A Blind Eye

Assault

15/07/2022

Autoproduction

Après une démo 2018 sortie en 2019 (???), les américains d’ASSAULT passent enfin la vitesse supérieure pour nous offrir leur premier album longue-durée, toutefois très raisonnable. Huit morceaux pour à peine trente-cinq minutes, c’est toutefois largement suffisant pour juger du potentiel de ces petits jeunes qui selon eux-mêmes, souhaitent insuffler un nouvel esprit à la scène Thrash moderne. Alors, autant jouer la franchise immédiatement, ce quatuor n’insuffle rien d’autre qu’un vent personnel, puisque dans le fond ses composions restent classiques jusqu’au bout de la corde de mi. On y sent l’influence du BIG4, celle de groupes moins exposés, et le résultat s’il est probant, n’en reste pas moins très formel.

Les fans du groupe et journalistes ayant eu la chance de voir le groupe en live en font tous le même constat : prestation sérieuse, carrée, unité, complicité et énergie, largement de quoi justifier le prix d’un ticket. Sans avoir eu cette chance, je ne peux donc me baser que sur ce premier album, qui en effet semble clairement indiquer une véritable joie de jouer ensemble, une musique traditionnelle, délicieusement nostalgique, mais aussi terriblement secouée.

Alors que beaucoup de leurs contemporains commencent à se réfugier dans le giron d’un Heavy/Thrash confortable, les ASSAULT foncent bille en tête, mais évitent avec beaucoup d’intelligence l’écueil de la paraphrase. Pas assez rigolard pour se mettre à la colle avec les MUNICIPAL WASTE, pas assez dur ni glauque pour faire du pied à POWER TRIP, mais quelques chose d’une séduction entre-deux,  truffée de clins d’œil fast énamourés et autres riffs méchamment addictifs.

Ne le cachons pas, j’ai rougi en constatant que le groupe me fixait de son Thrash dévastateur et rappelant le meilleur de la seconde moitié des eighties. Il faut dire qu’avec une présentation aussi ferme que celle de « Death Solution », impossible de jouer les blasés. Se passant fort bien d’une intro inutile, les originaires de Cleveland, Ohio passent directement la vitesse supérieure, pour démultiplier leur course et arriver dans les premiers. Mais si la vitesse est une composante importante de cette musique, c’est surtout ce flair au moment de trier les riffs qui laisse pantois. Aucun lick à jeter, des accointances avec la scène radicale allemande mais une fluidité totalement américaine, pour un premier jet incroyable de précision.

Enregistré, mixé et masterisé par Noah Buchanan aux Mercenary Studios, A Blind Eye est une petite merveille qui prouve qu’au royaume des aveugles, le strabisme est roi. En regardant dans plusieurs directions à la fois, le quatuor (David McJunkins - basse, Owen Pooley - batterie, Connor Nelson - guitare et Dylan Andras - guitare/chant) pioche son inspiration en laissant les mauvaises pousses, et multiplie les sifflantes, les harmoniques, les breaks syncopés, les attaques saccadées, présentant de fait un cahier des charges respectés à la lettre, mais légèrement relooké pour ne pas sonner trop décalqué. On adore donc cette énergie incroyable qui émane du mid tempo de « A Blind Eye », title-track noble en mid/down efficace en diable, mais on apprécie tout autant les tranches de vie en sauvagerie/survival, lorsque le lapin détale comme un, sous la menace d’un psychopathe à la machette trop bien aiguisée Speedcore (« Antebellum », et son tempo totalement explosif sur nappe de chœurs Hardcore). Deux guitaristes qui connaissent leur médiator, un batteur qui s’éclate à faire chauffer le moteur ou qui pulvérise ses pédales, et un bassiste au claquage NYHC, voici donc le secret de la salsa pour ces américains enthousiastes, qui savent pertinemment que leur puissance est plus importante que leur pseudo-originalité.

Et s’il n’y que Mille qui m’aille, se prendre un tel assaut de gaz moutarde fait mal aux esgourdes, bien mises à l’épreuve par des plans caractéristiques, mais euphoriques. La dominante est donc cette joie de jouer ensemble pour construire un répertoire au-dessus de tout soupçon, qui prendra toute son ampleur en conditions live. « Obey, Decay » petit monstre au caractère bien trempé rappelle ASSASSIN mais aussi TOXIC HOLOCAUST, tandis que « Leech » allume sa lampe frontale pour explorer cette vieille mine Thrash abandonnée depuis des années.

Du lourd, mais du fluide. Du fast, mais compréhensible. De la saccade en veux-tu en voilà, mais la meilleure. Un son exceptionnel, enrobé mais ascétique, un chanteur totalement possédé pour des compositeurs mesurant au millimètre. De là, des moments de bravoure calibrés à l’extrême (« Obliviate »), et un final en mid qui laisse les fesses bien rouges, pour un bilan plus que positif.

