Klone + Mudweiser + Locomuerte + Nothing from No One

Mudweiser, Klone, Locomuerte, Nothing From No One

Victoire 2, Saint-jean De Védas (France)

du 02/12/2023 au 02/12/2023

Dépensant infatigablement son énergie à faire vivre la scène Montpelliéraine, l'association What the Fest nous invitait à achever l'année avec un événement d'une journée complète titrée "États Généraux du Metal", comprenant un petit marché de vinyles et divers stands d'objets, camionnette à sandwiches, dédicaces, leçons et conférences sur inscription, avec un concert le soir bien entendu pour clôturer le rendez-vous. Mes obligations professionnelles (même le samedi) m'ont empêché de participer à la journée, mais j'ai eu de bons retours et je regrette de ne pas avoir pu écouter certains topos. Par contre, j'étais libre le soir pour le live. Sur le chemin de la salle Victoire 2, on se disait qu'entre la programmation récente et celle des mois à venir ce lieu incontournable et ancien du paysage Rock Languedocien renouait franchement avec le Metal comme c'était le cas dans les années 90, alors que l'intérieur était configuré tout autrement.

Le froid était mordant et je n'ai pas traîné dehors. J'étais plutôt en avance et le public arriva peu à peu, en nombre tout à fait satisfaisant même si ce n'était pas complet. C'était plutôt des gens du secteur et pour cette fois, il ne m'a pas semblé que l'affiche ait attiré beaucoup de spectateurs venus de loin à part les intervenants de l'après-midi. Mais ce n'était pas prioritairement l'idée je crois.


NOTHING FROM NO ONE avait fait l'ouverture de Sick of It All cet été à la Secret Place à un jet de pierre d'ici. Sans surprise, les anciens Eyeless et autres groupes ont envoyé leur Hardcore coupé de Metal dans la grande tradition, qui sonnait un peu plus Punky à cause d'un son encore assez approximatif, moins bon qu'il y a quelques mois. Ce n'était pas très grave. Un mauvais éclairage dans les yeux des premiers spectateurs était plus désagréable, dans les premières minutes. Le quintet s'est démené avec l'énergie exigée pour leur style en vue de décoincer nos squelettes frigorifiés. L'abattage de ce gang de vétérans aurait mérité mieux que la fosse large mais maigre formée par une poignée de motivés. Un cameraman se promenait lentement sur la scène en tâchant d'être le plus discret possible malgré sa grande taille. Authentique, NFNO perpétue une certaine attitude née sur la côte est Américaine en y mêlant une pointe méridionale de chez nous qui n'est pas incohérente, casquette et torse poil. Cette demi-heure de décrassage old-school était bienvenue.


Sur une introduction enregistrée à la guitare sèche arrivait LOCOMUERTE, de Tijuana dans le 91 selon leurs propres termes. Le quartet a balancé un Crossover survitaminé taillé pour le live, largement repris de Suicidal Tendencies jusque dans les tenues, avec néanmoins des paroles et une communication en espagnol mexicain (du moins au début, le français avec l'accent de Palaiseau restant plus pratique). Le bassiste était d'ailleurs encore plus truculent que le chanteur à nous exhorter à mettre le foutoir, pour que nous passions un bon moment et que leur premier passage à Montpellier reste dans les mémoires. Le fait est que le soutien du public était constamment sollicité pour animer la fosse, le braveheart allant de soi dans la formule comme les chœurs à reprendre, les onomatopées bruyantes, le porte-voix, la machette servant de pied de micro, les bandanas bleus et maillots de basket. Ils firent monter sur scène les participants à la fosse pour pogoter au milieu d'eux, avant de sortir les crocodiles gonflables pour faire slammer les volontaires parfois jusqu'au fond de la longue salle. Et le son dans tout ça ? Entre deux harangues brossant la comédie des chicanos venus pour vivre la vida loca a huevo, leur Hardcore Metal simple et très direct a emballé sans réserve une partie du public venue pour remuer, en plus des quelques fans capables de réclamer des titres. Il s'avérait que sous les apparences les titres empruntaient autant au moins à Agnostic Front et Madball, en version hispano. Le show très cabotin et gentiment mytho' sur une musique sans prétention a pu néanmoins faire grimacer une partie plus exigeante du public.


L'intermède fut prolongé car il y avait au-dehors le spectacle pyrotechnique de Mère Dragon. J'ai préféré rester dedans avec quelques personnes à raconter nos batailles, mais il paraît que c'était bien et je ne doute pas de l'aisance de l'artiste dans ses performances actuelles, me souvenant de précédentes.


