Comment va la Bretagne ? Visiblement, le climat continue d’inspirer les groupes locaux, qui selon le dossier établi par notre cher confrère de Metalnews il y a peu, alimentent le bestiaire Heavy et Hard depuis des années avec une foi sans failles. Et depuis 2008 justement, un trio de musiciens originaires de cette sublime région à la météo pour le moins capricieuse s’arrange de l’atmosphère pour la mettre en relief au travers d’une musique imperméable, ce qui est toujours pratique. Les STONEBIRDS n’en sont évidemment pas à leur coup d’essai, puisque Collapse And Fail est déjà leur quatrième album, neuf ans après Slow Fly, cinq ans après Into the Fog... and the Filthy Air, et trois ans après Time qui définissaient déjà en tant que triptyque l’orientation du combo. Et cette orientation est d’ailleurs plurielle, les trois amis ne se contentant pas d’un monolithisme pesant, certes pratique au moment de le situer, mais qui resterait stérile en termes de création. C’est donc sous la forme d’un nouvel effort métissé que la bande se rappelle à notre bon souvenir, avec toujours en exergue, ce mélange entre Sludge vraiment poisseux, Post-Hardcore nauséeux mais mélodique, et Stoner légèrement sous-jacent pour ne pas nuire à la puissance de l’ensemble. Mais après tout, un groupe ne se revendique pas de l’influence d’UFOMAMMUT, CULT OF LUNA, CHELSEA WOLFE, JESU ou YOB pour faire joli et séduire les amateurs de pesanteur, et une fois encore, Collapse And Fail fait tomber les barrières entre les genres, mais présente surtout le visage d’un groupe sûr de son fait, et ayant trouvé sa direction depuis très longtemps.
Enregistré live, mixé et masterisé au Kerwax Studio (Loguivy-Plougras) par Christophe Chavanon et Thomas De Fraguier, produit par Christophe Chavanon et le groupe lui-même et décoré d’un artwork signé DZO, Collapse And Fail est le type même d’album qu’on écoute, et qu’on réécoute pour en saisir toutes les subtilités, puisque les STONEBIRDS sont loin de se satisfaire de quelques riffs maousses sur fond de rythmique massive. S’ils ont ouvert pour des références comme UFOMAMMUT, MARS RED SKY, GLOWSUN et ALUNAH, s’ils ont foulé la scène du Hellfest et du Motocultor, il n’y a aucun hasard, la qualité de leur musique parlant d’elle-même. Cette musique est justement en trompe-l’œil et terriblement franche à la fois, ce qu’on comprend assez vite en s’envoyant le diptyque d’intro « Only God » / « Stay Clean ». Entre Sludge vraiment costaud et Post Hardcore moins systématique que d’ordinaire, ce troisième album propose un voyage aux confins de la galaxie Space-Heavy, sans les tics les plus psychédéliques et irritants du genre. Mais les morceaux peuvent très bien évoquer les PRIMITIVE MAN, NEUROSIS, KYUSS, THE OCEAN sans citer l’un ou l’autre, et avec une énorme basse proéminente maniée avec efficience par Sylvain, le propos est épais, et se repose sur une multitude de thèmes traités comme un seul et unique. Evidemment, les dissonances, les breaks embrumés, les harangues vocales écorchées font partie du vocable, mais les inserts planants et éthérés sont aussi de la partie, permettant à un chant clair de se faire une place au milieu des hurlements cathartiques.
« Stay Clean » est justement l’apogée de cette constatation, qui fait office de fait au final, et c’est donc en deux morceaux et quinze minutes que le trio entérine son retour de la manière la plus franche qui soit. On est immédiatement happé dans ce vortex qui avale tout sur son passage, à la manière d’un trou blanc non d’antimatière, mais de matière organique permettant une vie différente dans une autre dimension. Les influences Post-Metal revêtent aussi des atours Post-Rock, lorsque la guitare de Fañch Le Corre se cale sur des arpèges doucereux pour évoquer une rêverie cotonneuse, immédiatement perturbée par un gigantesque riff à la CULT OF LUNA. La thématique est faussement d’usage, trompeusement conventionnelle, car le trio s’arrange toujours pour placer des arrangements personnels sur le chemin du traditionalisme. On se prend à rêver d’un TENGIL moins porté sur les brisures systématiques, ou à un NEUROSIS enfin apaisé de ses névroses, mais l’identité propre des bretons ne laisse planer aucun doute : leurs chansons ne doivent pas grand-chose aux références étrangères, et ce quatrième album est celui qu’on appellera « de la maturité » par facilité. Les ingrédients ont été mélangés avec un sens aiguisé du dosage, et les transitions entres les longs pamphlets sont assurées avec classe par des morceaux plus courts, mais pas moins fertiles. Certes, un monstre comme « Turn Off the Light » achève de nous convaincre de l’allégeance de la troupe au mouvement Sludge le plus poisseux et pesant, mais les modulations du chant, les parties de guitare mouvantes permettent de s’extraire d’une charge unidimensionnelle, même si la puissance dégagée équivaut à celle d’une méchante tempête bretonne.
Ne laissant jamais leur inspiration divaguer inutilement au-delà du raisonnable, les STONEBIRDS s’accrochent à la pertinence, et osent même des fluctuations typiques du Metal alternatif des nineties, avec cette patine DEFTONES sur le mélancolique « Fade Away ». Tout est ici mesuré, mais garde sa spontanéité, ce qui permet à Collapse And Fail de sonner vrai, alors que bon nombre d’efforts du créneau paraissent forcés dans la lourdeur et l’oppression. Ici, le sentiment de claustrophobie est illustré par une absence totale de silences, par une alternance furieuse entre colère et apaisement, et le résultat est une merveille de violence sourde et sombre, à l’image d’un week-end breton passé en ciré et dans la déprime météorologique la plus absolue. Néanmoins, il y a toujours de la beauté même dans la tristesse, et ce quatrième LP en est l’illustration la plus parfaite, et donne méchamment envie de prendre sa voiture pour une excursion sur les côtes locales. Une réussite brutale, mais aussi une sorte de carte postale envoyée par des amis vous décrivant une réalité sans fard.
Titres de l’album:
01. Only God
02. Stay Clean
03. Down
04. Turn Off the Light
05. Fade Away
06. Collapse and Fail
Yes, c'est en cours de rédaction. Au camping, nous n'avons pas été impacté par l'orage, pas de dégâts en tout cas.Merci à toi de t'être présenté à moi, c'est toujours cool de croiser des pa(...)
17/05/2025, 18:12
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04