Thundermother

Thundermother

23/02/2018

Despotz Records

J’avais quitté les THUNDERMOTHER en 2015 en tant que quintette, je les retrouve en 2018 en tant que quatuor. Ce sont les aléas de la vie de groupe me direz-vous, mais force est d’admettre que lorsque Filippa Nässil, guitariste et fondatrice de la troupe fait le ménage, elle ne le fait pas à moitié. Saluons donc l’entrée en piste de Guernica Mancini au chant (SOULS ON 11, ROYAL RUCKUS), de Sara Petterson à la basse et d’Emlee Johansson à la batterie (VISION, FRANTIC AMBER, SPITCHIC), pour un gang renouvelé de fond et presque en comble, rentrant dans le moule souhaité par Filippa, et dont les contours furent définis dès les premières années. Non, malgré cette formation renouvelée, le style n’a pas vraiment changé, presque d’un iota serait-je tenté de dire, et c’est donc avec plaisir que nous sevrons une fois encore nos oreilles de ce Hard-Rock in your face, joué no bullshit style, aux influences australes prononcées mais qui toutefois n’hésite pas à s’ouvrir à des horizons plus distanciés. Road Fever m’avait contaminé de son énergie de toutes les diablesses, et je n’avais pas hésité à l’époque à citer quelques références bien frappées, AC/DC évidemment, mais aussi les KIX, D.A.D., que j’avais juxtaposés aux immanquables AIRBOURNE, à MOTORHEAD, mais aussi aux RUNAWAYS, la moue lippue juvénile en moins et le torse bombé en plus, et une fois encore, ces mêmes clins d’œil sont toujours d’actualité, puisque ce troisième album éponyme ne trahit en rien la philosophie d’origine, en privilégiant un Rock joué Hard simple mais honnête, et surtout, carré aux entournures, et au moteur chromé qui carbure. Thundermother ne marquera donc pas la fin d’une époque, autre que celle symbolisée par la configuration en quintette, et les fans qui ont pu assister aux shows chauds du gang l’été dernier au Wacken ne seront pas surpris de retrouver leurs héroïnes dans un costume binaire qui leur sied à merveille. Car en faisant fi de toute innovation trop marquée, cet album au tempo en acier trempé les fera hurler sans discontinuer.

Lorsqu’on écoute THUNDERMOTHER, c’est par besoin viscéral. On sait quasiment d’avance à quoi s’attendre de la part d’un groupe qui n’a jamais joué la carte de la nuance ou de la dualité, et on apprécie ces hymnes à la vie sur la route pour ce qu’ils sont. D’autant plus que les brulots ont été captés à chaud, au studio Nordic Soundlab de Skara, avec Thomas Plec Johansson (Mustasch, Hardcore Superstar, Watain, pas mal comme références) derrière la console. Ce dernier a concocté aux musiciennes un son sur mesure, âpre mais pas trop, épais mais costaud, qui permet même à la basse de briller comme il faut. Dans les nouveaux rôles du casting, les trois bleusailles s’en sortent à merveille, et donnent le sentiment d’adhérer à la philosophie éternelle, sans que l’on sente le moindre effet de « pièce rapporté ». A tel point que ça en devient parfois troublant, à l’occasion du pamphlet crâmeur de bitume « Racing On The Mainstream », qu’un Jesper Binzer aurait pu enflammer de son gosier irrité. On sent le quatuor en pleine cohésion d’ensemble, et l’énergie énorme que dégage ce morceau valide toutes les transitions opérées par la leadeuse Filippa, qui doit certainement se réjouir de ses choix. Evidemment, malgré quelques variations de palette, on ne peut pas dire que Thundermother soit radicalement différent de Road Fever, même si quelques moments d’émotion disséminés de çà et là nous permettent de reprendre notre souffle. Ainsi, « Fire In The Rain » et son intro délicate et délicieusement fifties des nineties nous déroule le velours sur un tapis sonore plus subtil que d’ordinaire, et suggère quelques accointances rétrogrades avec la décennie des L7 et autres Rrriot Grrls à l’étendard fermement tenu. Non que la comparaison se valide au niveau du propos, mais le son, l’attitude et les options rappellent vraiment cette époque charnière où le Hard-Rock se voulait plus ouvert, et légèrement alternatif sur les bords. Mais rassurez-vous, les girls n’ont pas changé le leur, et marchent toujours sur le même trottoir Rock, qu’elles arpentent le pas leste et le geste preste.

