Un nom pour le moins étrange, un label aux goûts déviants, voici de quoi aiguiser votre curiosité en ce lundi matin morose. I, Voidhanger est encore allé fouiner dans les arcanes de l’underground pour vous proposer un projet s’inscrivant totalement dans sa ligne éditoriale, en combinant le talent de deux musiciens pour le moins curieux et fascinants. Mais tout ceci est-il viable, question qu’on se pose à chaque sortie - ou presque - du label ? Oui, certainement, mais aussi très abscons, personnel, et difficile à déchiffrer si tant est qu’on le souhaite.
THE OVERMOLD, surmoulage en VF est un simple duo, articulé autour de deux figures de l’extrême qui combinent depuis longtemps les sous-genres pour accoucher du leur. Ainsi, ce nouveau concept a de quoi intriguer, spécialement lorsqu’on se rend compte que la première piste de l’album dépasse allègrement la demi-heure. Imbuvable ? Stérile ? Chaotique ? Bordélique ? Rien de tout ça, mais plutôt une expérience menée conjointement par deux musiciens aussi affranchis que professionnels, et qui refusent de se contenter du tout-venant. D’où cette symphonie de l’étrange qui une fois encore, repousse les limites du possible. Et du probable.
Je parlais de deux musiciens, il est donc temps de les présenter. D’un côté, Mick Barr, guitariste expressif qui a étalé ses talents au sein de formations comme OCRILIM ou ORTHRELM, et qui ne crache pas sur un brin de fantaisie en percutant le mur Black Metal d’un énorme choc expérimental et Industriel. De l’autre, un percussionniste de folie, Tim Wyskida. Très demandé, puisque figurant au casting de KHANATE et BLIND IDIOT GOD, mais aussi au générique d’INSECT ARK, CASPAR BRÖTZMANN, JODIS, KHLYST et GINNUNGAGAP, parmi tant d’autres. Il était donc évident que les deux hommes allaient finir par se retrouver chaperonnés par une maison de disques un peu plus barge que la moyenne, le défi étant remporté par ce label italien que nous aimons tant.
Mais alors, sur quoi cette rencontre débouche-t-elle?
Je vous ai mis quelques pistes indicatives en mots-clés, mais il est évident que ce premier album éponyme défie toute logique et bataille rangée de clans bien précis. Quelque part dans la galaxie Doom et Drone, les deux hommes (plus Judith Berkson, qui donne de la voix sur « Song of the Beyonders ») s’amusent à improviser une longue suite dont les proportions évoquent la musique concrète ou le Drone le plus massif, mais pas question de se la jouer SUNN O))) en insistant sur la même note jusqu’à la nausée irréversible. Les deux instrumentistes connaissent bien leur terrain, et n’hésitent pas à privilégier le son clair au détriment d’un riff distordu et esseulé comme un célibataire à la Saint-Valentin. « The Overmold » se base donc sur quelques notes pures et éparses, jouées avec minutie et délicatesse par Mick Barr, qui n’emballe pas les débats pour se précipiter.
De son côté, Tim Wyskida fait ce qu’il a toujours fait de mieux, aborder la rythmique sous son angle percussif le plus nuancé, cumulant les rôles de métronome, de cogneur massif, de tambourineur d’orchestre décalé, et de caresseur de cymbales énamouré. La combinaison des deux talents aboutit à une œuvre cohérente et décadente, les stridences, assonances, dissonances et autres figures de style évitant le chemin trop bien tracé d’un Doom déjà moisi avant d’avoir été servi. On se sent propulsé dans un univers bien particulier, tout au long de cette progression qui n’en est pas vraiment une, puisque les émotions se répètent avec une régularité rassurante, sans chercher à faire monter la mayonnaise à tout prix. Inutile donc d’espérer une explosion finale cathartique, qui aurait justifié de ces trente premières minutes aérées et obnubilées.
Le reste du tracklisting est beaucoup plus formaté. D’un point de vue de durée, les trois morceaux suivants font presque office de Pop songs éthérées et évanescentes, même si la puissance ne cède pas un seul pouce de terrain. Le choix d’avoir confié la partie chant à Judith Berkson est une bonne option, son timbre hypnotique s’accordant fort bien de cette vrille de guitare et de basse qui tourne comme un cercle dans le cercle.
Presque Folk dans le fond, terriblement expérimental et expressif dans la forme, THE OVERMOLD est un pur produit des délires I, Voidhanger, qui a encore un fois trouvé un exutoire à la hauteur de son désespoir.
On peut penser à une forme très musicale des SWANS 90’s, à du SCORN un peu trad’ sur les bords, enfin, à beaucoup d‘autres artistes ayant refusé la facilité d’un cadre strict, pour s’épancher dans l’absolu sans contrainte de sens ou de temps.
Les deux new-yorkais s’offrent même un peu de tranquillité harmonique via « Buildings of Skin », que NEUROSIS pourrait adopter en tant que transition logique entre deux pavés. Et si les noms de KHANATE, EARTH, SUNN O))), OCRILIM et KRALLICE sont imprimés, n’y voyez qu’un faux repère donné pour tenter de sauver la face et d’être capable de s’orienter dans le noir. Mais la force de THE OVERMOLD est de ne ressembler à personne, ou plutôt à une image générale d’orchestre désaxé qui expérimente sous couvert de renouveau et d’impulsion à donner à l’underground le plus obscur. « Withering Other » achève donc le tableau en restant dans les mêmes clous, et nous laisse sur une amertume très particulière, qui se transforme en poison de l’âme.
THE OVERMOLD, en CAPITALES ou en italique est une expérience pas comme les autres, qui supprime les rambardes, les bords de trottoirs, les escaliers, et qui vous oblige à vous orienter par le cœur et ses pulsations irrégulières.
Titres de l’album:
01. The Overmold
02. Song of the Beyonders
03. Buildings of Skin
04. Withering Other
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15