Le temps passe, l’agressivité trépasse. Enfin pas pour tout le monde, puisque certains groupes semblent se durcir avec le temps. D’autres au contraire, choisissent l’espace cosy d’une cheminée sur peau de bête pour séduire les amateurs de confort musical, au risque de remettre en jeu leur identité : c’est le cas 2022 des RECKLESS LOVE. Groupe emblématique de la vague Sleaze venue du froid, les originaires de Kuopio nés en 2001 ont commencé leur carrière sur les chapeaux de roues de Harley, sortant une pelletée d’albums à même de satisfaire la soif de stupre des amateurs de rouge à lèvres et de paillettes. Reckless Love (2010), Animal Attraction (2011), Spirit (2013) et Invader (2016) furent autant de pierre apportées pour la construction d’un Sunset Strp personnel, et les nostalgiques de la laque des années 80 furent des milliers à rejoindre leur culte. Affection tout à fait mérité puisque le quatuor (Olli Herman, Pepe Reckless, Hessu Maxx et Jalle Verne) s’y entendait comme personne pour confronter la rudesse du Hard Rock made in 80’s et le synthétisme en vogue dans les pays nordiques des années 2000.
Mais six ans de silence changent un homme, et à fortiori, quatre hommes. Depuis 2016, le quatuor a changé sa physionomie artistique, et s’est englué dans une approche pour le mois soft, mettant toujours en avant sa science des mélodies, mais oubliant au passage de l’utiliser dans un contexte e puissance obligatoire. Et si l’ADN est presque intact, les réflexes sont différents, et l’approche plus...soft.
Comme un cobaye de studio testant les dernières techniques de séduction de masse, RECKLESS LOVE s’est plongé dans le miroir aux alouettes de la nostalgie moderne, cette nostalgie qui pousse les albums, les films et séries à recycler une imagerie typiquement eighties, à la manière d’un Stranger Things musical, plus porté sur les gimmicks que l’essence même des sentiments. De fait, sous couvert d’une pochette sublime aux couleurs typiques, Turborider marche plutôt hybride que super pur et dur, et se fond dans la masse d’une industrie nordique jalouse de sa recette de salsa.
Oh, bien sûr, le travestissement donne le tournis, et les compositions sont excellentes, savoir-faire oblige. Produit par Jonas Parkkonen (APOCALYPTICA, LOST SOCIETY) et masterisé par Svante Forsbäck (RAMMSTEIN, LORDI, VOLBEAT) est un gros gâteau surplombé d’une bonne couche de chantilly rose et bleue, qua tire l’œil et qui aimerait bien satisfaire les tympans. Mais dès « Turborider », quelque chose cloche. Le Metal s’est transformé en plastique, la musique en concept, l’attitude en gimmick, et les synthés omniprésents souligne le manque de fermeté de cette guitare reléguée au second plan.
Alors, on aime, c’est indéniable. On aime parce que c’est bien fait, truffé d’effets sonores genre borne d’arcade, propulsé par une rythmique bumpy à la MINISTRY des jours heureux, mais on aime sans se leurrer : cette musique n’a plus grand rapport avec le Hard Rock tendance Glam que l’on a tant aimée, et se love au creux de l’épaule d’une Synthwave astucieuse, mais désespérément opportuniste. Sauvons ce refrain anthémique à la suédoise, et aimons ensemble ces chœurs irrésistibles, tout en pointant du doigt les mélodies toujours aussi accrocheuses. Mais à la manière d’un NIGHT FLIGHT ORCHESTRA ou d’un GHOST, RECKLESS LOVE drague dangereusement la Pop pour devenir plus consensuel et rameuter les troupes réfractaires à toute sonorité trop abrasive.
