L’énorme clin d’œil de cet album n’aura échappé à personne, puisque son titre fait référence à l’une des œuvres majeures de la discographie de JOURNEY. Souvenez-vous, « Suzanne », « Girl Can't Help It », « Positive Touch », 1986, JOURNEY s’adapte aux années 80 en s’éloignant du Hard Rock mélodique de ses seventies pour se rapprocher du son AOR des ondes américaines des eighties. Les suédois d’ANGELINE s’en rappellent eux, sans problème, et célèbrent d’ailleurs cette époque avec leur quatrième album port-reformation, We Were Raised on Radio. Et à l’époque où ces jeunes gens écoutaient la radio, les tubes de JOURNEY devaient encore y passer en heavy rotation, tout comme ceux de John Cougar Mellencamp, WHITESNAKE, BON JOVI, et tous les trusteurs d’heure de pointe qui ont vendu des palettes entières de disques grâce aux support des médias. Il est certain qu’en Suède, l’avènement de EUROPE a dû aider le Hard mélodique à se propager jusque dans les pays épargnés par la vague californienne, pourtant, ANGELINE porte encore les stigmates de cette déferlante, certainement à cause de la date de sa formation, à la fin des années 80. Je vous avais déjà entretenus ici de la réédition de leur chef d’œuvre de 2011, sorti en 2018, Disconnected, et j’aurais pu en faire de même avec le magique Shadowlands, publié la même année qui développait les mêmes qualités. Alors je rattraperai mon retard aujourd’hui en cédant la place à la nouveauté 2021.
C’est donc avec un immense plaisir que je croise à nouveau la route de Jocke Nilsson (guitare/chant), Janne Arkegren (guitare), Uffe Nilsson (basse) et Tobbe Jonson (batterie), pour un passage en revue de toutes les tendances musicales Rock à la mode il y a quelques décennies. Pour annoncer ce retour trois ans après leur dernier effort, les quatre suédois n’ont pas lésiné sur les trailers, et nous ont balancé une palanquée de singles tous aussi imparables les uns que les autres. Et si se placer sous l’égide de la nostalgie est toujours un pari risqué, celui tenté par We Were Raised on Radio est une fois de plus remporté haut la main par des musiciens s’offrant un flashback de jeunesse qui permet à leur musique de nous rajeunir encore un peu, malgré nos cinq décennies bien tapées.
ANGELINE n’a absolument rien changé à sa recette magique, et utilise toujours les mêmes ingrédients. Après tout, les racines du groupe sont fermement plantées dans la terre qu’ils remuent aujourd’hui, mais encore faut-il avoir gardé son savoir-faire intact pur évoquer cette période bénie. Le quatuor, souvent comparé aux incomparables HAREM SCAREM continue donc sur sa lancée de recherche de hit perpétuelle, et nous sert sur un plateau de souvenirs des tubes comme il en pleuvait le vendredi soir, du côté des Etats-Unis. Ce quatrième album du comeback à de faux airs d’émission de radio magique passant en revue tous les succès du moment, tâtant de l’AOR et de la POP pour mieux imposer un Hard FM de très grande qualité, et avec moins de quarante minutes à son compteur, We Were Raised on Radio développe une grosse demi-heure sans DJ, mais avec cowbell bien frappée (« Baby Come Back ») et des gimmicks harmoniques typiques.
Tout commence avec « Helpless », qui pourrait sans peine passer pour le générique d’un de ses soaps dont les américains sont si friands. Guitares agressives mains nivelées par le mix, chant hargneux mais souple, et évidemment, mélodie imparable en étendard pour nous ramener loin en arrière, lorsque la distorsion s’accordait très bien de refrains Pop totalement fédérateurs. En un seul morceau, ANGELINE brosse un tableau très précis de la situation musicale dans les années 80, puise dans son propre coffre à partitions, mais louche aussi sur les recettes des plus grands de l’époque, sans les plagier. L’effet est évidemment inévitable et immédiat, et un immense sourire se dessine sur notre visage, puisque la musique du groupe dégage cette euphorie de l’adolescence qui nous manque à tous. Du très classique, du fondamental, mais un art consommé de la note placée au bon moment, et des chœurs puissants, pour un festival d’orfèvrerie qui remet les pendules à l’heure des montres digitales qu’on portait fièrement au poignet.
« Closer » continue sur la même lancée d’équilibre parfait entre énergie et romantisme, et nous propulse même vers les paradis mélodiques les plus purs, encore une fois à la manière du HAREM SCAREM le plus performant. Le groupe est en forme et en pleine osmose, et trouve immédiatement sa vitesse de croisière, enchaînant les hits avec une facilité déconcertante. En jouant sur du velours encore plus doux que les superstars de l’époque, le combo suédois prouve que son pays est vraiment devenu le maître en la matière, pays qui n’avait pourtant pas grand-chose à offrir à l’époque.
« My Heart Won't Let You Go » joue un peu plus moderne avec ses allusions alternatives bien intégrées, mais c’est « Raised On Radio » qui enflamme les cœurs, avec son up tempo rappelant le « Blood on Blood » de BON JOVI. Aucun temps mort, aucun grain de sable dans les interstices, mais une variété de ton qui fait plaisir à entendre, avec des inserts plus Heavy (« Remission », au riff énorme), des accélérations jumpy (« Closer To Forever »), un brin de tendresse avec acoustique en délicatesse (« Come What May »), et en gros, tout ce qui séduisait les ondes en cette ère reculée.
Si cet album était sorti en 1986/87, il aurait indéniablement fait un carton et trusté le Billboard à chaque sortie de 45 tours. Aujourd’hui, il incarne un flashback des plus séduisants, euphorisants, galvanisants, avec toujours en exergue des mélodies semblant sortir de nulle part et des refrains à faire fondre les groupies FM les plus difficiles (« Halfway To Anywhere »). Sans avoir assez de recul, mais en connaissant la discographie du groupe, je peux d’ors et déjà affirmer que We Were Raised on Radio fait partie des plus grandes réussites d’ANGELINE, puisque tous ses morceaux se reprennent en cœur. J’ignore si We Were Raised on Radio finira par acquérir le statut culte de son illustre modèle Raised on Radio, mais il est certain qu’on le réécoutera dans dix ans avec le même plaisir.
Titres de l’album:
01. Helpless
02. Closer
03. My Heart Won't Let You Go
04. Raised On Radio
05. Remission
06. Closer To Forever
07. Baby Come Back
08. Come What May
09. Halfway To Anywhere
10. Welcome To Paradise
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11