Direction le Brésil pour terminer une matinée placée sous le signe du Thrash et du Hardcore, pour y faire la connaissance d’un groupe de…Crossover. Si les REST IN CHAOS aiment à se définir comme un ensemble de Thrashcore, leur musique elle semble indiquer que la jonction Thrash/Hardcore est l’optique la plus viable pour parler de leur approche. Formé en 2016 du côté de Florianópolis, Santa Catarina, le groupe a déjà proposé un premier EP en 2017, Worship Machines, avant de prendre son temps et lâcher une bordée de singles annonçant la sortie imminente d’un premier long, qui se matérialise aujourd’hui sous la forme de dix titres concis et rapides unis sous la bannière Trapped By Yourself. Sans nommer d’influences particulières, ni s’épancher sur son passé, le groupe nous laisse donc seul juge de sa pertinence, pertinence qui éclate comme une évidence sur les premiers morceaux de ce premier long, qui ne l’est pas tant que ça d’ailleurs. Trapped By Yourself n’accuse même pas une demi-heure au compteur, et fait partie de ces albums qui frappent fort et très vite afin de laisser l’auditeur au tapis, K.O pour le compte. Articulé autour de quatre musiciens en pleine osmose (Gustavo Novloski : chant, Juliano dos Santos : guitare, Adriano Alves : basse et Marlon Joy : batterie), REST IN CHAOS semble vouloir synthétiser la puissance typiquement nord-américaine des BIOHAZARD et la bestialité plus symptomatique de l’Amérique du Sud, tout en jouant la fluidité. Très viril dans les faits, mais pluriel dans le fond, ce premier tome fait la part belle aux ambiances belligérantes, et nous assomme immédiatement d’un énorme « I Need A Reset » qui cavale d’une vélocité mélodique assez caractéristique de la vague AT THE GATES/SOILWORK, sans tomber dans la séduction mélodique scandinave à outrance.
Rythmique en place et volubile, guitare grasse qui répand ses riffs comme des slogans belliqueux, chant rauque et terriblement âpre, pour une envolée de violence contrôlée et méchamment professionnelle. Très en place, le quatuor va à l’essentiel, ne perd pas son temps en fioritures, ne retient que ses idées les plus percutantes, tout en aménageant des breaks assez efficaces dans un temps imparti très court. Certes, l’ensemble est si homogène que le fan éventuel arguera d’une linéarité de surface, mais envisagé comme un bloc indivisible, l’album fonctionne au premier degré comme un énorme uppercut dans la face. Avec des bourrasques de la trempe de «Shallow Happiness », les brésiliens ne craignent pas la concurrence et apportent leur pierre à l’édifice d’un Thrash teinté de Hardcore moderne, mais clairement influencé par les nineties les plus féroces. Doté d’une production musclée et ample qui laisse la basse claquer gravement, Trapped By Yourself est un concentré de violence intelligente, un peu Indus sur les bords lorsque les fréquences atteignent toutes un pic, et chacun des morceaux respecte la limite des trois minutes imparties, comme si l’effet choc était le leitmotiv de la bande. C’est furieux, parfois plus Hardcore métallique que la moyenne (« Let Me Rest »), éminemment violent et brutal, mais fluide, logique, impitoyable, avec des passages accrocheurs en diable (« Bells of Destruction »). Le groupe reprend même dans son cheminement d’anciens morceaux qu’on trouvait déjà sur son premier EP, histoire d’actualiser le tout, et de proposer un LP synthétique mais ouvert sur l’avenir. C’est ainsi que Trapped By Yourself se révèle n’être qu’un complément au premier format court sorti, dont il reprend les six morceaux, agrémentés ici de quatre nouveaux titres.
Mais le subterfuge n’est pas condamnable, tant ces anciennes chansons sont toujours aussi efficaces, les nouvelles pistes semblant s’orienter vers un surplus de brutalité démente, avec en exergue un terrifiant « Ego Riser » aux blasts tétanisants. Alternant les tempi pour ne pas lasser, misant sur la pertinence de chœurs toujours très vindicatifs, laissant la guitare essayer toutes les techniques d’approche, la fin de l’album se pose en acmé d’une philosophie de brutalité, avec cette double grosse caisse un peu compressée qui écrase les tympans. On se prend d’ailleurs à penser à une forme très personnelle de Metalcore sur la fin, avec une précision diabolique sur « Artificial ». Epaisseur du Metal, violence du Thrash, radicalisme du Hardcore, le tableau est complet et l’effet recherché maximal, le groupe nous lâchant ses bombes les plus puissantes en fin de parcours (« Look At Me »). A défaut d’être totalement original, ce premier LP n’en est pas moins personnel, et mélange les fragrances sans perdre de son impact, bénéficiant d’une force de persuasion accentuée par la brièveté de l’expérience. Et alors que nous étions logiquement en droit d’attendre un épilogue encore plus féroce que ce qui précédait, le quatuor choisit l’Ambient pour fermer ce premier chapitre, avec un venteux et oppressant instrumental qui laisse sur une impression bizarre. Efficace, direct, capable, technique mais franc, REST IN CHAOS présente une nouvelle facette de l’underground brésilien qui se détache de ses origines les plus évidentes pour s’ouvrir sur le chaos d’un monde environnant.
Titres de l’album :
01. I Need A Reset
02. Shallow Happiness
03. Let Me Rest
04. Bells of Destruction
05. Worship Machines
06. The Perfection
07. Ego Riser
08. Artificial
09. Look At Me
10. Unfollow
Excellent report ! J'y étais. C'était purement génial. Dans le même style, tout aussi excellent, le Courts Of Chaos fut aussi un fantastique moment.
01/06/2025, 19:36
Incroyable un groupe qui s'attaque à faire une reprise de Dead Congrégation !!! Je me languis d'écouter ça . Faut pas se louper la ahah.
31/05/2025, 21:53
Ah ah ce message d'au revoir est magnifique"Je dois y aller maintenant… chercher un boulot et jouer à Roblox avec mon fils…"
31/05/2025, 09:12
@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....
30/05/2025, 09:39
Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.
29/05/2025, 22:28
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
24/05/2025, 07:15
Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)
23/05/2025, 19:55
Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)
22/05/2025, 17:52
Si ce qu'il dit est vrai c'est quand même bien bas comme méthode de "licenciement", surtout venant d'un groupe qui prône ouverture, tolérance et respect à longueur de show (ironiquement par sa propre voix en plus...).
21/05/2025, 17:13