Sept morceaux, une trentaine de minutes, la méthode BARBARIAN n’a pas changé d’un pouce depuis notre dernière rencontre à l’occasion de la sortie de To No God Shall I Kneel il y a trois ans, et j’aurais tendance à dire que c’est tant mieux. Car BARBARIAN est une méthode qui marche, qui frappe fort, intensément, et qui s’en va non sans vous avoir au préalable fait perdre quelques décibels à votre audition. J’avais dit tout le bien que je pensais de ce trio florentin la dernière fois, je ne vais donc pas utiliser les mêmes épithètes et attributs ici, mais force est de reconnaître que ces marsouins n’ont pas perdu la foi, et qu’ils continuent de saper les fondations de la civilisation moderne de leur Speed/Thrash subtilement noirci d’une touche de BATHORY, HELLHAMMER, POSSESSED et du MAYHEM des jeunes années.
Alors, ce Viperface est-il une vipère qui vous siffle aux oreilles et qui vous mord en une fraction de seconde ? Oui bien sûr, puisque Borys Crossburn (guitare/chant) et ses deux acolytes Blackstuff (basse) et Sledgehammer (batterie) essaient toujours de nous entraîner dans des aventures mortelles du côté de Florence, la mine patibulaire et la connaissance du Black/Thrash en étendard sanglant.
En regardant les photos promo, aucun doute ne subsiste. Les italiens sont toujours ces voraces qui ne se sont jamais remis de l’écoute du Morbid Tales de CELTIC FROST, qui qui continuent bon an mal an à distiller des riffs pondus par le grand mage Tom Warrior, le roi du lick circulaire redondant et gentiment satanique. Un riffeur/grogneur en chef, une section rythmique capable et rapide, les antihéros sont toujours du côté du peuple, et braillent leurs cauchemars et rêves à un niveau assez intense, pour nous entraîner dans une folle sarabande en voyage dans le temps, circa 1984/1985, alors que l’extrême s’éveillait à des instincts encore plus extrêmes.
On appréciera donc la crudité de l’ensemble, mais aussi sa production merveilleuse, précise, ciselée et totalement brillante, légèrement en contradiction avec la direction artistique gauche, mais qui permet justement d’apprécier tous les détails qui enrobent cette attaque massive des sens, comme le souligne si bien le monstrueux et totalement irrésistible hit de l’enfer « Viperface ». En plaçant ce tube sombre en entame d’album, les florentins ont joué la bonne carte, nous rendant immédiatement accro à leur barouf, toujours aussi compréhensible mais néfaste pour la santé mentale. Paillard autant que ce genre de concept peut l’être, Viperface est en quelque sorte un chaudron géant dans lequel cuisent des restes d’HELLHAMMER, AT WAR, ABATTOIR et VENOM, et qui une fois portés à ébullition nous flattent les naseaux de leur subtile odeur de viande faisandée.
Loin du fast-food Metal nostalgique, BARBARIAN est un artisanat recommandable, et une table succulente qu’on se refile entre initiés. Certes, le menu est convenu et varie rarement, mais les mets sont copieux, et inutile de prévoir un dessert : votre estomac ne s’en remettrait pas. Parce qu’entre cette énorme basse à la Cronos/Lemmy, ces quelques mélodies vicieuses qui regardent sous les jupes, et cette batterie ludique qui se permet quelques figures plus ou moins incongrues (« Chant of the Inflicter », presque épique dans les faits, mais mauvais comme un pitbull privé de facteur), le tableau est complet, et le plaisir décuplé. Encore plus professionnel qu’il y a quelques années, le trio est aujourd’hui une vraie référence dans le créneau du Black/Speed/Thrash, et ce cinquième album une balise posée sur le bord de la route pour indiquer la distance séparant les vrais passionnés des opportunistes méprisables.
L’Italie donc, un pays qui depuis les années 80 a bien comblé son retard, mais qui n’a pas oublié sa propre scène bestiale. On retrouve donc toujours quelques poussières de BULLDOZER dans cette musique sans pitié qui a certainement signé un partenariat avec les ORL, et si les morceaux prennent leur temps en dépassant souvent les cinq minutes, l’intelligence des musiciens et de leurs plans multiples permettent d’éviter l’écueil de la redondance fatale et de la redite banale.
On headbangue, on ressort ses vieux clous, on nettoie au chiffon antistatique sa collection de vinyles des eighties, et on se régale de ce bain de lave, entre mid vraiment agressif et menaçant (« Whisper My Name »), et abattage Black Thrash à carreaux digne de bucherons canadiens en rogne contre leur patron (« Charity Defiler »).
Du bon, du très bon, et pas de moins bon. C’est ce qu’on peut retenir de cet album qui procure beaucoup de plaisir, et qui renvoie les vulgaires copieurs dans les limbes de l’indifférence. On savoure ces intros toujours bien trouvées, ce son si épais et lourd (« A Feast for the Beast », véritable massacre dans des enfers douteux et souillés), et cette lucidité quant à l’inspiration, qui pousse à écrire un hymne transgénérationnel comme le génial « Regressive Metal », qui de son titre et son texte expose le point de vue déjà très clair des BARBARIAN.
Une bande-son que le génial George Miller aurait pu utiliser pour son chef d‘œuvre Mad Max - Fury Road, et qui donne envie de cramer du gasoil malgré son prix prohibitif. On peut manger avec les doigts et ne pas roter à table, et c’est une des leçons que les italiens nous inculquent avec cet impitoyable Viperface, qui est tout sauf une langue de.
Titres de l’album :
01. Viperface
02. Chant of the Inflicter
03. Whisper My Name
04. Charity Defiler
05. A Feast for the Beast
06. Fourteen Daggers
07. The Merchant Of Bones
08. Regressive Metal
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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