à toutes les figures les plus équilibristes.

Ce qui est aussi le cas des népalais de CHEPANG.

Installés à NYC, les musiciens ont une discographie assez conséquente, avec pas moins de trois longue-durée, trois splits, et même un live. De quoi se payer une réputation enviable, surtout au moment de présenter son troisième album au monde de l’extrême. Et extrême, Swatta l’est sans conteste, tout comme l’était Chatta et comme l’annonçait Dadhelo - A Tale of Wildfire. En six ans, le collectif a fait des progrès énormes, et peut aujourd’hui se targuer d’une certaine perfection dans la démence, via l’adaptation des standards Grind aux canons du Hardcore Math moderne.

Superbement produit, flanqué d’une pochette qui attire l’œil, Swatta est un genre de bouilloire qui siffle depuis deux plombes sur son bruleur, attendant que quelqu’un éteigne le gaz avant qu’elle n’explose. Et si l’explosion n’a pas lieu, les sifflements vrillent quand même les tympans, entre deux souffles repris par un maître de maison un peu étourdi.

La recette choisie par les CHEPANG est très simple : jouer le plus rapidement et le plus techniquement possible, pour se poser en acmé d’une optique bruitiste, mais intelligente. Intelligente mais fourbe, ce que nous fait remarquer un tracklisting des plus bizarres, entamé par des mots complets avant de finir en simple lettre pour désigner un morceau. Originalité donc, effets synthétiques, bourrée dansée avec pas mal de pinard dans le cornet, pour finalement s’affaler sur le parquet, les yeux mi-clos et les réflexes aux abonnés absents.

Cyber Grind joué analogiquement, Swatta est le genre de disque qui épuise, les sens, et le physique. Car avec cinquante minutes et vingt-neuf titres au compteur, on ne peut pas dire qu’il ait joué la parcimonie, mais bien le trop-plein pour nous agresser de manière plus efficace avant de nous laisser K.O pour le compte.

Coup de boule fatal donné en pleine centrale électrique en surcharge, ce troisième chapitre de la saga népalaise déplace des montagnes, mais laisse des stigmates. Des villes entièrement détruites, des hauteurs rasées, pour un tableau apocalyptique en dissonances majeures et viols rythmiques commis en toute impunité. On reconnait le style de ceux qui ne souhaitent pas s’enfermer dans les travers du Grind classique, et qui conchient le brouhaha gluant du Goregrind, pour mieux appliquer les recettes Hardcore moderne.

Ce Grind est en effet totalement Metal, mais joué par des dingues qui ont grandi au son de CONVERGE et DILLINGER ESCAPE PLAN, CANDIRIA et même MESHUGGAH. Des chansons qui s’étalent de quelques secondes à cinq longues minutes dignes de PAINKILLER en pleine crise de dengue (« Ba »), une attitude sans compromis, pour un résultat qui dépasse de loin la moyenne du cru.

Et avec le renfort d’un batteur de luxe qui ignore le sens du mot pondération, le résultat n’en est que plus impressionnant, voire étourdissant, au premier degré. Hors de question de se satisfaire de quelques galéjades plus ou moins bien mises en place, la composition est abordée avec ambition et sérieux, pour aboutir à un sous-genre exigeant et pointilleux.

Son nom ?

Je l’ignore, mais il va falloir lui en trouver un.

En attendant d’avoir trouvé la solution à cette question savourons le massacre en règle perpétré par cette bande d’allumés notoires. Swatta est en effet à la lisière du boucan parfois (comprenez qu’il trempe un orteil dans le Harsh Noise sans complaisance), mais reste pourtant musical, technique et logique. N’en déplaise au regretté Ronnie James qui n’a jamais pu aller plus loin que la poignée de secondes avant de défaillir.          


   

Titres de l’album:

01. Asha

02. Avilasa

03. Ananta

04. Akash

05. Avismarinaya

06. Anurodh

07. Akanchya

08. Anumati

09. Ascharya

10. Anyol

11. Bid

12. Am

13. Ba

14. Na

15. JC

16. JGR

17. GC

18. BP

19. GHC

20. DIA

21. DMT

22. DK

23. TL

24. TC

25. A

26. I

27. F

28. T

29. W


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 02/10/2023 à 17:24
80 %    229

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
C

Merci pour le partage !

28/04/2024, 11:58

Chemikill

Suicidal Tendencies, Sepultura, Slipknot... la tournante improbable... ça ferait un bon poisson d'avril, mais c'est vrai....

27/04/2024, 14:11

roulure

true norwegian roue libre

26/04/2024, 13:40

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08