Je me souviens de mes années fac avec une certaine tendresse. Certes, nous n’avions pas le contexte idyllique d’Hélène et ses garçons, mais la cafétéria était accueillante, et le travail épars. Evidemment, nous nous retrouvions entre amis et collègues le temps d’un vendredi soir ou d’un week-end, et le programme était toujours le même : bière, vodka, pizza, et éventuellement, un film sorti d’une collection quelconque de vidéos pirates. Cette répétition avait des allures de rituel, de gage d’amitié entre jeunes du même âge ou presque, et a laissé des traces dans les sillons de la mémoire, à tel point qu’à bientôt cinquante ans, je la regrette quelque part. Cette routine ludique a laissé place à une itération des plus irritantes, entre paiement des factures et autres tâches ingrates nous rappelant notre sordide condition de rouage d’une machine administrative et capitaliste trop bien huilée. Alors, pour prendre un peu le large et se replonger dans cette fausse adolescence d‘adulte en devenir, rien de tel qu’un petit trip en Espagne pour y retrouver d’éternels branleurs, qui ont refusé de grandir il y a longtemps déjà.
Les CRISIX sont sans aucun doute de gros branleurs, mais des branleurs qui bossent. Depuis sa création en 2011, le groupe a déjà publié cinq longue-durée, tous aussi enthousiasmants et chafouins les uns que les autres. Le départ tonitruant de The Menace, l’atterrissage en catastrophe de Sessions #1 - American Thrash, l’album de reprises fourgué en 2019, et entre temps, des classiques, From Blue to Black, Against the Odds, des riffs véloces, une rythmique souple, et un chant gouailleur. Des spécialistes du crossover, qui en une décennie ont affirmé leur suprématie sur le genre, et qui continuent aujourd’hui d’en explorer les arcanes pourtant réduites. Et deux ans après leur dernière apparition en tant que copieurs de grande classe (primaire), les originaires d’Igualada reviennent avec dans leur cartable quatre petits morceaux, qui prouvent qu’ils n’ont pas encore l’intention de sauter une classe.
Nous étions en droit d’espérer un nouvel album, mais c’est avec un EP frais et dispo que les ibères nous bernent. Quatre petits morceaux emballés dans un carton à pizza, faisant l’éloge de cette pâte italienne recouverte de sauce tomate, d’anchois, de salami, de poivrons, de peppéroni, et autres ingrédients au choix, et en sus parfois. Quatre morceaux qui leur permettent de se replacer dans le contexte après la pandémie de COVID, et qui remettent sous la lumière leur talent unique pour nous conter des histoires de sagouins qui n’ont rien d‘autre à foutre de leur journée que d’écouter EXCEL, jouer aux jeux vidéo, et regarder des films avec des gens qui ne portent pas de pyjama ou qui se font éviscérer au bout de quelques minutes à grand renfort d’hémoglobine.
CRISIX est devenu plus qu’un groupe avec le temps, un gage de qualité. Une AOC qu’on respecte dès l’étiquette, et qui coule dans le palais des tympans avec une âpreté qu’on apprécie. Ce Pizza EP ne déroge évidemment à aucune règle, et je ne créerai aucune surprise en affirmant qu’il ne recèle aucune surprise.
Du Thrash, du Mosh, du Crossover, de la bonne humeur mais un professionnalisme qui empêche de torcher vite fait quatre machins qui tiennent à peine debout. Frustrant car bien trop court, Pizza EP est fort en piment, chargé en oignons, laisse l’haleine de chacal empester la chambrée, mais gâte l’estomac de ces accélérations fumeuses et de ses riffs francs. On y retrouve l’esprit potache du groupe, et surtout, les réminiscences d’une jeunesse passée à découvrir les nouveautés violentes du mois en se goinfrant de tomate en boîte. Et le groupe l’affirme lui-même dans un élan de lucidité assez confondant de réalisme : « World Needs Mosh ». En effet, et même après que la pandémie a laissé place à des incertitudes troublantes sur l’avenir, nous avons besoin de cette énergie débridée et de ces chœurs de cour d’école mal famée. Et si sur quatre morceaux, le quintet (Javi Carrión - batterie, Marc Busqué "Busi" & Albert Requena - guitares, Julián Baz - chant et Pla Vinseiro - basse, dernier arrivé il y a deux ans) a quand même le culot de nous refourguer un insert Punk de moins d‘une minute (l’hilarant « Raptors in the Kitchen »), il est parfaitement excusé par les deux tubes déments que sont « No Tip for the Kid » et « It's Tough to Cook a Song ».
Onze minutes, pas plus, moins du quart du temps qu’il faut pour commander une pizza et la recevoir à la maison, ou l’exact timing pour dévorer la moitié de cette pâte fine décorée avec amour. Alors, croquez dans cette pizza, collez-vous le dernier CRISIX entre les feuilles, et ressortez un Gore de derrière les fagots. Une soirée en compagnie de ces gus-là s’apprécie jusqu’à la dernière bouchée/minute.
Titres de l’album:
01. No Tip for the Kid
02. World Needs Mosh
03. Raptors in the Kitchen
04. It's Tough to Cook a Song
Que du bonheur moooossssssshhhhhhhh merci pour la cure de jouvence .
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