Alors que le monde spécule sur les grosses têtes d’affiche des festivals d’été, les orgas distillant leurs infos avec une sadique parcimonie, alors qu’on parle d’un nouvel album enregistré par IRON MAIDEN cet hiver et qui serait presque prêt à sortir, l’info se situe plus du côté de l’anecdotique et du particularisme charmant. Flegme oblige, l’humilité est donc de mise, au même titre que le plaisir, pas du tout coupable. Et si tout le monde s’attendait à voir Steve Harris nous saluer d’un nouveau chapitre de sa Vierge de fer, il revient par la plus petite porte qui soit avec son projet annexe BRITISH LION. Peut-on en vouloir à un musicien hyperactif de lâcher la vapeur une fois de temps en temps pour ne plus avoir à relever des enjeux trop importants ? Non, et encore moins dans le cas du tempétueux bassiste aux doigts constamment en mouvement. Et sans vouloir jouer les blasés, je dois admettre que retrouver le grand Steve par ce biais me satisfait beaucoup plus qu’une nouvelle fausse annonce grandiloquente. Oui, c’est un fait, MAIDEN a cessé de me fasciner depuis longtemps, malgré des bons albums et une foi indéfectible en un Heavy Metal qu’ils ont presque inventés seul. Depuis…Brave New World au moins, mon intérêt pour la bête est allé en déclinant, usé par des albums prévisibles et des resucées de grands classiques ô combien plus enthousiasmants. Mais heureusement, BRITISH LION ne partage que peu de points communs avec cette institution, préférant jouer un hard plus traditionnel et en phase avec les passions de son créateur, les UFO et GOLDEN EARRING ou THIN LIZZY. Un Hard Rock qui bizarrement échappe au temps de sa patine classique, proposant des morceaux qui auraient pu être composés lors de n’importe quelle décennie entre les glorieuses seventies et aujourd’hui. Et huit ans après le premier album de ce side-project attendrissant, qu’attendre d’une nouvelle saillie ? La même chose, en plus dur, en plus maîtrisé, et en mieux produit. Alors, heureux ? Oui, moi aussi.
Enregistré aux Barnyard Studios, les studios de Steve Harris où IRON MAIDEN a enregistré une poignée d’albums (No Prayer For The Dying, Fear Of The Dark, The X Factor et Virtual XI), The Burning a été produit par Steve avec l’aide de l’ingénieur du son Tony Newton, et permet enfin à la musique de BRITISH LION de rayonner. Exit les approximations d’il y a huit ans, bonjour la clarté, la précision, qui permettent à ces nouveaux morceaux de briller de leur pluralité. Pour les néophytes ayant manqué l’épisode précédent, BRITISH LION est tout sauf un pauvre leftover du projet principal d’Harris. Pas de Heavy Metal violent et épique ici, juste du Hard Rock traditionnel remis au goût d’un jour incertain, puisque dater cet album relève de la gageure tant ses intentions sont hors du temps. Mais si l’ombre du groupe que l’on ne nommera plus ne laisse pas le projet hors d’une lumière personnelle, il serait vain de tenter d’en occulter l’influence et l’importance. Après tout, c’est bien Steve Harris qui gère les deux projets de sa main d’acier, et les réminiscences, quoique éparses sont parfois bien tangibles. En effet, certains morceaux auraient pu faire partie du répertoire de la légende sans qu’on trouve ça étrange, à l’image du progressif et évolutif « Elysium », que Bruce ou Blaze auraient pu indifféremment entonner de leur voix caractéristique. Celle de Richard Taylor est beaucoup plus light et passe-partout que celles de ses deux illustres modèles de comparaison, ce qui lui permet de plaquer ses lignes légères sur des titres plus enjoués comme l’ouverture catchy de « City of Fallen Angels ». Avec son parfum Classic Rock, cette entame est la moins consensuelle possible, et risquera de surprendre tous les fans du bassiste à la position piquée à Georges Brassens. Mais le but avoué de BRITISH LION n’a jamais été de jouer un Heavy Metal pur et dur, dont acte. Et sentir Steve se faire plaisir avec un morceau unissant la foi de NEW MODEL ARMY et la facilité de THIN LIZZY est un véritable plaisir pour des oreilles habituées à des décennies de grandiloquence.
