World Of Violence

Raspy Junker

27/10/2017

M O Music

Petite séance de rattrapage avec un album sorti en fin d’année dernière, mais qui est toujours d’actualité. Il serait en effet dommage si comme moi, vous avez raté le train RASPY JUNKER lorsqu’il est passé en gare discographique, de ne pas s’accrocher aujourd’hui à ses wagons, puisque ce premier LP est le genre de disque qui passe vite, très vite, et qu’on peut manquer en étant un tantinet inattentif. A l’inverse, une fois collé dans les oreilles et dévalant pleine pente les rails du Rock, impossible de l’oublier tant l’objet en question déborde d’énergie et de mélodies travaillées…Pour l’histoire, et parce que les mecs méritent quand même qu’on s’intéresse à leur cas, le groupe est donc né à Paris aux alentours de 2012, se présente sous la forme d’un quintette (Nicolas Lory - chant, Thomas Noorman - guitare, Patrick Stefanovic - basse, Cédric Mariolle - batterie et Grégory Delagarde - guitare), et a déjà sorti un premier EP, Board The Junker, assez recommandable lui aussi. Chapeautés par M&O Music, très actifs sur la scène, les parisiens nous ont donc présenté fin 2017 les fruits de leur travail en longue-durée, via ce World Of Violence beaucoup plus complexe qu’il n’y parait à la première écoute. Si la plupart des webzines ayant abordé le parcours du groupe aiment à le présenter comme un combo de Power Metal, je vous rassure de suite (sauf si vous êtes fan du genre, désolé), il n’en est rien. Les RASPY JUNKER sont ce qu’on pourrait appeler des électrons libres, de libres penseurs, ou des « sans étiquette », puisque leur musique n’est rien d’autre qu’un Rock très musclé, évidemment affiliable et affilié au Hard Rock et au Metal de (per)facto, mais qui en refuse toutes les contraintes et les carcans de sous-genres. Ici, seule la musique parle d’elle et pour elle-même, et elle le fait très, très bien.

Dix morceaux, pour cinquante minutes de métrage, et un joli passage en revue des capacités de musiciens qui ne font pas semblant d’en être. D’abord, intrinsèquement par leur niveau technique, ensuite, instinctivement par leur sens aigu de la composition qui touche et frappe. Car les cinq comparses n’ont pas la versatilité dans leur poche, et se permettent de taquiner le Grunge des origines tout en restant farouchement Rock et Metal, ce que leurs influences primales prouvent de leur simple énumération. Pensez-donc, les GUNS, METALLICA, ALICE IN CHAINS, les FOO FIGHTERS, ça en dit long sur les intentions, et sachez que pour une fois, le compte est bon et précis. Car vous retrouverez un peu de tout ça en écoutant, non, en vous délectant de World Of Violence, qui mélange avec flair et bonheur les attaques sensorielles immédiates et les massages émotionnels tendus. En se basant sur des trames simples mais étirables à l’infini, le groupe peut à peu près tout se permettre, et c’est d’ailleurs ce qu’il fait, un peu comme si les 7 WEEKS et MALLORY partaient pour un road-trip traversant les Etats-Unis, de la Californie à Seattle, en passant par la Louisiane et la Virginie. Une vue d’ensemble de plus de trente ans de Rock énergique mais futé, qui ose les riffs maousses et les soli pas farouches, truffant chacune de ses étapes sur la route de petites trouvailles en arrangements intelligents, comme le démontre par exemple ce passage Reggae en chausse-pied sur l’aplatissant « Motorheart Rising », qui aurait pu sembler incongru dans d’autres circonstances.

