Petite séance de rattrapage avec un album sorti en fin d’année dernière, mais qui est toujours d’actualité. Il serait en effet dommage si comme moi, vous avez raté le train RASPY JUNKER lorsqu’il est passé en gare discographique, de ne pas s’accrocher aujourd’hui à ses wagons, puisque ce premier LP est le genre de disque qui passe vite, très vite, et qu’on peut manquer en étant un tantinet inattentif. A l’inverse, une fois collé dans les oreilles et dévalant pleine pente les rails du Rock, impossible de l’oublier tant l’objet en question déborde d’énergie et de mélodies travaillées…Pour l’histoire, et parce que les mecs méritent quand même qu’on s’intéresse à leur cas, le groupe est donc né à Paris aux alentours de 2012, se présente sous la forme d’un quintette (Nicolas Lory - chant, Thomas Noorman - guitare, Patrick Stefanovic - basse, Cédric Mariolle - batterie et Grégory Delagarde - guitare), et a déjà sorti un premier EP, Board The Junker, assez recommandable lui aussi. Chapeautés par M&O Music, très actifs sur la scène, les parisiens nous ont donc présenté fin 2017 les fruits de leur travail en longue-durée, via ce World Of Violence beaucoup plus complexe qu’il n’y parait à la première écoute. Si la plupart des webzines ayant abordé le parcours du groupe aiment à le présenter comme un combo de Power Metal, je vous rassure de suite (sauf si vous êtes fan du genre, désolé), il n’en est rien. Les RASPY JUNKER sont ce qu’on pourrait appeler des électrons libres, de libres penseurs, ou des « sans étiquette », puisque leur musique n’est rien d’autre qu’un Rock très musclé, évidemment affiliable et affilié au Hard Rock et au Metal de (per)facto, mais qui en refuse toutes les contraintes et les carcans de sous-genres. Ici, seule la musique parle d’elle et pour elle-même, et elle le fait très, très bien.
Dix morceaux, pour cinquante minutes de métrage, et un joli passage en revue des capacités de musiciens qui ne font pas semblant d’en être. D’abord, intrinsèquement par leur niveau technique, ensuite, instinctivement par leur sens aigu de la composition qui touche et frappe. Car les cinq comparses n’ont pas la versatilité dans leur poche, et se permettent de taquiner le Grunge des origines tout en restant farouchement Rock et Metal, ce que leurs influences primales prouvent de leur simple énumération. Pensez-donc, les GUNS, METALLICA, ALICE IN CHAINS, les FOO FIGHTERS, ça en dit long sur les intentions, et sachez que pour une fois, le compte est bon et précis. Car vous retrouverez un peu de tout ça en écoutant, non, en vous délectant de World Of Violence, qui mélange avec flair et bonheur les attaques sensorielles immédiates et les massages émotionnels tendus. En se basant sur des trames simples mais étirables à l’infini, le groupe peut à peu près tout se permettre, et c’est d’ailleurs ce qu’il fait, un peu comme si les 7 WEEKS et MALLORY partaient pour un road-trip traversant les Etats-Unis, de la Californie à Seattle, en passant par la Louisiane et la Virginie. Une vue d’ensemble de plus de trente ans de Rock énergique mais futé, qui ose les riffs maousses et les soli pas farouches, truffant chacune de ses étapes sur la route de petites trouvailles en arrangements intelligents, comme le démontre par exemple ce passage Reggae en chausse-pied sur l’aplatissant « Motorheart Rising », qui aurait pu sembler incongru dans d’autres circonstances.
Mais les RASPY JUNKER sont tout sauf des gimmicks qui s’accumulent et jouent vrai, fort, et pertinent. Même si les compositions peuvent parfois sembler un peu longues et focalisées sur un ou deux plans, elles n’en développent pas moins de solides arguments mélodiques, et des vrilles en arabesques bluesy qui transpirent la poussière et le vécu. On sent à l’écoute de ce premier long que les mecs ont un bagage commun derrière eux, qu’ils ont dû écumer les rades et les bars, et qu’ils en ont tiré une logique de comportement assez décidé. De fait, ici, tout sent le soufre, et parfois, l’étincelle menace de faire exploser votre boom-box, via un « Sound Of Bullet » qui suinte de ses guitares affamées et de son pilonnage rythmique martelé. Ça pulse, ça rocke, ça évoque un subtil mélange du Grind des ALICE IN CHAINS et du LP éponyme de MÖTLEY avec Corabi, mais après tout, il n’y a aucun mal à relier L.A et Seattle dans une même envie de dépaysement global. Rayon pleine bourre qui t’en colle une, la redondance gravissime de l’ouverture « The Dark Side » est notable et notée, et la barre placée haute de la voix profonde au gros grain de Nicolas, qui chante, module, pour ne pas passer pour un simple beugleur de plus sur le marché. D’ailleurs, sa voix à parfois des accents à la Layne Staley, sans en rajouter dans le côté j’aime l’état de Washington, mais autant dire que le bonhomme a du coffre, mais aussi de la finesse. Une belle démonstration nous en est offerte sur le superbe « Paula », ballade amère et lacrymale qui prouve que les parisiens sont tout sauf de gentils faiseurs pour amuser la galerie, et qui nous déchire de ses soli humides et de sa partie vocale humble, mais réellement émouvante. Encore une fois, le spectre de Jerry Cantrell et sa bande est manifeste, et pourtant, légèrement voilé par le linceul d’un METALLICA un peu moins prévisible qu’à l’ordinaire. Une pointe de TESLA en plus, et vous obtenez la blue-song la plus poignante de l’année, ce qui n’est pas un prix que n’importe qui peut décrocher…
Mais il est très difficile de mettre en avant tous les points forts d’un groupe qui en possède tant. Capable d’insuffler un groove pataud à un binaire chaud (« Fear »), capable de jouer la demi-teinte en arpèges pour mieux construire un crescendo en déni de violence (« I’m Sorry », impossible de ne pas les croire, mais comment être désolé de composer une chanson aussi prenante ?), capable d’évoquer la voisine Aberdeen et San Diego dans le même souffle épique et épidermique (« World Of Violence », METAL CHURCH et les STONE TEMPLE PILOTS dans la même galère, qui regarde vers hier ?), et d’emballer le tout dans un festival de soli ciselés mais bruts comme un matin glacé. Pour un peu, on friserait le sans faute, si certaines des interventions n’étaient pas si étirées. En condensant parfois leur propos sur une minute de moins, les RASPY JUNKER auraient pu éviter certaines itérations un peu prononcées, et l’usure prématurée de certains thèmes un peu trop rabâchés. D’autant plus qu’ils en sont tout à fait capables, puisque le burner « Hypocrite » et ses trois minutes le démontre avec violence et fougue. Mais quand on a le talent nécessaire pour poser en clôture un petit bijou comme « Rotten Flesh », conclusion logique d’un album physique, on peut se faire excuser une petite erreur de jugement sans paraître favorisé. Avec World Of Violence, les RASPY JUNKER nous montrent que les groupes sincères ont encore un bel avenir devant eux, pour peu qu’ils n’oublient pas de composer de véritables morceaux et non de se reposer sur un effet de mode ou quelques astuces vintage plus ou moins malignes.
Titres de l'album :
1.The Dark Side
2.Fear
3.I'm Sorry
4.World Of Violence
5.Hypocrite
6.Paula
7.Defeat Your Dread
8.Motorheart Rising
9.Sound Of Bullets
10.Rotten Flesh
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