La basse justement, en retrait mais brillante, souligne le caractère collectif de cette entreprise qui doit pourtant beaucoup à son leader. Loin d’un projet perso destiné à flatter un ego déjà bien cajolé, The Burning est un véritable effort de groupe, et non un écrin pour une alliance déjà passée au doigt depuis fort longtemps. Le line-up, outre Steve et Richard comporte toujours David Hawkins et Grahame Leslie aux guitares et Simon Dawson à la batterie, se montre donc sous un jour uni, et alterne les atmosphères, pour mieux nous prendre à contrepied et se jouer des enjeux. Ainsi, nous passons sans transition d’un morceau à la cavalcade de basse symptomatique comme « The Burning » (du MAIDEN repris par THE ALMIGHTY), à une empreinte seventies foulant les traces de UFO comme « Father Lucifer ». Les plus pointilleux regretteront le chant un peu timide de Richard, qui semble remplir les vides instrumentaux avec trop d’humilité, mais le choix de ce timbre un peu générique permet justement au projet de s’extirper d’un carcan trop serré, et de jouer la diversité. Steve n’a que trop travaillé avec des chanteurs uniques pour se laisser enfermer dans une case, et s’évade une fois encore le long des couloirs du temps, retrouvant ses passions de jeunesse pour les mettre en application à son niveau. Mais qui dit humilité, ne dit pas absence de convictions ou d’ambitions. C’est pour ça que l’on retrouve sur ce deuxième album des titres un peu plus osés, qui auraient d’ailleurs pu illustrer une bande son sur le Hard Rock européen des années 80, avec en point d’orgue « Last Chance ». Mélodies toujours aussi prononcées, subtilité d’interprétation ne sacrifiant pas au naturel, couplets médium pour refrain fort, la méthode est brillante et le rendu éclatant. Ainsi, Steve ne retombe jamais dans ses travers habituels, même si les chansons ne chutent que très rarement sous les cinq ou six minutes. Avec ces guitares carillonnantes à la distorsion propre, BRITISH LION ne joue pas le consensuel, mais bien le plaisir et la liberté, puisant dans le Rock et la Pop anglaise de quoi booster ses envies d’un Hard Rock souple, même si certaines recherches sonores trahissent un passé plus que légendaire (« Spit Fire »).
Et si l’ensemble du tracklisting table sur l’homogénéité, certains chapitres se distinguent de par leurs nuances, « Land of the Perfect People » étant sans doute ce que le sympathique bassiste a composé de plus Pop depuis ses débuts. Mais l’équilibre est toujours respecté dans la nature, et le fabuleux « Bible Black » de ramener les débats sur le terrain de la nervosité, avec son pattern syncopé et ses crises d’énergie assumées. Et sans être la révélation qu’il n’a jamais prétendu être, ce second album de BRITISH LION tient fermement debout, entre tics irréguliers et envie décuplée, présentant un autre visage d’ un musicien que tout le monde se plaît à croire connaître. Peut-être pas le lion au sommet de la chaîne alimentaire animale, mais un fauve au pelage soyeux, qui n’hésite pas à montrer les dents entre deux pas tranquilles.
Titres de l’album :
01. City of Fallen Angels
02. The Burning
03. Father Lucifer
04. Elysium
05. Lightning
06. Last Chance
07. Legend
08. Spit Fire
09. Land of the Perfect People
10. Bible Black
11. Native Son
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
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09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31
Je suis partagé. Je ne vais plus au Hellfest qui est devenu trop cher pour moi, et beaucoup trop peuplé. Pour autant, même si Muse ou Shaka Ponk suscitent le débat, ce n'est pas non plus archi-scandaleux. Les premiers ont toujours eu d'assez grosses guitares d(...)
09/07/2025, 18:22
Je crois qu'il faut accepter que la scène Metal (extrême en particulier) va redevenir underground et invisible pour le profane (et c'est pas pour me déplaire). Le reste - vieux dinosaures des années 80 et jeunes groupes prêt à tout pour quelques l(...)
09/07/2025, 15:34
"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)
09/07/2025, 15:26
@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
09/07/2025, 13:52
Bonjour, moi je serais dans les premiers à réclamer plus de femmes sur scène, et éventuellement plus de diversité ethnique, mais je préfère largement un festival du type Fall of Summer, au Hellfest, et ce depuis 2015....
09/07/2025, 13:52
News à mettre en regard de celle sur le dernier concert de Black Sabbath, nous assistons à l'agonie d'une certaine idée de la scène metal, celle qui arrivait à faire consensus autour d'une musique de qualité et qui avait du succès. F(...)
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"Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis?" bah ça n'a plus rien de choquant aujourd'hui. Barbaud parle de Placebo en tête d'affiche donc bon... Va falloir s'y faire, les fans de Metal ne sont plus du tout le public vis&eacut(...)
09/07/2025, 12:20
Si je voulais être méchant, je dirai : "Y a-t-il encore des fans de Metal au HELLFEST ?"
09/07/2025, 10:30
Avec qui en tête d'affiche? Radiohead ou Oasis? Plus sérieusement, je me de mande encore comment le festival peut afficher complet avec l'affiche qu'ils ont réalisée pour 2025. Comment les fans de metal peuvent encore leur faire confiance ?
09/07/2025, 10:13
@DPD : on te vois beaucoup t'attaquer aux groupes de croulants mais on ne te vois jamais la ramener sur tes groupes du moment, ce que tu aimes ou les groupes qu'il faut désormais en lieu et place de ces formations vieillissantes que tu dénonces tant...
09/07/2025, 06:45
@Jus de cadavreGenre ils on payés les frais de déplacement et l'hôtel, me fait pas rire, les enfoirés part 2. Au moins le juif Patrick Bruel tiens debout.
09/07/2025, 01:12