Mais les RASPY JUNKER sont tout sauf des gimmicks qui s’accumulent et jouent vrai, fort, et pertinent. Même si les compositions peuvent parfois sembler un peu longues et focalisées sur un ou deux plans, elles n’en développent pas moins de solides arguments mélodiques, et des vrilles en arabesques bluesy qui transpirent la poussière et le vécu. On sent à l’écoute de ce premier long que les mecs ont un bagage commun derrière eux, qu’ils ont dû écumer les rades et les bars, et qu’ils en ont tiré une logique de comportement assez décidé. De fait, ici, tout sent le soufre, et parfois, l’étincelle menace de faire exploser votre boom-box,  via un « Sound Of Bullet » qui suinte de ses guitares affamées et de son pilonnage rythmique martelé. Ça pulse, ça rocke, ça évoque un subtil mélange du Grind des ALICE IN CHAINS et du LP éponyme de MÖTLEY avec Corabi, mais après tout, il n’y a aucun mal à relier L.A et Seattle dans une même envie de dépaysement global. Rayon pleine bourre qui t’en colle une, la redondance gravissime de l’ouverture « The Dark Side » est notable et notée, et la barre placée haute de la voix profonde au gros grain de Nicolas, qui chante, module, pour ne pas passer pour un simple beugleur de plus sur le marché. D’ailleurs, sa voix à parfois des accents à la Layne Staley, sans en rajouter dans le côté j’aime l’état de Washington, mais autant dire que le bonhomme a du coffre, mais aussi de la finesse. Une belle démonstration nous en est offerte sur le superbe « Paula », ballade amère et lacrymale qui prouve que les parisiens sont tout sauf de gentils faiseurs pour amuser la galerie, et qui nous déchire de ses soli humides et de sa partie vocale humble, mais réellement émouvante. Encore une fois, le spectre de Jerry Cantrell et sa bande est manifeste, et pourtant, légèrement voilé par le linceul d’un METALLICA un peu moins prévisible qu’à l’ordinaire. Une pointe de TESLA en plus, et vous obtenez la blue-song la plus poignante de l’année, ce qui n’est pas un prix que n’importe qui peut décrocher…

Mais il est très difficile de mettre en avant tous les points forts d’un groupe qui en possède tant. Capable d’insuffler un groove pataud à un binaire chaud (« Fear »), capable de jouer la demi-teinte en arpèges pour mieux construire un crescendo en déni de violence (« I’m Sorry », impossible de ne pas les croire, mais comment être désolé de composer une chanson aussi prenante ?), capable d’évoquer la voisine Aberdeen et San Diego dans le même souffle épique et épidermique (« World Of Violence », METAL CHURCH et les STONE TEMPLE PILOTS dans la même galère, qui regarde vers hier ?), et d’emballer le tout dans un festival de soli ciselés mais bruts comme un matin glacé. Pour un peu, on friserait le sans faute, si certaines des interventions n’étaient pas si étirées. En condensant parfois leur propos sur une minute de moins, les RASPY JUNKER auraient pu éviter certaines itérations un peu prononcées, et l’usure prématurée de certains thèmes un peu trop rabâchés. D’autant plus qu’ils en sont tout à fait capables, puisque le burner « Hypocrite » et ses trois minutes le démontre avec violence et fougue. Mais quand on a le talent nécessaire pour poser en clôture un petit bijou comme « Rotten Flesh », conclusion logique d’un album physique, on peut se faire excuser une petite erreur de jugement sans paraître favorisé. Avec World Of Violence, les RASPY JUNKER nous montrent que les groupes sincères ont encore un bel avenir devant eux, pour peu qu’ils n’oublient pas de composer de véritables morceaux et non de se reposer sur un effet de mode ou quelques astuces vintage plus ou moins malignes.

   

 Titres de l'album :

                         1.The Dark Side

                         2.Fear

                         3.I'm Sorry

                         4.World Of Violence

                         5.Hypocrite

                         6.Paula

                         7.Defeat Your Dread

                         8.Motorheart Rising

                         9.Sound Of Bullets

                         10.Rotten Flesh

Site officiel

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 13/09/2018 à 16:48
85 %    1658

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Voyage au centre de la scène : PARADISE LOST

Jus de cadavre 15/06/2025

Vidéos

Aluk Todolo + Spirit Possession

RBD 10/06/2025

Live Report

SWR Barroselas Metalfest 2025

Mold_Putrefaction 08/06/2025

Live Report

Anthems Of-Steel VII

Simony 30/05/2025

Live Report

Clinic LI-SA X et Paul GILBERT

mortne2001 29/05/2025

Live Report

The Sisters of Mercy + Divine Shade

RBD 21/05/2025

Live Report

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Simony

L'album est vraiment bon ! On retrouve bien cette ambiance poisseuse décrite dans la chronique.

