Allons bon. Si le Black Metal fait comme Jason Voorhees et va dans l’espace, nous voilà bien pour réorganiser notre défense internationale. Non, je n’ai pris aucune substance prohibée, mais j’ai consulté la bio de ce groupe finlandais qui se réclame d’un « Space Black Metal » que je pensais d’ordinaire réservé aux délires d’OXIPLEGATZ ou OPHTHALAMIA, et c’est ainsi que l’image est venu flotter à la surface de mon imagination débordante. Mais rassurez-vous, si vous supportez mal les trips dans la galaxie, je vous rassure tout de suite. Vous ne risquez pas la pression ni le super jet-lag en voyageant avec les STAR INSIGHT, car leur musique n’a rien de spatiale, et n’a qu’un lien très ténu avec le Black Metal. Ce lien est d’ailleurs si ténu qu’il se loge uniquement dans le gosier grave et rauque de Pekka Rajala, le chanteur masculin de sa formation, qui de ses cris aimerait bien nous persuader du caractère extrême de sa formation, mais qu’il ne se fasse aucune illusion. STAR INSIGHT n’est qu’un énième combo de Metal symphonique, pas plus dark que la moyenne, gentiment gothique, mais cherchant surtout l’efficacité Pop de morceaux simples boostés à l’énergie Metal. A ce titre, les originaires de Seinäjoki n’ont pas plus d’arguments à étaler sur la table des négociations que leurs confrères, choisissant le versant le plus habituel et convenu du Metal dit « orchestral », mais qui repose surtout sur des constructions Heavy et quelques ambiances travaillées au claviers qui rappellent la scène allemande. Rien de bien neuf donc sous les étoiles, même si Across the Galaxy est le second LP du groupe, faisant suite au très moyen Messera paru il y a déjà six ans. Six longues années de silence pour revenir avec un LP très professionnel, sans conteste, mais auquel il manque évidemment l’étincelle de magie, grief que l’on peut formuler à l’encontre de quatre-vingt-quinze pour cent des groupes du créneau.
Pourtant, j’aurais bien voulu aimer les STAR INSIGHT. Leur pochette est sympathique dans le registre « allusion aux médecins traitant la peste il y a des siècles mais version cartoon », ils ont l’air très gentils et polis, mais leur musique, trop prévisible et surtout unidimensionnelle empêche de les apprécier à leur juste valeur humaine. Comme à la parade, les finlandais nous refourguent les plans dits « extrêmes » habituels, soit un répertoire de riffs touffus mais convenus, alternent le chant opératique d’une Castafiore un peu perdue dans son monde (et au timbre assez irritant passé les dix secondes) et d’un gros méchant qui grogne comme un monstre, mais oublient au passage de travailler leur originalité. Il faut dire que dès le départ, et à peine arrivé sur leur entrée de The Metal Archives, on note un pas si anodin que ça « Heavily influenced by THE KOVENANT », ce qui n’est jamais bon signe pour un groupe. S’il est certain que les points communs sont évidents, les finlandais perdent vite au petit jeu de la comparaison. Sans être un spécialiste du genre, il est tout à fait possible d’anticiper les plans et les enchaînements, et « Escape As A Last Resort » ne fait pas grand-chose pour nous faire vaciller de nos certitudes. Intro pomp, cassure, puis enchaînement sur un couplet puissant dominé des deux voix, et aplati par des guitares plus que classiques. La mise en place est traditionnelle, et si le morceau se montre efficace avec ses quelques arrangements synthétiques, il n’en reste pas moins plus un exercice de style qu’un véritable hymne, de ceux dont ont besoin les albums pour instaurer leur climat. Anna Pellikka a beau avoir un joli timbre, ses envolées dans les aigus brisent les tympans, et n’apportent pas à l’ensemble la patine classique grandiloquente dont il a besoin pour vraiment décoller. Ce qui est toujours fâcheux pour du « Space Metal »…