D’ailleurs, impossible de se tromper en découvrant l’ouverture « Revival », qui dès ses premières notes paie son hommage au regretté Malcolm Young, certainement très fier de son au-delà de constater que son héritage est constamment pérennisé. Mais impossible non plus de ne pas relever que les filles ont légèrement adouci leur approche, et qu’elles osent des choses beaucoup plus abordables que par le passé, comme le démontre avec un certain flair « Hanging At My Door », à la limite d’un Pop-Rock purement eighties qui accepte son histoire et la raconte de son point de vue. Ce son un peu plus poli, ces respirations un peu moins strangulées de folie autorisent donc une plus grande variété de ton, et une linéarité infléchie, qui cherche une porte de sortie qu’on n’espère pas forcément commerciale, mais qui confère à cet éponyme effort une aura différente. Mais les burners sont toujours de sortie - comment pourrait-il en être autrement ? - et « Rip Your Heart Out », sous des atours un peu Punk de battre le rappel des troupes autour d’un refrain une fois de plus irrésistible. On sent que la maturité a pointé le bout de son nez, même si le passé ressurgit juste avant d’être rappelé (« The Original Sin », le Rock dans toute sa splendeur), et qu’il se montre aussi vif qu’un souvenir ressassé (« Quitter », de quoi vous filer des crampes Suzy QUATRO dans les jambes D.A.D.). D’ailleurs, le groupe le crie haut et fort, « We Fight For Rock N’Roll », autre pamphlet tonitruant qui nous ramène dare-dare dans le giron d’un binaire de bon ton, mais qui profite de modulations vocales plus prononcées émanant du gosier d’une vocaliste au timbre bien marqué. D’ailleurs, le choix de Guernica Mancini pour prendre en charge les vocal duties semble le bon, puisque les variations de la chanteuse s’accordent parfaitement des légères fluctuations de composition, que l’ambiance soit lourde comme un trente-huit tonnes de tournée chargé à bloc, ou que l’atmosphère se recueille d’un aftershow un peu nostalgique sur les bords (« Follow Your Heart », Blues, Pop, Rock, Alternatif, tout à la fois mais surtout, pas mal d’émotion au bout des doigts).

Et si « Children On The Rampage » semble marquer le pas de sa synthèse pas forcément transcendante, « Won’t Back Down » joue les au-revoir bluesy à souhait, et nous laisse sur un sentiment étrange, nous privant de l’épiphanie explosive qui nous revenait de droit. Mais comment en vouloir à un groupe qui joue la musique qu’il ressent, et qui respire le Rock comme il exhale le Hard ? Thundermother marque un peu le pas, se veut parfois un peu hésitant sur son optique générique, mais nous offre les morceaux les plus attachants du répertoire des suédoises, et surtout, une tentative de variété qui fait plaisir à entendre. On pouvait craindre une redite un peu redondante, mais le choix d’avoir ouvert quelques portes fut le bon, et comme le nouveau line-up passe admirablement bien son test d’entrée, la route tracée par le quatuor semble pavée d’or et d’argent. Il n’y a pas de mal à prendre un peu de distance avec ses convictions, et mieux vaut militer différemment plutôt que de se montrer limité dans le temps. Souhaitons que l’avenir sourie à ces musiciennes bénies, mais avec une musique pareille, il n’y a pas à attendre de paradis. Seul l’enfer supportera cette débauche d’énergie, quoique le purgatoire sente quand même une possibilité de rédemption.


Titres de l'album:

  1. Revival
  2. Whatever
  3. Survival Song
  4. Racing On Mainstream
  5. Fire In The Rain
  6. Hanging At My Door
  7. Rip Your Heart Out
  8. The Original Sin
  9. Quitter
  10. We Fight For Rock N Roll
  11. Follow Your Heart
  12. Children On The Rampage
  13. Won't Back Down

Site officiel


par mortne2001 le 03/03/2018 à 14:30
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@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.

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Très bon album avec 3/4 titres vraiment excellent et un bon niveau global.Quelques Slayeries comme sur Trigger Discipline mais rien de méchant. D'autant que le titre Gun Without Groom est vraiment terrible, en effet. Un très bon cru

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DPD

Pour moi je vois c'est l'équivalent que de voir 2pac en hologramme (qui était homosexuel), peut-être même pire parce que l'illusion tiens mieux le coup, je reste sur cette position.

08/07/2025, 22:44