Klone unplugged

Klone, Cloud Cuckoo Land, Quine

Black Sheep, Montpellier (France)

du 13/12/2018 au 13/12/2018

Après Slayer, on aurait pu décider d'arrêter d'aller voir des groupes et mourir tranquilles. Mais je suis trop faible face aux tentations, et malgré cette pluie qui semble décidée à m'accompagner à chaque fois, le premier concert du reste de notre vie amorçait une reprise en douceur.

Comme je m'y attendais, la cave du Black Sheep n'accueillit qu'une demi-jauge environ d'un public assez jeune en moyenne, de ceux qui ont grandi avec Klone. Au-delà du mauvais temps, le fait qu'ils soient déjà passés en ville au format acoustique l'an dernier aura immanquablement dissuadé une partie des gens. Le merchandising de la tête d'affiche était profus. Bizarrement Arbre, le sonorisateur de la salle, balança à chaque interlude de la soirée un morceau de New Order.


Le premier groupe à s'asseoir sur les sièges hauts occupant la scène était les cinq locaux de QUINE, avec deux guitares et une chanteuse. Sans trop connaître encore le groupe et ses influences, sur ce format débranché on nageait dans un Rock Atmosphérique placide très classique, qui m'a rappelé The Gathering ou Radiohead dans leurs secondes périodes. Le son quasi cristallin des cordes, que le bon matériel du lieu rendait fort bien, rappelait celui du vieux Rock des origines sur des tempos bien moins endiablés. Après quelques créations homogènes et de bonne facture, une reprise fidèle du "Teardrop" de Massive Attack se coulait parfaitement dans ce répertoire. Le timbre haut de la chanteuse, s'il n'est évidemment pas encore aussi souverain que ceux d'Anneke van Giesbergen ou Elizabeth Fraser, est tout à fait maîtrisé et prudent là où d'autres caseraient quelque effet de vocalises inopérant. C'est à l'image d'un collectif qui préfère bien tenir ses bases pour commencer, et j'ai trouvé ce court set tout à fait encourageant (cartong pleing…).


CLOUD CUCKOO LAND n'est rien d'autre qu'un projet parallèle rassemblant les trois quarts de Klone avec une chanteuse à la place de Yann Ligner. De fait, il apparut vite que cet autre groupe emprunte une direction très différente après un lancement de set progressif. Entre les petites notes pincées tirées d'une bonne vieille Stratocaster (on peut en faire tellement de choses !) et la guitare sèche de Guillaume Bernard, les paysages sonores étaient beaucoup plus changeants autour de la voix largement plus voyageuse de la seconde chanteuse de la soirée. Elle explore en effet des variations et modulations amples, expressives et introspectives à la fois, changeantes comme un rêve malgré la délicatesse de l'ensemble, osant quelques montées de puissance pour tendre tel ou tel morceau avant sa rupture comme on se réveille d'un songe qui tourne mal. Une fois de plus, on comparera ce type de travail vocal avec celui de Kate Bush, référence difficilement contournable dans ces territoires, malgré un encadrement instrumental plus moderne et intimiste. La variété des passages rendait la communication assez superflue et l'expérience plaisante.


Que de chemin parcouru par KLONE depuis la première fois que j'avais vu une bande d'adolescents chevelus et rigolards tenter de doubler Gojira par des riffs plus mélodiques et un peu de chant clair ! C'était il y a treize ans et le personnel a bien changé, transformant le plan de base en quelque chose de plus ambitieux et personnel. J'avais déjà revu les Poitevins ensuite, moins qu'à mon tour du fait de conflits de dates répétés, mais pas encore sous cette formation "unplugged" des derniers temps. Même à ce volume, l'écriture de Klone est identifiable, par ses rythmes de sauropodes et ses notes mélancoliques et lumineuses. La tessiture particulière de Yann Ligner renforce à l'oreille ce lien entre les deux incarnations, ce chant de tête haut et étincelant glissant régulièrement dans des passages râpeux. L'influence évidente d'Alice in Chains était surpassée cependant par quelques passages à pleines mains des deux guitares, alors que la Fender avait disparu et la basse jamais apparu, où ressurgissait une identité Metal indélébile. Sans pouvoir en être sûr, cela venait certainement de titres antérieurs au dernier album purement acoustique. L'ambiance restait tout à fait bon enfant, quelques fans entonnant muettement les paroles et applaudissaient généreusement les quatre membres formant l'équipe actuelle. Le rappel clôturant ce parcours tranquille fut composé de deux reprises assumant on ne peut plus clairement les inspirations déjà discernables : "Heart-Shaped Box" où le timbre de Ligner ressemblait à s'y méprendre à celui de Kurt Cobain, puis ce "Black Hole Sun" plus puissant, qui avait été un tube grand public d'une façon inconcevable pour l'époque actuelle.

Un dernier salut plein d'amabilités réciproques clôtura probablement cette année de grand cru sur le front des concerts sur une note apaisée.


par RBD le 17/12/2018 à 11:45
   1200

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Humungus
membre enregistré
24/12/2018, 11:02:58
Superbement écrit.
A l'instar de l'avatar...

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
roulure

true norwegian roue libre

26/04/2024, 13:40

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Simony

Yes, et demain samedi, c'est WITCHTHROAT SERPENT et ORBIS au Nirvana Pub-Club de Nancy.Si j'avais le temps de renseigner la partie gigs de ce site....

26/04/2024, 13:35

Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20