A Comedic Tragedy

Scorn

20/01/2020

Autoproduction

Direction le Canada pour y découvrir un one-man-project s’abandonnant dans la brutalité la plus outrancière. Un projet qui prouve s’il en était besoin que les formes les plus extrêmes du Metal s’accommodent de mieux en mieux aux restrictions, puisque derrière le projet SCORN ne se cache qu’un seul musicien. Attention toutefois à ne pas commettre la méprise de confondre ce groupe avec les délires Ambient de Mick Harris. Les deux entités n’ont rien en commun, à part cette tendance à aller au fond des choses et à viser la perfection. Si Mick, après ND avait cherché à réduire le bruit pour se frotter à un univers différent de ce qu’il avait connu, il semblerait que Steven Rowlands lui, n’ait qu’un seul but. Jouer fort, vite, très vite parfois, et proposer une sorte de synthèse entre Death et Thrash Metal, sans chercher la petite bête, mais en démontrant une habileté technique indéniable. SCORN est donc né en 2014, et après une première démo publiée en 2015, To Bleed or Not to Bleed, a consacré les quatre années suivantes à la préparation de ce premier LP qui visait la perfection dans le genre. Et si d’aventure vous tombiez sur des photos promotionnelles du groupe, qui montrent un trio, ne vous laissez pas leurrer. Steven est bien seul aux commandes, et A Comedic Tragedy lui est imputable en intégralité, ou presque. L’homme a en effet confié quelques interventions à des guests, dont une intro à Alex Snape, et quelques soli à Layne Richardson et Jonah Kay. L’homme a aussi produit et enregistré son album lui-même, tout en confiant le mastering à Alex Snape des Nomadic Arts studios. L’artwork, superbe d’ailleurs, a été réalisé par Santiago Villanueva Schreiber, tandis que le logo du groupe a été conçu par Christopher Horst, mais ce sont les seules interventions extérieures que SCORN s’est autorisées. Le reste a entièrement été façonné par le musicien canadien, qui s’est non seulement chargé de la composition, mais aussi de l’instrumentation, assumant les guitares, le chant, mais aussi la basse et la programmation, pour tenter d’obtenir le résultat escompté. Et ce résultat, sous des atours classiques se montre séduisant dans son parti pris entre deux chaises, qui ne laisse pourtant pas son cul en l’air.

Death donc, en très grande partie, mais Thrash en filigrane, pour un premier album qui frappe fort et vite. Admettant des influences diverses et complémentaires, pas toutes justifiées ou identifiables (DEATH, SLAYER, MEGADETH, DEICIDE, BLACK DAHLIA MURDER, GOJIRA, CORONER), Steven Rowlands joue donc le formalisme, et accepte d’être plus volontiers fasciné par le passé que par le présent. On trouve donc dans cette nouvelle tranche de mort nostalgique des éléments des groupes précités, mais aussi pas mal de précision américaine, avec des réminiscences du MORBID ANGEL le plus radical, ainsi que de sales traces du DEICIDE le moins jovial. SUFFOCATION parvient aussi à se tailler un chemin jusqu’au cerveau fécond de notre cher ami canadien, ainsi que BENEDICTION, ce qui contribue à faire de ce A Comedic Tragedy un melting-pot intéressant à défaut d’être révolutionnaire. Première constatation, le son. Ample, gros, épais mais clair, il met en valeur le talent du bonhomme pour accoucher de riffs maousses dont on se souvient sans faire d’effort. La démonstration en est rapidement faite d’ailleurs, via l’intro qui n’en est pas vraiment une et qui après quelques secondes de calme explose dans une gerbe de guitares en fusion. « Frenzy », de son titre indique que l’auteur n’est pas prêt à se calmer et souhaite placer son premier effort sous le signe de la violence non édulcorée. Seul titre à passer la barre des six minutes, c’est une démonstration de force qui concasse DEICIDE sur l’autel de GOJIRA, avec cette petite pointe de schizophrénie vocale si chère à Glen Benton, pour un massacre organisé, bien rangé, mais suffisamment fou pour convaincre les plus maniaques des Death addicts. C’est efficace, la plupart du temps ultra rapide, mais intelligent dans son agencement des breaks lourds et sa distribution de soli taillés dans le cristal, école Death/Chuck garantie pur jus. Le chant de Steven, gras et grave, combine les timbres de Benton, Vincent et autres références de grognements, tandis que son art de la mise en place lui permet de tout résumer en six minutes, avec quelques allusions Thrash très prononcées.

