Error

Motormouth

16/03/2018

Church Road Records

Lorsque des membres de LENG TCH’E et EMPLOYED TO SERVE se rencontrent et décident de disserter sur la scène extrême européenne, que peuvent-ils bien se raconter ? Des histoires de Grind par exemple, ce qui fut exactement le cas de nos amis belges Jan Hallaert et Olivier Coppens et anglais Sammy Urwin. Il faut dire qu’avec le brillant passé/passif des LENG TCH’E, une autre alternative eut été de l’inconscience, pour ne pas dire de l’hérésie. Ou de l’HERESY. Mais les influences de ce nouveau supergroupe MOTORMOUTH ne sont pas forcément à chercher du côté de la perfide Albion, puisque les références revendiquées par ces trois allumés sont plutôt du genre biaisées, comme les TRASH TALK, WEEKEND NACHOS, MAGRUDERGRIND ou ROTTEN SOUND. Mais ceci ne change pas cela, et le résultat est sensiblement le même, puisque nous avons droit via Error à une réussite majeure en termes de Grind qui ne se contente pas d’effleurer la réalité. Les bougres ont même eu droit à une entrée dans la rubrique chroniques du sacro-saint Kerrang, qui a même lâché trois K au passage, un pour chaque membre comme se plaisent à souligner les malandrins. En parlant de réalité, ce premier LP enregistré et produit au Kohlekeller Studio et au Hearse Studio par Kristian Kohlmannslehner et Lander Cluyse, et jouissant d’une superbe pochette signée Wesley Dewanckel en fait grand cas, et aborde quelques problèmes de société assez probants, allant des trolls d’internet aux abrutis qui se livrent à des performances diverses en soirée pour faire les malins. Quinze morceaux pour vingt minutes d’attaque ludique, tel est le menu proposé par un disque qui ne cherche aucunement à révolutionner le genre, mais bien à y apporter sa contribution, d’importance, et parfaitement charmante.

Une fois encore, disserter sur pareil travail n’est pas chose facile, et l’envie de vous renvoyer vers les travaux personnels des musiciens et leurs références avouées est assez tentant. On trouve de tout sur ce premier effort, mais surtout beaucoup d’enthousiasme, à tel point qu’il est possible de l’envisager comme un raccourci entre la folie débridée des LENG TCH’E et l’hystérie des ANAL CUNT, spécialement dans le traitement des voix, même si l’ombre des THE KILL plane au-dessus de certains segments avec insistance. Pas mal de riffs donc, tous plus directs les uns que les autres, des ambiances, une certaine attitude festive mais revancharde, et pas mal de breaks, de cassures, de changements de rythme, pour une valse sans hésitation nous baladant dans les couloirs et recoins d’un Grind qui refuse l’uniformité et qui n’a rien oublié de ses racines Hardcore. Pas mal de musicalité dans la démence donc, et des titres qui tiennent debout tout seuls, refusant la facilité des embardées condamnant par principe ce genre de réalisation à une répétitivité redondante. L’enchevêtrement des voix diablement effectif, le son très analogique de l’ensemble nous permettent de découvrir une bonne dose de Thrashcore à tendance Grind baignant dans son jus, mais privilégiant une musicalité nous laissant considérer Error comme une pièce musicale, et non un simple exutoire pour bargeots en mal de désossage de fagots. Et à vrai dire, cette première collaboration colle de près au trait précis de sa pochette, et nous enchante de morceaux qui en sont vraiment, et non de vulgaires embardées jouées précipitamment pour justifier d’un sceau Grind accolé un peu trop facilement.

Tout ça nous renvoie parfois aux origines du Core et du Grind tel qu’il était pratiqué par les UNSEEN TERROR (« Alter Ego »), mais nous ramène aussi aux exactions contemporaines joyeuses des WEEKEND NACHOS, lorsque le Crust s’invite au banquet pour dénoncer les travers de quelques contemporains en mal d’attention. De temps à autre, l’inspiration se veut fluctuante, et adopte la position de biais des fameux trolls d’Internet, qui n’ont d’autre chose à faire que de rester le cul sur leur fauteuil pour s’incruster dans tous les débats, spécialement ceux qu’ils ne comprennent pas (« Keyboard Warrior », juste et irrésistible). Beaucoup d’envie donc, une grosse dose d’énergie, et des chapitres qui ne dépassent jamais les deux minutes histoire de rester focalisés sur des plans efficaces et mesurés. Aussi léger qu’il n’est profond, aussi anecdotique qu’il n’est indispensable, ce premier effort des cosmopolites européens de MOTORMOUTH est une saine réaction contre les olibrius qui s’ingénient à nous compliquer la vie, et respecte la tradition d’un Grind qui pointe du doigt les travers et autres casse-burnes divers. Rythmique évolutive et enlevée, guitare compréhensible qui tronçonne des riffs clairs et puissants, chant un peu étouffé qui semble geindre ses récriminations avec véhémence lasse (« Dad Rock »), et soudains déversement de blasts pour ne pas qu’on oublie les besoins pressants. C’est fort bien joué (mais comment aurait-il pu en être autrement avec des gus d’un tel calibre ?), crédible et enlevé, mais pas précipité, et d’une brièveté qui ne lasse jamais, et si l’on sent parfois les accointances passées des musiciens impliqués (certains passages font méchamment penser à une version expurgée des LENG TCH’E), on note quand même que l’osmose entre les trois membres du trio est patente, et permet de dégager des pistes excentrées.

Bourrin mais malin, puissant mais virevoltant, Error ne mérite pas son titre, mais en relève quelques-unes, sous prétexte d’une récréation qu’on espère projet viable sur le long terme. On prend vraiment son pied à replonger dans les affres d’un Grind qui n’a pas tenu compte des évolutions de la technologie, et qui a su rester viscéral et plein d’envie. Et que celui capable de résister à des bourrasques barges de la trempe de « Social Hell » et son ambiance Mosh ou « Die For The Weekend », plus épileptique qu’une fiesta organisée par les WEHRMACHT de Biermacht me jette le premier kit de Mick Harris en pleine gueule.


Titres de l'album:

     1.Humble Pie
     2.You're Impressing No One
     3.Ear Torture
     4.Gap Year
     5.Keyboard Warrior
     6.The Punisher
     7.Enter The Matrix
     8.Dad Rock
     9.Mind Of A Wanna Be
     10.Social Hell
     11.Elitst Enforcer
     12.Die For The Weekend
     13.Alter Ego
     14.Spoilt Rotten
     15.Miserable Shit

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par mortne2001 le 21/05/2018 à 18:35
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