« Eyes Of A Maniac » confirme la tendance en appuyant sur ses aspects les plus ronds. On se croirait revenu au temps de cette Synth-Pop, égérie des eighties qui vouait un culte au corps et à l’apparence. On est alors pris de frayeurs en pensant devoir sortir un body fabriqué par Jane Fonda pour se remettre en forme, et abandonner nos rêves de vice et de groupies aguicheuses. En se refaisant une santé après cette longue absence, RECKLESS LOVE a troqué son sex/love contre un justaucorps et une séance de fitness, et nous oblige à trépigner sur une piste d’exercice improvisée, mais en satin.
Je ne condamne pas la musique, qui est bonne, voire excellente, mais bien les concessions. Nostalgie d’accord, mais pas à l’aveugle, et pas seulement en reproduisant les formules d’il y a quarante ans. En tant que bande-son de Flashdance, ce titre eut connu un sort enviable, en tant que deuxième de couverture d’un des groupes Glam les plus doués de sa génération, il trouble. Et cette formule, que l’on aurait pensée introductive pour brouiller les pistes se reproduit à intervalles réguliers sur l’album, trouvant un écho certain en « Like A Cobra », et une réponse encore plus claire sur « For The Love Of Good Times ».
Heureusement, quelques surprises nous permettent de reprendre notre souffle entre deux pilates obligatoires, et cette reprise assez bien sentie d’Ozzy nous offre l’air dont nous avions besoin pur ne pas étouffer. « Bark At The Moon », adoucie mais convaincante remet l’album sur les bons rails, et admettons aussi que « Kids Of The Arcade » laisse enfin filtrer quelques riffs au travers du filtre à synthés.
C’est bien fait, très bien fait même, mais le spectre d’un Glam des années 2020 se cache sur la photo de famille, derrière le fantôme bien vivant d’un Hard Rock trop synthétique pour en être encore. On atteint même parfois des sommets de hors-sujet, via « ’89 Sparkle », encore plus étincelant de Synth-Pop que le reste, et les morceaux permettant de se raccrocher à un passé pas si lointain sont rares. A la rigueur, le très Billy Idol « Future Lover Boy » fait transpirer légèrement, mais globalement, tout ceci ressemble à une vieille VHS de remise en forme par le sport à la maison.
Jugé sans se baser sur le passé et la réputation du groupe, Turborider est un excellent disque de Pop-Hard-Synth échappé des années 80 pour retrouver le Doc dans le futur. Jugé sur le parcours impeccable des RECKLESS LOVE, il incarne un écart presque impardonnable.
Titres de l’album :
01. Turborider
02. Eyes Of A Maniac
03. Outrun
04. Kids Of The Arcade
05. Bark At The Moon
06. Prelude (Flight Of The Cobra)
07. Like A Cobra
08. For The Love Of Good Times
09. ’89 Sparkle
10. Future Lover Boy
11. Prodigal Sons
Je m'attendais vraiment pas à ce qu'Ozzy tiennent 30 min sur chacun de ses shows...Bon, on peut pas dire que c'était "beau" à voir mais si j'avais eu la chance de gauler une place, j'aurai tout de même été bien con(...)
07/07/2025, 07:36
Putain je suis fan de Slayer mais c'était bien dégueulasse. Ça devient une parodie. Et oui merci pour tout Ozzy et tommy.
06/07/2025, 21:25
Oui c'est bien beau mais étaient ces gars durant l'ère Obama ou il a absolument tout trahis ? Trump on connait son histoire personnelle et ses financements. c'est sans surprise..
06/07/2025, 14:20
Pardon pour les fautes, mais quitte à écouter ce genre de trucs, Anna von Hausswolff le faisait beaucoup mieux il y a 10 ans. C'est ce qu'on appelle l'avant-garde je suppose.
05/07/2025, 06:51
Le problème de de Kayo Dot c'est qu'il dépend de l'envie du moment de Toby Driver et de qui l'entoure, tu peux avoir un album de drone/post-rock suivit d'un album de death metal, il n'y a pas de groupe et aucune identité. C'est dommage parce(...)
05/07/2025, 06:47
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50