 Les ASSAULT l’ont donné le bélier en avant, et ont fait chuter le pont-levis du château Thrash, parfois trop bien gardé par des gens s’en souciant peu et sans être prêt à y laisser leur peau. Une belle découverte pour un quatuor américain qu’on sent capable d’occuper les avant-postes, et nous livrer un deuxième album encore plus caliente que le premier.



Titres de l’album :

01. Death Solution

02. A Blind Eye

03. Antebellum

04. The Second Head of the Snake

05. Obey,Decay

06. Leech

07. Obliviate

08. Let It Burn


Site officiel

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 06/08/2022 à 16:33
82 %    430

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Midnight + Cyclone + High Command // Paris

Mold_Putrefaction 24/04/2024

Live Report

DIONYSIAQUE + JADE @La Chaouée

Simony 23/04/2024

Live Report

Enslaved + Svalbard + Wayfarer

RBD 20/03/2024

Live Report

Voyage au centre de la scène : BLOODY RITUAL

Jus de cadavre 17/03/2024

Vidéos

Crisix + Dead Winds

RBD 20/02/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Humungus

Putain !Si j'avais été au jus de cette date, j'aurai fait le déplacement boudiou...Pis je vois que tu causes de BARABBAS à Nancy ?!Et c'est... ... ... Ce soir.Re-Putain !

25/04/2024, 13:28

Tut tut!

25/04/2024, 12:44

Gargan

ça me fait penser à moi ivre mort parodiant Maurice Bejart, sur fond de Stravinski. Plus glucose, tu meurs. Mauriiiiice !

25/04/2024, 10:28

DPD

Mes confuses malgré mon instinct qui tapait dans le juste, rien avoir avec le gaillard à qui je pensais.

24/04/2024, 14:26

RBD

Vu récemment avec Napalm Death, et ça faisait plaisir de voir que beaucoup de gens connaissent leur Histoire du Death Metal car il y avait de vrais fans. Surtout, la formule D-Beat basique et efficace du père Speckmann fonctionne bien en live 

23/04/2024, 09:55

LeMoustre

Excellent disque avec un gros point fort sur le riffing atomique. La pochette m'évoque clairement celle de Nothingface, version bio-mécanique

22/04/2024, 18:04

Arioch91

Ca fleure bon le vieux Kreator période Pleasure to Kill ! Prod' crade, aux antipodes des trucs surproduits de certains groupes et quand ça speede, ça rigole pas.

21/04/2024, 19:52

Poderosos/Magnificencia/Técnica Suprema

Los Maestros del BRUTAL DEATH GRIND

21/04/2024, 19:50

Pomah

+1 Gargan, influence Mgla je trouve par moment. 

21/04/2024, 09:20

Jus de cadavre

Là clairement le label est dans son droit à 100%. Warner a racheté l'ancien label de Kickback, ils en font ce qu'ils veulent du catalogue. Après, l'élégance, une telle multinationale elle s'en beurre la raie. Mais je peux comprendre qu(...)

20/04/2024, 23:36

Tourista

Mouiii, pas faux. Les gonzes ont signé.Mais ça me rappelle Peter Steele qui avait voulu défenestrer un type dans les bureaux de Roadrunner après avoir découvert que le label ressortait les albums de Ca(...)

20/04/2024, 20:06

Tourista

Devinez où il se Lemmy. (ne me raccompagnez pas, je sors tout seul)

20/04/2024, 19:58

Grosse pute

Attention, les mecs ne se font pas "enfler". C'est juste que Warner ne leur a pas demandé leur avis pour rééditer le bazar et les mecs parlent donc d'édition pirate, alors que Warner a bien les droits sur le disque. Après, Kickback, ce ne son(...)

20/04/2024, 06:26

Tourista

Désolé pour les coquilles monstrueuses.  Merci la saisie automatique.

19/04/2024, 20:51

Tourista

Non bien sûr je plaisantais, M'sieur Heaulme. Un artiste qui se fait enfler a mille fois raison d'en parler !   Et je sais malheureusement de quoi je parle.Respect pour Kickback. Content que tu les pu voir ce docu.

19/04/2024, 18:08

Humungus

@Tourista :- "On s'en cogne"Bah non...- Tu t'es achement bien rattrapé avec ce docu qui était totalement passé à côté de mes radars.Exceptionnel.C'est pas C8 qui passerait ça bordel...

19/04/2024, 15:54

grosse pute

Au lieu d'aller baiser des gamines et des ladyboys à Bangkok, Stephan aurait dû apprendre à lire les contrats qu'il signe.

19/04/2024, 15:20

Humungus

Ouhlala miam miam !!! !!!! !!!

19/04/2024, 10:35

Tourista

Désolé, c'est bien SODOM et non....   Putain de correcteur !  

19/04/2024, 07:52

Tourista

On s'en cogne.   Non j'en profite juste pour dire à ceux qui ne l'auraient pas encor(...)

19/04/2024, 07:52