20/06/2025, 20:58

Salmigondis

Une soupe.   A la citrouille mais de la soupe quand même. 

20/06/2025, 17:38

Cédric et Delphine

On en voudrait plus des groupes de cette trempe!

19/06/2025, 12:20

Bill Baroud

C'est à se demander ce qu'il mange le matin. L'avantage de nous sortir plusieurs albums par an c'est qu'il y en a toujours un ou deux d'excellents ! D'ailleurs ça me fait penser que je n'ai pas encore écouté convenablement le der(...)

19/06/2025, 10:16

Oliv

Le 2 août a déterminé, sûrement au Sylak car il manquait 2 groupes avant de boucler l'affiche. Ils ont eu du mal cette année car les cachets ont doublé voir tr

18/06/2025, 21:01

Kf

Il s'agit de MINDWARP. J'avais choppé cet album (qui était leur 2ème) sorti en 2016 chez Great dane records. Un très bon album de death proche de l'esprit de CARCARIASS. Donc pas étonné de le voir ressortir sous ce nom

17/06/2025, 15:06

Humungus

J'aurai dû dire "L'un des trucs"...Car l'affiche est une fois de plus laaaaaargement à la hauteur.Employons donc les bonnes formules !

17/06/2025, 08:48

Humungus

L'un des rares trucs (jamais vu qui plus est) qui me fait littéralement piaffer à l'attente de l'Alcatraz bordel !!!

17/06/2025, 08:46

Humungus

"Believe in nothing", j'peux comprendre, mais "The plague within"...Ce dernier étant pour moi aussi important que "Faith divides us (...)", j'ai du mal a te cerner cher Simony.

17/06/2025, 08:44

Simony

MON groupe de chevet, la voix de Nick et le touché de Greg sont pour moi les clés de mes émotions musicales. Bizarrement, "The Plague Within" et "Believe In Nothing" sont les 2 albums que j'écoute le moins. J'ADORE ce groupe ! Tout simplem(...)

16/06/2025, 21:25

MorbidOM

Si ça intéresse quelqu'un ils ont mis l'album en intégralité sur bandcamp :https://agoniarecords.bandcamp.com/album/tetrad-mj'ai pas encore tout écouté(...)

16/06/2025, 19:22

Nico

Merci pour cette vidéo qui rend bien hommage à Paradise Lost, qui est un de mes groupes préférés depuis presque 32 ans. Découvert à l'époque grâce à l'émission Headbangersball, j'avais 15 ans et j'&eac(...)

16/06/2025, 12:30

Humungus

Clairement l'un de mes groupes de chevet.Un talent plus qu'indéniable et malgré ce creux de la vague entre 99 et 2007, des gonzes qui se tiennent encore à ce jour bien droit dans leurs bottes.A propos de cette période que je pouvais, comme beauc(...)

16/06/2025, 11:51

Oliv

Oui comme ils le disent sur le site officiel, bonjour les prix des concerts aujourd'hui avec l'inflation ,Désolé mais je ne peux plus suivre. Trop chère les concerts 

15/06/2025, 08:42

Seb

Je me demande comment fait Rogga Johansson, avec autant de groupes, il arrive toujours à sortir des trucs vraiment bons !! Quelle energie !!

13/06/2025, 00:29

Styx

Bonjour. L'album paraîtra ce vendredi 13 Juin 2025.

12/06/2025, 20:35

Moshimosher

je voulais dire vidéos plutôt que clips...

12/06/2025, 01:07

Moshimosher

En fait, ce qui me pose problème, ce n'est pas le fait d'aimer ou pas ce genre de vidéo (lyrics video), c'est les remarques dépréciatives (condescendantes) d'Akerfeldt à ce sujet. Bien sûr, c'est super d'avoir un bon clip, seu(...)

12/06/2025, 01:04

RBD

Author & Punisher est aussi annoncé à Montpellier le 23 octobre 2025 avec Wyatt E et Yarostan à la place de Bong-Râ.

11/06/2025, 12:53

michael scott

god no please no lol

11/06/2025, 11:37