Quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. On peut être le meilleur musicien du monde, le plus décidé, entouré de pairs, disposer d’un soutien technique conséquent, avoir une carrière pour étoffer, et pourtant…ramer pendant des années à sortir son premier album. C’est exactement ce qui est arrivé aux néo-zélandais de CITY OF SOULS, formés en 2015 et qui peuvent enfin fêter en 2020 la sortie de leur premier album. Comme ils le confient eux-mêmes, tous les problèmes qu’ils pouvaient rencontrer sont arrivés, délais, contretemps et autres, mais aujourd’hui, Synaesthesia est enfin disponible sur toutes les plateformes, et autant dire qu’ils ont porté cet album à bout de bras. En valait-il la peine pour autant ? Après quelques écoutes détaillées, je dois dire que oui. Sans se présenter comme les sauveurs d’un Art Rock qui se porte déjà très bien, les CITY OF SOULS apportent une sacrée pierre à l’édifice d’un Metal hautement mélodique et progressif. Le groupe a été fondé par les guitaristes Trajan Schwencke (COLD BY WINTER, IN DREAD RESPONSE) et Steve Boag (IN DREAD RESPONSE, BLACKLISTT), ainsi que le chanteur Richie Simpson (NEW WAY HOME), vite rejoints par l’autre guitariste Marcus Powell (BLINDSPOTT et BLACKLISTT). Ont ensuite complété le line-up le bassiste Daniel Insley (SOLSTATE) et le batteur Corey Friedlander (IN DREAD RESPONSE, 8 FOOT SATIVA), soit un sextet représentant la crème de la scène Hardcore/Post Hardcore/Progressif néo-zélandaise, pour une union d’esthètes désirant élargir encore plus leurs horizons musicaux. A tel point qu’il est aujourd’hui très difficile de cerner la musique du concept, qui échappe plus ou moins à toute étiquette. On pourrait dans un accès de facilité les taxer de groupe de Rock alternatif, ou de Post Metal mélodique, mais autant apprécier la musique pour ce qu’elle est, un art vivant, pluriel, riche d’expériences, aussi Pop que Metal, et aussi agressive que planante.
Il serait facile de voir en ce groupe une sorte de TOOL très light, en version ultra condensée et simplifiée, mais la comparaison ne ferait pas honneur à ces musiciens. Après tout, ils ont partagé collectivement ou individuellement la scène avec des pointures comme les DEFTONES, DEVIN TOWNSEND, MESHUGGAH, SLIPKNOT, ARCHITECTS, MACHINE HEAD, BRING ME THE HORIZON, STONE SOUR, SUICIDAL TENDENCIES, SUBLIME ou MONUMENTS, et l’énoncé de certaines de ces références suffit à baliser le terrain couvert par cette nouvelle formation. Formation qui n’a pas les ambitions dans ses poches, puisque ce premier LP se paie la bagatelle de seize morceaux pour une heure et dix minutes de musique, soit une entrée en matière plus que conséquente. Une abondance qui risque d’ailleurs de leur nuire, le néophyte risquant d’être effrayé par une telle somme d’informations…Et dans un désir d’honnêteté et d’objectivité, il n’aura pas tort, puisque Synaesthesia recycle parfois les mêmes méthodes sans prendre le soin de les travestir, et certains morceaux adoptent le même visage sans vraiment modifier l’expression. Il faut dire que le groupe n’a pas lésiné, et a présenté en avant-première un bon nombre de singles avant la sortie du LP, révélant pas moins de six ou sept titres, dont certains illustrés d’une vidéo. Mais en faisant le tri, et en écoutant l’œuvre par paliers, il est tout à fait possible de le digérer plus facilement sans craindre l’indigestion. Néanmoins, et c’est donc le reproche majeur que j’adresserai au groupe, il eut été plus judicieux de prendre du recul et d’expurger l’album de quelques titres pour le rendre plus compact et plus efficace…
Dans les faits, à quoi ressemble la musique proposée sur Synaesthesia ? Un mélange de Metal alternatif, le moins vulgarisateur possible, de Post Metal planant et harmonique, et plus généralement, d’un Rock précis, presque arty dans les intentions, mais sans les ambitions prétentieuses handicapantes. On pense souvent à une fusion entre les DEFTONES des années 2010 et le TOOL le plus impliqué dans l’héritage de PINK FLOYD, mais aussi à LEPROUS, OPETH, et BRING ME THE HORIZON lorsque l’intensité monte d’un cran, soit un métissage global qui se manifeste entre une confrontation permanente entre l’agressivité des guitares et la douceur cathartique des mélodies. Usant d’un minimum de plans, le groupe propose des digressions sur un thème qu’ils étirent, triturent, modifient, utilisant l’espace au maximum des possibilités et le silence dans toute son efficience. L’art du groupe est palpable dès « Ferryman », qui se propose de résumer la philosophie en quatre minutes et quelques, se montrant aussi accrocheur que noble. Gros riff redondant, rythmique souple et mouvante, chant en volutes, pour une reprise en pleine cohésion à l’occasion d’un refrain fédérateur. Chaque morceau, lié aux autres possède son empreinte, et on note assez rapidement la précision diabolique de chaque instrument, et notamment d’une basse qui n’hésite pas à jouer le rôle de soliste en plus d’une occasion. A ce titre, l’axe basse/batterie est assurément le point d’ancrage de la formation, permettant aux guitares de plus jouer sur les textures que sur les riffs à proprement parler (« Whispers »). Ce qui ne les empêche nullement de syncoper à l’unisson pour se rapprocher d’un Néo Metal luxueux (« Shimmer », les DEFTONES encore…), ou au contraire de provoquer le Metalcore pour mieux défier la Pop (« Wolf »).
Un travail très carré donc, avec des détails étudiés, des arrangements ouvragés, et une continuité logique dans la progression, avec toujours ces allusions au Post Rock le plus apaisé (« Sleep »), voire au Rock Indie mélodique et populaire (« Long Gone »). On sent à l’écoute de Synaesthesia que sa composition ne résulte pas d’une hâte mais bien d’une élaboration ouvragée et patiente, que ce soit globalement ou en détail, certains titres se posant en parangon d’un Metal affranchi de toute contrainte (« Tying Tongues », l’un des plus beaux du lot). Alternant les nuances, CITY OF SOULS offre donc à l’auditeur un long voyage dans les arcanes d’un Rock/Métal moderne, bien dans son époque, efficace et direct quand il le faut (« Love Will Tear Us Apart »), ou contemplatif et sophistiqué lorsque l’ambiance évoque les grands espaces (« Mountain »). Il n’est d’ailleurs pas anodin d’évoquer le Devin Townsend le plus introspectif à l’écoute de certaines mélodies soutenues par des strates multiples (« Iron Heart »), alors que l’album se conclut sur un ultime instrumental d’une beauté cristalline (« Synaesthesia »). Mais je confirme mon avis, bien que très riche, Synaesthesia se montre un peu long pour une première œuvre, et eut gagné à être allégé de quelques morceaux que l’on aurait pu retrouver sur un EP ou un prochain album. Il n’en est pas moins un album d’une beauté saisissante, fruit du travail acharné de passionnés qui connaissent leur travail et qui œuvrent tous dans la même direction. Celle de la liberté créative.
Titres de l’album :
1. Life Blood
2. Ferryman
3. Whispers
4. Cruelty
5. Shimmer
6. Wolf
7. White Ghost
8. Sleep
9. Water
10. Long Gone
11. Tying Tongues
12. Brush Strokes
13. Love Will Tear Us Apart
14. Mountain
15. Iron Heart
16. Synaesthesia
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