Empire of the Sun

Thorium

05/03/2021

Freya Records

Trois ans après leur premier album éponyme, les belges incendiaires de THORIUM reviennent à la charge pour confirmer les avis positifs dégagés par leur premier témoignage. Pour les étourdis, je rappelle que le groupe a été formé par trois anciens OSTROGOTH, groupe légendaire de la NWOBHM (New-wave of Belgian Heavy Metal), Dario Frodo (guitare), Stripe (basse) et Tom Tee (guitare), trois musiciens aguerris ayant capitalisé sur leur expérience acquise au sein de ce mastodonte du Heavy Metal belge. Et c’est donc après avoir prouvé qu’ils étaient toujours capables d’innover que les trois camarades nous en reviennent via le label batave Freya Records, animé d’un esprit bouillonnant d’idées pour nous servir encore brûlants les douze morceaux de cet Empire of the Sun qui risque fort de faire s’évanouir les ténèbres sous un soleil de plomb. Pour ce faire, les compositeurs sont allés chercher dans leur cœur et leurs tripes les thèmes nécessaires à l’élaboration d’une œuvre définitive, et autant admettre que ce second long a de quoi impressionner les plus puristes des fans de Power et Heavy Metal.   

Produit et enregistré par le guitariste du groupe Tom Tee, mixé et masterisé par Simone Mularoni (DGM, MICHAEL ROMEO, GEOFF TATE, RAY ALDER), et flanqué d’un artwork signé Velio Josta, Empire of the Sun a donc été peaufiné dans les moindres détails, et bénéficie d’un mélange parfait de professionnalisme et de fraîcheur. Epaulés dans leur tâche par le batteur Louis Van der Linden (23 ACEZ) et le formidable chanteur David Marcelis (BLACK KNIGHT, LORD VOLTURE, ex-CONQUESTADOR, ex-METHUSALEM, ex-FIREFORCE), les trois leaders ont donc fait le tri dans leurs idées pour n’en retenir que les plus porteuses et fédératrices. De fait, l’album se présente selon un découpage assez ambitieux, avec en première partie des morceaux immédiats et puissants, et en clôture une gigantesque trilogie de près de vingt minutes, qui confirme définitivement les aspirations épiques et progressives du quintet.

Pour accoucher d’un tel bébé, le groupe n’a pas hésité à convier au banquet de l’emphase quelques noms connus de la scène, qui sont venus lâcher quelques incarnations vocales. Nous retrouvons donc sur la guest-list des noms comme ceux d’Arjen A. Lucassen (AYREON) et Joe Van Audenhove (EVIL INVADERS), le groupe confiant même les rennes de la narration de l’aventure à Norman Eshley (BLIND GUARDIAN) pour élargir leur son. Evidemment, avec un tel soin apporté à l’ensemble, il n’est guère étonnant de constater qu’Empire of the Sun sonne monstrueusement grand, et qu’il se rapproche d’un savant mélange entre le QUEENSRYCHE des débuts, et le BLIND GUARDIAN au sommet de sa forme des nineties.

Pourtant, la recette employée est toujours la même, mais fonctionne encore une fois à plein régime. Du lyrisme exacerbé par la voix puissante de David Marcelis, qui n’hésite jamais à partir dans des aigus stratosphériques, des riffs massifs qui n’hésitent pas à faire place à des harmonies plus légères employées par MAIDEN, une basse proéminente qui arrondit les angles, et une alternance de tempi qui confère aux morceaux cette patine tragique et romanesque dont ils avaient impérativement besoin. C’est donc à un concept album solide et passionnant auquel nous avons affaire, et alors que les morceaux distillent leur histoire et leur atmosphère dans nos tympans, on se prend de passion pour ce Metal pur et franc, et assez sophistiqué pour ne pas se contenter d’une bouée vintage hâtivement attrapée après un naufrage. Entre Heavy vraiment opératique mais instinctif, et Power Metal débridé et effectif, le groupe taille sa route et raconte ses légendes, et « Exquisite » de placer la barre suffisamment haute pour que les esthètes du Power adoubent le groupe sans se poser de question. Saccades, rapidité de l’exécution, précision dans la brutalité, et légèreté mélodique, telles sont les armes majeures d’un combo à l’expérience solide, qui n’hésite jamais à mettre en relief les capacités individuelles sans nuire à la cohésion d’ensemble. En trois minutes, nous sommes happés par ce vortex d’énergie incroyable, qui nous entraîne aux confins des mondes Heavy et Power, et même si les ficelles sont connues et visibles, le tour de magie n’en est pas moins bluffant. On retrouve cette énergie folle sur le morceau « The Old Generation », qui sonne comme du RIOT nouvelle génération, mais entre ces deux chapitres, les musiciens prennent soin de placer sur le chemin des titres plus classiques et posés.   

Des titres qui font d’ailleurs le lien avec leur passé récent, comme le prouve « Powder and Arms II », qui nous ramène trois ans en arrière sur le premier LP éponyme, et qui sonne comme un inédit de STRATOVARIUS très léché. Les chœurs sont évidemment proéminents, les harmonies vocales et de guitare aussi, mais malgré son formalisme assumé, Empire of the Sun se démarque de son énergie de ne se démentant pas, et de sa foi en une musique pas si simple qu’il n’y parait.

Les hymnes répondent tous présent à l’appel, entre Heavy très prononcé et redondant (« More Than Meets The Eye », « Winterfall »), et allusions à l’héroïsme de la NWOBHM (« More Than Meets The Eye »). Mais c’est évidemment le gros morceau final qui se veut centre de toutes les attentions, et autant dire que la première partie de l’album a été incroyablement bien aménagée pour faire durer le suspense. La suite « 1302 » est donc le point d’orgue de ce deuxième album, accueillant des invités de marque, et cédant le pas à l’acoustique pour retrouver les racines Folk sans dénaturer la puissance. Immédiatement, l’impulsion médiévale s’impose, et le mélange des voix opère à plein régime. Cette énorme chanson de geste est un véritable tour de force, et après la courte mais délicate intro « The Minstrel part I », c’est le nerf de la guerre « The Golden Shadow » qui étale sa belligérance avec une poigne très ferme. De là, tout y passe, BLIND GUARDIAN, MAIDEN, HELLOWEEN, AYREON, sans que les belges n’y perdent leur identité. On se croirait revenu à l’époque bénie du HELLOWEEN des deux volumes Keeper, et la nostalgie agit comme un sérum de jeunesse qui nous fait replonger en pleine adolescence.   

D’espoir solide, THORIUM accède aujourd’hui au statut de valeur sûre de la scène Heavy/Power, en nous servant l’album le plus frais de ce premier trimestre 2021. Un album au goût de « reviens-y » très persistant, qui supportera un nombre conséquent d’écoutes avant de révéler tous ses secrets et toutes ses richesses.

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Dreams of Empire (a pastorale)

02. Exquisite

03. Powder and Arms II

04. Where Do We Go

05. More Than Meets The Eye

06. Empires in the Sun

07. The Old Generation

08. Winterfall

09. Itching and Aching (Dead-Eyed Society)

10. 1302 - The Minstrel part I

11. 1302 - The Golden Shadow

12. 1302 - The Minstrel part II


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par mortne2001 le 16/03/2021 à 14:21
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