Anecdote toujours importante. Et cocasse parfois, dans le cas de ce jeune duo aux aspirations étranges. Plantons le décor.
Daniel Daris (guitare/basse), joue son premier show dans un fast-food. Le Black/Death proposé est direct, mais l’audience est condensée. Pas plus de quatre personnes dans le public ce jour-là, dont Marie-Claude Fleury (chant/hautbois/cor anglais/programmation). Logiquement, l’histoire aurait pu s’arrêter là, mais les deux musiciens se trouvent des points communs, et décident de tenter le coup d’une aventure pas comme les autres, loin des canons de la mode musicale, pour accoucher d’un style aussi bizarre que violent. Sur The Metal Archives, on ne s’embarrasse pas de principes, et on qualifie la collaboration de Gothic/Doom/Death Metal. Pratique quand on n’a pas envie de se creuser la tête, ou qu’on souhaite à tout prix coller une étiquette sur une musique libre.
Et la musique de DISORIENTATION évolue justement sur un plan espace/temps différent. Enregistrant sur du matériel de fortune et dépassé depuis des années, des guitares cheap et des effets faciles, Daniel et Marie-Claude se concentrent donc sur leur inspiration, développant leur originalité à grands coups de changements de direction, et d’intégration d’instrumentation iconoclaste.
Et pour une fois, pas de saxo à mettre en avant. Cet instrument qui sert souvent de caution à l’avant-garde pour mériter son étiquette est aux abonnés absents, ce qui n’empêche guère Marie-Claude de souffler. Dans un hautbois, dans un cor, pour obtenir des sonorités étranges et légèrement faussées, le tout souligné de sa voix de caméléon, capable de grogner Black, de geindre Gothique, et de vocaliser symphonique.
DISORIENTATION nous offre donc un deuxième EP, deux ans après cet éponyme qui avait chatouillé la curiosité de l’underground. Les progrès accomplis sont clairement quantifiables, tant Survival Mode augmente toutes les doses, l’originalité, la brutalité, la singularité, et donne parfois le sentiment d’offrir un cadre extrême à une diva de la trempe de Diamanda Galas, même si l’agence de promotion préfère citer les plus classiques FEAR OF GOD, CRISIS, SHOW OF BEDLAM, LIVA, ou CELTIC FROST.
Pas faux, mais pas totalement vrai non plus. Si la tutelle de FEAR OF GOD peut se sentir au détour d’une inflexion vocale rauque, si l’esprit de contradiction opératique du CELTIC FROST d’Into the Pandemonium a pesé sur le pour et le contre des plans assemblés avec malice, le reste est assez flou, trop pour être réduit à un parrainage classique.
Yoko ONO, Diamanda GALAS, MYRKUR, PARADISE LOST, DEATHSPELL OMEGA, la scène extrême expérimentale japonaise, et même parfois les lyriques NIGHTWISH, tout est compris, le service aussi. Avec une frontwoman aussi unique que Marie-Claude, DISORIENTATION peut s‘appuyer sur une créativité incroyable, histoire de bien expliquer pourquoi ce nom a été choisi parmi tant d’autres. Et en faisant preuve d’un peu d’imagination, on visualise assez bien une Castafiore de studio se laissant aller aux joie du LSD, pour enregistrer une œuvre absconse, dérangeante, psychédélique, bruitiste et dadaïste et s’écarter du chemin bien tracé de l’opéra et de toutes ces obsessions classiques jouées sur un orgue Bontempi encore en état de marche.
Nina HAGEN qui traîne dans les couloirs, Haendel qui compose pour Frank ZAPPA et les MOTHERS, un voyage sans repères, mais qui fait un bien fou dans une époque standardisée à outrance et plus occupée à regarder en arrière qu’à innover vers l’avant. En trois morceaux seulement, le duo se fait une place confortable sur la scène canadienne contemporaine, défiant même les VOÏVOD en termes de liberté artistique.
Du Classique joué par deux bargeots qui ont de faux airs de couple de serial-killers de mélodies et autres structures classiques. Pas question de se reposer sur d’éventuels lauriers, il faut composer de biais, et déstabiliser l’auditeur pour qu’il ne raisonne plus en espace tridimensionnel.
Car ici, on réfléchit quantique, et on oppose une quatrième donnée temporelle à l’équation. Une sorte de vintage futuriste, un cyberpunk rétro, et une énergie subatomique qui fait trembler les murs de 2023, déjà agonisante de ses deux derniers mois. Une sacrée bonne surprise, et un EP magique, tragique, lysergique, qui nous plonge dans un univers à la Rank Xerox.
Je ne sais pas si les DISORIENTATION jouent live, mais si tel est le cas, qu’ils évitent les fast-food, les bowlings, les salles de billard et autres lieux de rencontres sociales trop mainstream. A la rigueur, une boulangerie à 4h du matin semble la meilleure option.
La plus adaptée à cette musique nonsensique, addictive, et folle.
Titres de l’album:
01. Dissociation
02. Jaded
03. Dark Side
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
02/07/2025, 15:38
@Abrioche91 : la canicule t'a trop tapé sur la tête, mon pauvre vieux. Parce que se faire à répondre aux trolls, je n'avais plus vu ça depuis VS.
02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36