Delirium

Seventh Crystal

14/05/2021

Frontiers Records

Frontiers nous propose aujourd’hui le premier album d’un nouveau groupe suédois, qui n’en était pas vraiment un au départ. SEVENTH CRYSTAL était à la base le véhicule solo du chanteur Kristian Fyhr qui cherchait un moyen de raconter dans son coin les histoires qui occupaient son imagination, et le vocaliste avait alors l’idée d’enregistrer un EP pour proposer au public sa musique et sa conception des choses. Mais après avoir enregistré quelques pistes, Kristian s’est vite rendu compte que son travail méritait plus de soins, et un apport extérieur pour sonner plus peaufiné et professionnel. C’est ainsi qu’en vendant un vieil orgue Hammond, il fit la connaissance de Johan Älvsång (claviers), avec lequel la conversation ne tarda pas à tourner autour de la musique. Suite à cette rencontre, le noyau du groupe a été cimenté par l’adjonction d’un vieil ami, Olof Gadd (basse), avant que le mini-buzz entourant cette mystérieuse formation n’attire l’attention d’Anton Roos (batterie) et Emil Dornerus (guitare). Ainsi, de petit projet personnel, SEVENTH CRYSTAL est devenue une entité collective viable, nous présentant en ce mois de mai le fruit de ses réflexions en longue-durée.

Une affaire suédoise donc, pays pourvoyeur en fantaisies rétrogrades en tous genres, mais aussi pays orfèvre dans l’art de ciseler la mélodie comme dans les années 80, lorsque l’AOR dominait la cime des charts de son drapeau harmonique. Le but du projet - outre dévoiler les thématiques chères à Kristian Fyhr - était de proposer la musique la plus variée possible, tout en respectant un cahier des charges assez précis. Kristian Fyhr décrit lui-même le projet avec beaucoup d‘honnêteté, admettant ses objectifs et ses influences les plus notables :

Je décrirais la musique du groupe comme une sorte de « Rock intelligent », mais très mélodique. Ma façon d’écrire est très variée, je peux commencer la composition d’une chanson Pop, et tout à coup la booster pour qu’elle sonne plus Rock. J’admire beaucoup les productions du Cheiron Studio et de Max Martin, alors, il n’est guère étonnant que j’y puise mon inspiration. Et puis, les autres ramènent aussi leurs propres influences, ce qui donne au final le son de SEVENTH CRYSTAL!   

Ce son, typiquement suédois donc parfaitement américain, est clair, propre, net et enrobé, ce qui correspond parfaitement à l’optique choisie par les musiciens et leur leader. Les morceaux, tous empreints d’une certaine nostalgie mélodique en vogue dans les eighties ont tous plus ou moins l’envergure de hits, et si la tonalité générale est plutôt intimiste et romantique, certains chapitres n’hésitent pas à jouer la densité pour se rapprocher d’un Hard harmonique de l’orée des nineties et du nouveau siècle. Comparant son nouveau poulain aux institutions ONE DESIRE et H.E.A.T, Frontiers table donc clairement sur le pouvoir d’attraction suédois en la matière. Mais Delirium, même s’il est loin d’un délire de distorsion et de puissance n’en est pas moins très personnel, et appartenant totalement à l’imagination de ses concepteurs. Dans une approche à la EUROPE des jours de gloire, SEVENTH CRYSTAL impose la tendresse comme norme, et lâche des moments de beauté brute comme « When I'm Gone », blue-song qui aurait fait un malheur il y a trente ans. Je me dois donc d’avertir tous les fans de Hard mordant à la suédoise, ce premier album n’est pas des plus saignants, même si les parties les plus abruptes pourront séduire les plus ébouriffés. Mais en acceptant que le quintet n’hésite jamais à calmer le jeu parfois pendant de longues minutes, en enchainant les ballades revendiquées ou non, les durs de dur sauront s’ils doivent suivre cette route ou passer leur chemin.