Pour autant, la caution Death/Thrash ne saurait être accordée complètement au projet. La musique est trop brutale pour se parer d’une appellation Thrash, même si quelques riffs cycliques et redondants témoignent de l’amour du bonhomme pour la cause syncopée. On en trouve d’ailleurs sur presque tous les morceaux, qui savent aller droit au but et proposer des idées vraiment pertinentes. Ainsi, après la déferlante « Frenzy », « Dense Mind » se permet un allègement mélodique bienvenu, avec licks très catchy, pour encore une fois permettre au canadien de dérouler son talent de soliste. Mais avec des thèmes accrocheurs, des cassures bien amenées, et un flair certain pour trousser des ambiances étouffantes, SCORN se veut plus qu’un simple projet boosteur d’ego, et fonctionne comme un véritable groupe. On se prend à headbanguer en oubliant de se concentrer pour savoir de quel groupe vient telle ou telle idée, mais le plaisir dégagé par cette réalisation permet d’oublier des emprunts un peu trop flagrants, même si l’ombre de MORBID ANGEL est la plus écrasante (« Psychotic Acts »). De là à dire que Steven aurait pu baptiser son projet DEICIDE ANGEL, il y a une frontière que je ne franchirai pas, et qui est justement délimitée par ces parties Thrash qui permettent d’alléger le tout et de l’affranchir subtilement de ses références. Avec une violence ne se démentant pas tout du long, mais qui sait s’éclipser parfois devant des motifs accrocheurs en diable (« Demented », le plus Thrash du lot, redoutable), des transitions mélodiques classiques mais appréciables (« Isolation »), des inserts plus sombres et glauques que la moyenne (« Phagocytosis », premier morceau à jouer la lourdeur et le malsain, et ça fait du bien), A Comedic Tragedy se montre juste assez varié pour captiver, en restant cohérent de bout en bout. Et s’il se débrouille très bien seul, il serait intéressant de voir Steven Rowlands évoluer dans un cadre plus collectif, son talent confronté à d’autres étant susceptible de produire des merveilles. Belle entrée en matière, à voir pour confirmer par la suite.  

                           

Titres de l'album :

                          01. Intro

                          02. Frenzy

                          03. Dense Mind

                          04. Psychotic Acts

                          05. Demented

                          06. Isolation (Instrumental)

                          07. Phagocytosis

                          08. Chemical Lobotomy

                          09. A Lack Of Communication

                          10. Falling Fortress

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par mortne2001 le 10/10/2022 à 17:14
75 %    498
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Seb

Excellent ce morceau !!

12/07/2025, 19:15

metalrunner

Beau boulot vite du live

12/07/2025, 18:25

LeMoustre

Le troll DPD (quel beau nom !) en tête de gondole dans la fosse. Comment c'est possible ça genre de gus ?

11/07/2025, 13:36

LeMoustre

Mdr y'en a qui ont un niveau de goûts musicaux digne de la fosse des Mariannes. JPP de lol quand je lis ça Tout est dit.

11/07/2025, 13:34

LeMoustre

@Humungus : mdr. On s'est compris.@Buckdancer : oui j'imagine que tu as raison 

11/07/2025, 13:32

MorbidOM

Un troll sur metalnews.fr c'est comme un exibitioniste dans le désert, il peut arriver à capter l'attention de quelqu'un de temps en temps mais tu sens que niveau stratégie c'est pas optimal. 

11/07/2025, 13:28

LeMoustre

Le Hellfest n'est plus qu'un fest mainstreem comme tant d'autres et n'a plus rien à voir avec ses origines.Le nombre de blaireaux au M2 y est devenu affolant au point qu'il n'y a que ça.Pour ma part, je préfère aller dans les(...)

11/07/2025, 12:42

Humungus

Je pense que là, tout est dit... ... ...

11/07/2025, 10:01

DPD

Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?

10/07/2025, 21:43

DPD

T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..

10/07/2025, 21:36

DPD

Désoler si j'en ai rien à foutre du dernier groupe Brésiliens de war metal.

10/07/2025, 21:29

Alain Akbar

@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.

10/07/2025, 21:20

DPD

Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)

10/07/2025, 15:17

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L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)

10/07/2025, 15:09

Ivan Grozny

Oui très bon groupe, je recommande également !

10/07/2025, 14:36

Ivan Grozny

C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)

10/07/2025, 14:34

DPD

Sinon j'aime beaucoup Chat Pile comme groupe récent.

10/07/2025, 14:27

DPD

@GPTQBCOVJe suis  horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)

10/07/2025, 14:16

DPD

Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)

10/07/2025, 13:47

Humungus

Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".

10/07/2025, 13:22