Alors, les titres passent, et l’espoir d’un renouveau trépasse, même si le groupe (Aapo Timonen - basse, Mikael Nurmi - guitare/synthés/programmation, Pekka Rajala - chant/synthés/programmation, Anna Pellikka - chant, Toni Jokinen - guitare) parvient de temps à autre à trouver une approche différente, parfois plus Pop et mesurée (« Reaching For The Sky Above »), parfois plus théâtrale et démesurée (« Across The Galaxy »). On regrette d’ailleurs que les finlandais n’aient pas plus creusé cette piste de cabaret en forme de Power Metal, puisque ce titre se distingue vraiment du reste de leur répertoire par sa folie instrumentale et vocale (et se rapproche même de la démence géniale des DIABLO SWING ORCHESTRA). Mais la seconde partie de l’album, parfois moins systématique, permet de s’accrocher à quelques détails, comme cet up tempo jumpy sur « Death To The Stars », cette intro étrange et inquiétante sur « Past, Present & Future », ou ces envolées cinématographiques sur le plutôt bon « Lost In The Starlight », qui rappelle même le NIGHTWISH de Wishmaster. Mais la base même de la philosophie du groupe est décidément trop sage pour convaincre les sceptiques, et encore trop convenue pour fédérer les amateurs, qui chercheront en vain une porte de sortie sur une œuvre qui s’empêtre dans ses propres répétitions, répétitions faisant déjà partie du répertoire classique du genre. Ne reste plus à STAR INSIGHT qu’à naviguer à vue, et à faire confiance à ses instruments en se mettant en pilotage automatique, alternant les lieux communs et les loopings prudents.
Un second LP qui ne fera pas date dans l’histoire, et qui prouve que parfois les pays nordiques commettent des erreurs d’appréciation. A écouter pour boucher un trou dans l’emploi du temps, ou tester un nouveau matériel hi-fi, la production de l’objet en question étant exemplaire.
Titres de l’album:
01. Escape As A Last Resort
02. Reaching For The Sky Above
03. I´m Not a Number
04. It´s All Lies
05. Withing Horizon
06. Across The Galaxy
07. Death To The Stars
08. Past, Present & Future
09. Lost In The Starlight
10. Over The Edge
11. Shine On Me Once Again
@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....
30/05/2025, 09:39
Bah tu as oublié la reprise finale de dragon ball par Lisa, question de génération hehe. Je ne connaissais pas tant que ça Paul Gilbert (un peu Mr Big et Racer X, mais pas plus), super bonhomme et musicien incroyable. Enorme panard sur la reprise de Procol Harum.
29/05/2025, 22:28
J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...
26/05/2025, 07:32
@LeMoustre : alors grand-père, t'as réussi à sorti des soins palliatifs?
24/05/2025, 07:15
Une plaque bien méritée ! Mes deux premiers albums de death metal, Blessed are the Sick de Morbid Angel et Tomb of the Mutilated de Cannibal Corpse, deux albums que j'adore toujours autant, après plus de 30 ans passés dans ma discothèque, y ont &eacut(...)
23/05/2025, 19:55
Je chiais encore dans des couches à la grande époque du Morrisound, et pourtant si je fais un top 10 de mes albums de chevet tous styles confondus, la moitié (au moins) aura été enregistré dans ce studio. Le genre de lieu qui a marqué notre sc&egra(...)
22/05/2025, 17:52
Si ce qu'il dit est vrai c'est quand même bien bas comme méthode de "licenciement", surtout venant d'un groupe qui prône ouverture, tolérance et respect à longueur de show (ironiquement par sa propre voix en plus...).
21/05/2025, 17:13
J'aime bien ce groupe... c'est dommage que cette collaboration se termine ainsi... En tous cas, faut que je jette une oreille à Downstater...
21/05/2025, 16:13
Groupe Polack + thrash ! On pense immanquablement a Turbo. Et ici ce n'est pas complétement faux avec un son abrasif et des vocaux bien criards. Pas mal du tout cette affaire
21/05/2025, 07:33