Mais après tout, « Say What You Need To Say » et son beat jumpy à la suédoise sur une structure à la SURVIVOR annonce clairement la couleur pastel, avec une guitare toute en retenue, des claviers présents, et un chant prépondérant sur des chœurs judicieusement placés. Plus nerveux, « When We Were Young » attire les rockeurs dans ses filets, sur moins de trois minutes, et signe une réussite Eurovision dans toute sa splendeur, en jouant le jeu d’une harmonie de refrain totalement irrésistible. Classique dans le fond, professionnel dans la forme, le groupe ne cherche pas le renouveau, mais la sincérité d’une musique qui vient du cœur. La voix de Kristian Fyhr, très pure et parfaitement maîtrisée, permet au vocaliste de s’envoler dans les aigus sans en rajouter dans le pathos, nous évitant ainsi le drame des incarnations les plus larmoyantes. Mais ce qui frappe à l’écoute de ce premier long, c’est la cohésion qui existe entre les membres, qui donnent le sentiment de jouer ensemble depuis des années, malgré leur date récente de rencontre. On pourra évidemment regretter le parti-pris très délicat de l’entreprise, qui place à intervalles très réguliers des cassures émotionnelles, au lieu de nous emporter dans un tourbillon d’Arena Rock dense et touffu. Mais même lorsque le sentimentalisme s’exprime à plein régime, la passion n’est pas dénuée de puissance, comme le démontre le troisième titre « Broken Mirror ».

Subtil mélange d’AOR, de Pop Rock de première qualité, et de Hard Rock maîtrisé, Delirium se laisse parfois aller au métissage global, avec un title-track qui passe en revue toutes les composantes avec un brio extraordinaire. Parfois en grande forme rythmique, SEVENTH CRYSTAL se laisse aller au son de percussions tribales sur le fabuleux « So Beautiful », avant de revenir vers un Hard-Rock très typé seventies sur le brulant « Time To Let It Go ».

La seconde partie de l’album nous permet donc de comprendre cet éclectisme très recherché par Kristian Fyhr, qui en effet tape un peu partout pour éviter la linéarité, n’hésitant pas à placer des intros très cinématiques pour nous entraîner dans son monde (« Déjà Vu »).

Au final, et malgré une entame un peu prévisible vite rattrapée par une suite moins convenue, Delirium s’impose sur la longueur, relativement raisonnable, mais assez étendue pour juger du potentiel d’un groupe appelé à devenir énorme dans le genre. Dommage que le quintet ait choisi de refermer les portes de son premier album sur le piano un peu trop tendre de « Hope It Will Be Alright » plutôt que de nous persuader définitivement d’un bon up tempo, mais un premier album sans faux-pas n’en étant pas un, acceptons Delirium tel quel.                           

              

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. Say What You Need To Say

02. When We Were Young

03. Broken Mirror

04. Delirium

05. When I'm Gone

06. Should've Known Better

07. So Beautiful

08. Time To Let It Go

09. Déjà Vu

10. Bright And Clear

11. Hope It Will Be Alright


Site officiel

Facebook officiel


par mortne2001 le 08/06/2021 à 18:22
80 %    840

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Great Falls + Kollapse

RBD 04/05/2025

Live Report

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Humungus

Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.

08/05/2025, 09:17

SALMIGONDIS

@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" !  :-/     En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi...  De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)

07/05/2025, 11:52

Orphan

Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque

07/05/2025, 11:04

RBD

@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)

06/05/2025, 20:29

MobidOM

"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)

06/05/2025, 20:28

RBD

Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.

06/05/2025, 19:29

Caca

line-up de clodos

06/05/2025, 18:18

SALMIGONDIS

Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...  

06/05/2025, 17:11

DPD

Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.

06/05/2025, 16:15

DPD

Bhen c'est écrit dans la news, les 3 premiers albums.

06/05/2025, 16:14

LeMoustre

A voir quel contenu sera proposé 

06/05/2025, 15:42

DPD

Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)

06/05/2025, 05:51

Moshimosher

Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)

05/05/2025, 23:34

La Boca

J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée  à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .

05/05/2025, 18:16

Humungus

Il était temps...

05/05/2025, 09:15

Oliv

Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma  tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)

04/05/2025, 12:35

Oliv

C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)

04/05/2025, 12:25

Simony

Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !

04/05/2025, 09:55

RBD

Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)

03/05/2025, 22:39

DPD

T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.

03/05/2025, 21:41