Upholders of Evil

Spellforger

02/04/2021

Personal Records

Bandung, Indonésie, et ça thrashe à mort. Avec son line-up hétéroclite et sa différence d’âge à la Macron Brigitte et Emmanuel, SPELLFORGER se moque du conflit des générations, et bouscule tout ce qui se trouve sur son passage. Il faut dire que le quatuor a les arguments de sa méchanceté, et que son Thrash n’est pas de tout repos. Pour peu, on pourrait les prendre pour des brésiliens, des mexicains ou des allemands sur un malentendu, mais leur musique n’échappera pas aux plus sourdingues d’entre vous. Fondé en 2020, et déjà auteur d’un single que l’on retrouve en clôture de ce premier EP, SPELLFORGER est l’archétype de Thrash à fond les ballons, qui ne crache pas sur un brin de technique pour affiner son agression. Visiblement très inspiré par les légendes sud-américaines, mais aussi par les géants allemands KREATOR et SODOM, ces jeunes et pas si jeunes gens nous rentrent dans le lard avec une complaisance rare, produisant au moins autant d’énergie qu’une petite centrale nucléaire.

Soyons franc, et avouons que le tout est aussi original qu’un rot de Tom Angelripper à une fête de la bière bavaroise. Avec des pseudos qui sentent bon l’occulte de pacotille des mid eighties (Horrifier - basse, Lord Tchort - batterie, Invoker - guitare et Middernacht - chant), ces musiciens au long-cours mais plutôt court se réclament d’influences traditionnelles, et citent volontiers les noms de HELLHAMMER/CELTIC FROST, POSSESSED, BATHORY, SLAYER, mais aussi les plus contemporains CRUEL FORCE, DEATHHAMMER, CONDOR, ou INCULTER, histoire d’appuyer sur la saveur corsée Black Metal qui anime leurs intentions cruelles.

Signés sur le label mexicain Personal Records, les indonésiens jouent donc la carte de la bestialité très efficace, et de la vitesse tenace. D’un rythme soutenu, Upholders of Evil ne fait pas dans le détail, mais propose quand même quelques mélodies bien troussées, et des riffs méchamment gonflés. Invoker, très capable avec ses six-cordes nous agresse constamment de ses saccades et de ses licks démoniaques, tandis que la voix rauque et ferme de Middernacht se rapproche des plus grands hurleurs Thrash d’il y a trente ans. Le résultat est donc évident, un massacre organisé, effectué à la machette pour l’amour de l’artisanat, mais des chansons qui en sont vraiment et pas de simples prétextes à la débauche.

Mené tambour battant, et strié d‘harmonies circulaires comme à la grande époque du Thrash allemand et du BM norvégien, Upholders of Evil est un diable sorti de sa boite pour bouffer le cul des chrétiens qui trainent dans le coin. Totalement jouissif, impeccablement produit, professionnel de bout en bout, ce premier EP est révélateur d’un potentiel énorme qui pourrait réconcilier les fans de DESTRUCTION, SLAYER et PROTECTOR, le tout sous le regard bienveillant et attendri des maniaques de SODOM ou MUTILATOR. Avec un nombre conséquent de BPM égrenés par un batteur totalement barge qui ne compte plus les douilles sans avoir mal aux coudes, un vocaliste qui ne rechigne pas à crier comme une belette en hommage à Tom Araya, un bassiste qui accepte son second-trôle et un guitariste inventif et maniaque, SPELLFORGER se rapproche même d’un RAZOR exilé en Indonésie et découvrant les traditions brutales locales. Rien à jeter sur ce premier EP, du premier choix, de la violence brute mais finement ouvragée quand il le faut, et des trucs à terrasser les dragons de Ronnie James et les docteurs nazis de SLAYER (« Black Spellcrafters »).

De quoi passer un bon moment, coincé dans un manège ayant tourné fou, ou en plein milieu d’une émeute populaire se terminant dans le sang et les os brisés. Avec en plus un hit incontournable à son répertoire (« Pestilentia », que le SEPULTURA des jeunes années aurait pu leur envier), SPELLFORGER se jette dans la bataille de toutes ses forces, et charcle l’ennemi à grands coups de riffs assassins et d’accélérations dantesques. Une vraie folie, du talent, de l’investissement, et une passion sans bornes pour la brutalité viscérale font de Upholders of Evil un incontournable de cette année 2021, que je recommande à tous les amateurs de Thrash sauvage joué par des gens civilisés.   

       

                                                                                                                                                                                                      

Titres de l’album:

01. Upholders of Evil

02. Lord of Possession

03. Metal Crusaders

04. Curse of the Lycans

05. Black Spellcrafters

06. Pestilentia


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par mortne2001 le 24/12/2021 à 18:08
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