Faut-il encore présenter MUDWEISER que nous avions déjà vus il y a peu de temps ? Le quartet composé d'anciens membres d'Eyeless et actuels de Verdun plus du chanteur de Lofofora en personne, se produit régulièrement dans sa ville d'origine où Reuno revient volontiers. C'est dire si nous les connaissons et j'avoue que je n'en attendais vraiment pas grand-chose. Et pourtant, ils ont eu ce soir une saveur inédite. En effet le son était confié à Florent de Stuntman, qui leur concocta un mixage corrigeant enfin le petit défaut que je trouve depuis toujours : la guitare sonnait vraiment lourde, plus sale quitte à s'imposer le temps d'un set sur le chant toujours impeccable de Reuno, sans pour autant l'écraser, pas plus que la basse ni la batterie d'ailleurs. Leur Blues Metal Rock en Anglais diffusait une chaleur un peu plus sombre dans la salle, qui poussait le guitariste à titiller ses limites. Assoiffé, Reuno fut sauvé par Julien Truchan qui était dans le public et lui offrit sa bière, entre tauliers de la scène française, puis par le staff toujours attentionné. Lui aussi se veut proche de son public avec ses grands yeux clairs, son déhanché et sa gouaille déclarée patrimoine national, quoi qu'on pense de son groupe principal. Le batteur, qui venait justement d'officier avec Nothing from No One son autre groupe, assura ce second set sans difficulté, et même encore plus dans le mood. C'est tout Mudweiser qui se montra sous un profil sensiblement différent. Il y aurait encore du chemin, certes, si l'idée était de provoquer Electric Wizard sur son terrain ; mais tirer légèrement sur le Sludge leur va très bien et je n'ai pas senti passer l'heure de jeu au final.


Depuis le temps que KLONE tourne j'avoue que je n'ai pas sauté sur toutes les occasions qui m'ont été données de les voir. Pour autant, le groupe a connu une évolution très intéressante en vingt ans, liée à d'importants changements de personnel qui ont provoqué une métamorphose complète de la petite bande de chevelus rigolards intéressés par de bons refrains mélodiques, qui découvrirent ensuite le violon jusqu'à devenir l'une des formations majeures du Metal Français. D'ailleurs, je ne les avais jamais vus sur une aussi grosse scène, et encore moins en tête d'affiche. Les Poitevins arrivèrent sur une intro immersive mais pas délayée de trop pour envoyer d'abord deux titres assez lourds et massifs, avant de se caler sur leur style emblématique. Écouté de loin au moment de sa publication, "Meanwhile" m'a paru meilleur que "Le grand voyage" et le groupe confirmait sa forme en pleine maturité. Cette rencontre entre Grunge et Metal atmosphérique, devenue familière, tend toujours vers le Stoner par moments malgré un son limpide. Mais c'est surtout cette sensation de profond chagrin, appuyée par le grain de Yann Ligner, qui en fait la saveur en restituant indubitablement la substance doucement déprimée d'un Alice in Chains. Il n'y avait qu'à se laisser entraîner par ces émotions parfois proches aussi d'un Katatonia plus moderne et Progressif, irrésistibles quand ça descendait d'un demi-ton en plein morceau. Vers le milieu de set arriva "Army of Me", reprise de majeure importance dans l'histoire du groupe, totalement réintégrée à leur propre répertoire et incontournable parmi le panel assez large de morceaux empruntés qu'ils ont fait dans leur carrière.

Alors que nous approchons de la fin d'une année où j'ai vu Gojira deux fois comme à la grande époque, certaines sensations éprouvées à ces occasions sont remontées. Non pas que Klone soit un suiveur ! C'est plutôt au contraire que les Landais se sont rapprochés de leur démarche sur leurs deux derniers albums, tout en conservant leur propre identité. L'héritage commun des années 90 forme un lien aussi fort que la nationalité, à mon sens, entre des groupes de la même génération. Yann Ligner est désormais le seul à assurer une communication assez sobre, qui laisse de la place aux sentiments développés par la musique, à rebours de Locomuerte un peu avant. Guillaume Bernard prenait visiblement son pied mais sa personnalité n'émerge plus du collectif, comme cela était le cas à certaines époques. Le bassiste Enzo, membre arrivé plus récemment, descendit sans avertir dans la fosse pour finir l'un des derniers morceaux : en dépit d'une musique foncièrement mélancolique et un peu distante, du statut atteint à l'étranger consacré par la publication d'un vrai live électrique officiel enregistré hors de France, ils ont conservé ce désir d'être proche du public. Après que le quintet se soit rapidement retiré, un bruit d'orage estival emplit la salle pour préparer un rappel avec un titre apparemment attendu par les vrais fans (et qui n'était pas "Raining Blood…"). Le batteur quitta son poste avec une émotion visible et rejoignit ses comparses pour saluer ensemble le public, enlacés.


J'avais passé un très bon moment, mais je devais me lever tôt le lendemain et je n'ai pas prolongé de reste. Ce sera probablement mon dernier concert de 2023, année dont je sors particulièrement redevable à What the Fest de nombreuses jolies soirées de ce tonneau. Pourvu que ça dure, comme chante un célèbre artiste populaire de télévision – vous l'avez en tête pour la journée, maintenant, ne me remerciez pas.


par RBD le 09/12/2023 à 12:00
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