La pauvre Jeanne entendait Dieu lui parler dans sa tête, lui ordonnant de bouter les Anglais hors de notre pays. Cette héroïne nationale dont le symbolisme fut tristement récupéré par un parti tristement irrécupérable finit part périr sur le bucher, non sans avoir inventé au passage une des coupes de cheveux les plus improbables de l’histoire.
Que lui chantaient donc les ménestrels ? Des airs de conquête, des mélodies guerrières, ou quelques ballades aux mélodies que Céline Dion aurait pu reprendre à son compte ?
Que nenni. Le barouf répandu par ces musiciens se devait d’être à la hauteur de la réputation belligérante de la combattante de l’absolu, et gageons que le tambourin devait voir s’agiter ses clochettes à bon rythme.
Les WORMROT entendent aussi des voix, du moins c’est ce qu’ils nous affirment sur leur troisième album, mais les leurs doivent propager un message encore plus fou que celles qui torturaient la psyché de la femme coupée au bol et rôtie au vol.
Nous étions sans nouvelles de notre groupe de Singapour préféré depuis…cinq ans. Leur second longue durée, Dirge vit le jour en 2011, ce qui fait donc de WORMROT l’un des groupes extrême ayant imposé le plus long hiatus.
A tel point qu’on se demandait même s’ils n’avaient pas disparu corps et blasts dans l’inconnu asiatique…Celui qui a effectivement disparu, c’est leur batteur Fitri, qui un jour s’est tiré sans demander son reste ni envoyer le moindre texto rassurant. Mais ayant toujours connu des problèmes de line up, Arif (chant) et Rasyid (guitare) s’accommodèrent tant bien que mal de cette étrange désaffection, et débauchèrent Vijesh au kit pour continuer d’inscrire leur nom sur la stèle de la légende Grind, née je vous le rappelle il y a presque trente ans avec le séminal Scum de NAPALM, sorti sur Earache, qui s’occupe aussi de la destinée de nos héros favoris.
Cinq ans, vingt morceaux et vingt-six minutes pour rattraper le temps perdu, qui finalement sera passé assez vite. En deux albums, les Singapouriens avaient acquis une très respectable réputation dans l’underground bruitiste, mais dans cette faune surpeuplée ou les engeances grandissent plus vite que les idées, les modes passent vite et les amours d’hier deviennent l’indifférence de demain.
Qu’à cela ne tienne, le trio continue son parcours sans se préoccuper du qu’en dira-on, et avancent le bruit de leurs concepts, en signant un album certes moins sauvage que la moyenne, y compris la leur, mais terriblement accrocheur, pour peu que ce style sans compromis soit votre bol de saké favori.
L’alcool frelaté de Voices est à la hauteur de ces discussions qui hantent les pensées intimes des trois musiciens à la précision infime, plutôt fort en bouche, mais assez modéré eut égard aux standards du style et même des préceptes déjà établis par ces mêmes tarés sur leur entame de carrière dégénérée. Des espaces sont aménagés pour vous ménager, et instaurent des climats plus ou moins poisseux qui privilégient les embruns Doom vénéneux, sans pour autant perdre de vue le but initial. Vous noyer sous un tsunami de blasts, d’accélérations Crust incroyables et de hurlements porcins délectables.
Seulement, en cinq ans, WORMROT a appris à maîtriser sa furie et à singer les meilleurs tics des références du genre. La folie est toujours là, et vous prend en traître par ses fulgurantes montées dans les G, et finalement, Voices fait sonner le groupe de Singapour comme un karaoké géant aux micros partagés par NAPALM DEATH, THE KILL et BRUTAL TRUTH, bien entamés par les vapeurs de la soirée.
Bon après je vais vous la faire courte, parce qu’après tout, vous avez compris le truc depuis longtemps. Cinq ans depuis Dirge, mais Voices aurait tout aussi bien pu sortir en 2012 puisque les WORMROT n’ont pas changé d’un iota leur formule toujours aussi lapidaire. Toujours cette sympathique alternance entre bourrasques de blasts et up tempi Crust de palace, ça charcle dans tous les coins mais ça reste malin. Plus fou qu’un Make ‘em Suffer de THE KILL et moins malsain qu’un Endtime de BRUTAL TRUTH, et finalement pile entre les deux, Voices accumule les morceaux de bravoure et démontre que les Singapouriens sont toujours prophètes en leur pays, sans forcer, juste en laissant leur nature sauvage parler.
Tout ça est de l’excellent Crust Grind, doté d’un son bien épais, le changement de cogneur ne change justement pas grand-chose, et le ballet outrancier se termine dans une débauche de lourdeur oppressante avec un « Outworn » qui après une entame apocalyptique limite Goregrind, tombe dans l’Induscore presque Doom très dérangeant et secoué de vocaux stridents qui écorchent les oreilles.
Avec un truc pareil dans les votres, il est fort probable que quelques siècles en arrière, on vous eut coupé les tifs façon écumoire et envoyé sur une pile de bois pour vous cramer.
Mais après tout, flamber avec Voices dans les canaux est une façon comme une autre de passer de vie à trépas. L’objet en question est disponible via les Anglais (encore eux…) d’Earache en version CD et vinyle, et comme c’est bientôt Noël, ne gâchez pas l’occasion d’offrir une belle rondelle à toute la maison.
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49