Plus de dix ans après leur premier long Path, les slovaques fous de 0N0 reviennent négocier le virage de leur troisième album avec un brio déconcertant. Pourtant, rien n’a vraiment changé dans leur approche : un son toujours aussi grave et gras, une inspiration multiple mais cryptique et macabre, des titres déstructurés à la frontière de l’Ambient, et un concept musical assourdissant, loin des facilités Death/Doom d’usage. Metal Injection, dans un accès d’euphorie, les a même comparés à CAVERNLIGHT, GODFLESH, GORGUTS, ULCERATE, ou ESOTERIC, ce qui en dit long sur l’appréciation de cette nouvelle œuvre d’un travail plus général dans le fond et la forme.
Et si ces comparaisons généreuses ne cernent pas vraiment la vérité, elles permettent de baliser le terrain de la qualité, Unwavering Resonance étant une fois encore un exercice bruitiste remarquable, dont chaque note, chaque coup de grosse caisse et chaque silence est à sa place, incontestable. En poussant le bouchon des parallèles encore plus profondément dans l’étang de la violence, on pourrait presque dire que les 0N0 sont les fils illégitimes de TERRA TENEBROSA et dISEMBOWELMENT. La tendance au libre arbitre absolu des premiers, et l’exploration des traumas humains les plus malsains des seconds, pour une collision d’électrons explosive, en partition jouée à la croche près pour ne pas dévier du programme.
Toujours aussi « à part » et unique, 0N0 profite d’un label crée pour et par lui-même, et met en avant la technique utilisée pour arriver à ses fins. Enregistré et mixé par le groupe, avec une post production assurée par Angakok Thoth (Mydriasis Studios), un mastering de Greg Chandler (Priory Recording Studios), et une pochette soignée par Viral Graphics, Unwavering Resonance est donc un package complet, et malgré la durée restreinte du projet, l’idée principale s’impose et prend le temps d’égrener ses arguments. Des riffs concentriques deux tons en dessous, des chœurs fantomatiques qui planent au-dessus d’un château slovaque imprenable, pour une visite de l’au-delà à la mode Fulci encore plus raidi par la mort.
Entre Death/Indus et Electro-Doom, Unwavering Resonance est une expérience sismique et dissonante comme vous en entendrez peu en ce mois de juin mi-fugue mi-raison. Donnant le sentiment d’avoir été enregistré dans une crypte en ruine à l’aune d’une nouvelle ère abominable enterrant l‘ancien temps avec un mépris certain, ce troisième album est une plongée dans les abysses de l’enfer, entre raideur ascétique et mécanisme de défense bruitiste.
« Clay Weight », énorme entame, prouve que le colosse n’a pas les pieds en argile, et que son équilibre est très stable. La voix, hurlée comme aux beaux jours d’un BM nordique accompagne les motifs ténébreux, et l’atmosphère générale moite et industrielle enfonce les cauchemars dans les tréfonds d’une nuit sans fin, et rappelle les écoles Sentient Ruin, Eternal Death ou autres Caligari et Iron Bonehead. Cet énorme pavé et une brique de cent tonnes vous tombant sur le coin du nez au coin d’une rue borgne, et le coup de semonce se fait ressentir jusque dans le moindre petit bout de muscle de votre corps. Beaucoup, assez peu rompus à l’exercice du brutal underground jugeront le tout trop compact et linéaire pour être digne d’intérêt. Ceux acceptant tous les modes de communication, reconnaitront le génie créatif des slovaques, qui ne nient pas la mélodie, mais l’utilisent à leur façon, biaisée, maladive, déchargée, pour la reconstruire en mode Frankenstein de l’étrange lors de passages en musique profane et blasphématoire, sur le title-track, énorme de menaces de l’ombre et autres coups portés les griffes aiguisées.
Crédible, inquiétant, dissonant mais logique de bout en bout, ce troisième album incarne à l’image du Deep Web l’autre côté de l’iceberg, cette énorme masse immergée qui menace de remonter à la surface pour percuter les immenses cargos Death/Doom au pavillon légal. Ici, la violence, la brutalité et le chaos sont traités de façon clinique, et parcourent l’échine comme un frisson mortel.
On se dit parfois que le tout résulte d’une gigantesque improvisation, d’une créativité débridée pour ne pas se laisser enfermer dans un carcan trop restreint, mais en tendant bien l’oreille, on comprend vite que la logique et la préparation ont été les deux guides de cet enregistrement sourd et effrayant. 0N0 continue donc son chemin à pas lents, pour ne pas nous perdre en route et nous déposer au purgatoire le plus proche. On appréciera cette intention qui en révèle de plus sombres.
Titres de l’album :
01. Clay Weight
02. Shattering
03. Unwavering Resonance
04. Wander the Vacant Twilight
@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....
30/05/2025, 09:39
Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.
29/05/2025, 22:28
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
24/05/2025, 07:15
Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)
23/05/2025, 19:55
Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)
22/05/2025, 17:52
Si ce qu'il dit est vrai c'est quand même bien bas comme méthode de "licenciement", surtout venant d'un groupe qui prône ouverture, tolérance et respect à longueur de show (ironiquement par sa propre voix en plus...).
21/05/2025, 17:13
J'aime bien ce groupe... c'est dommage que cette collaboration se termine ainsi... En tous cas, faut que je jette une oreille à Downstater...
21/05/2025, 16:13
Groupe Polack + thrash ! On pense immanquablement a Turbo. Et ici ce n'est pas complétement faux avec un son abrasif et des vocaux bien criards. Pas mal du tout cette affaire
21/05/2025, 07:33