Sauf erreur de ma part, le Crossover, genre joyeux, a tendance à s’assombrir depuis quelques années. Entre les coups de boutoir de POWER TRIP et les coups de blues d’ENFORCED, le style est grave, gras, épais, méchamment remonté, et nous propose des choses assez inquiétantes d’un point de vue musical. Mais loin de nous faire tourner le dos au genre, cette nouvelle tendance le rend passionnant, et d’une incroyable puissance. Et ça n’est pas le premier album des américains de NINTH REALM qui va contredire ce postulat.
Formé en 2018, ce quintet du Maryland (Jared Henry - basse, Liam McMahon & Nathan Mitchell - guitares, Joey Burke - batterie et Ben Hageage - chant) n’a pas chômé depuis son émergence, produisant trois EP’s d’une grande qualité en à peine deux ans. Il était donc temps de passer la seconde et livrer un premier longue-durée digne de ce nom, restant évidemment sous la barre de la demi-heure pour bien coller à l’éthique.
A Fate Unbroken endosse donc la lourde responsabilité de présenter le groupe en format long. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il le fait sans ambages, enrobé dans une production énorme, et jouissant d’un tracklisting bien méchant. Assez proche des deux références déjà citées, mais s’appropriant aussi l’héritage de LEEWAY et des D.B.C, NINTH REALM nous fait le coup de la pesanteur moite, des accélérations torrides, et des hurlements à glacer le sang.
On le sait, le Crossover est né en terre américaine, et les locaux savent mieux que quiconque manier les composantes du genre. Dans la plus droite lignée des orchestres les plus costauds, A Fate Unbroken rappelle parfois la hargne des CRO-MAGS, tout en ne plongeant pas la tête la première dans le bain brulant du NYHC. Tous au plus le groupe agrémente-t-il son Thrash d’une bonne dose de rage HC, tout en louchant parfois sévèrement vers un Death groovy et contagieux.
Outre des riffs d’outre-tombe assez punchy pour réveiller une armée des morts, on prend note de ce chant exhorté à pleins poumons, qui éructe des textes pessimistes, et de cette rythmique polyvalente à la basse évidemment claquante. Uni comme les cinq doigts de la main qui tendent un majeur à la face de la société, NINTH REALM incarne cette fameuse neuvième porte menant au royaume des enfers si bien décrits par Roman Polanski, et nous brûle de sa méchanceté et de son envie de lâcher les chiens sur terre.
On appréciera tout de même ces harmonies de guitare qui allègent parfois le propos sans le dénaturer, et tout le monde s’accordera à dire que le monstrueux « The Burning Wanderer » incarne la quintessence d’une méthode brutale, sans compromis, et fatale. La noirceur des thèmes, cette voix immonde mixée avec un max de réverb’, ces cassures qui font très mal aux cervicales, et cette tendance à se laisser aller à des aménagements Heavy font de ce premier album un petit bijou noir, qu’on arbore autour du cou comme un pentagramme sacré.
Inutile de tourner autour du pot, NINTH REALM fait mal aux tympans, mais incarne le versant le plus solide du crossover moderne. On ne peut s‘empêcher de penser aux maudits POWER TRIP, qui furent les premiers de cette jeune génération à assombrir leur musique, même si ces américains gardent le mid tempo sous le coude pour éviter de se répéter en vélocité.
Une bonne demi-heure de violence non édulcorée, et à peine allégée par des segments plus fluides et harmoniques. De la variété donc, mais une constance remarquable, qui nous entraîne au bout d’un répertorie taillé pour la scène. On imagine le mosh provoqué par un « Eternal Lance », ou le slam endiablé déclenché par le final « A Fate Unbroken ». Aussi séduisant qu’il n’est vilain, ce premier album est d’une haute teneur en énergie, et nous écrase de son propos ténébreux et de sa musique agressive.
Une belle révélation pour les uns, une sacré confirmation pour les autres, et au final, un album majeur de la production actuelle, qui joue la nostalgie avec beaucoup de panache. Sans paraphraser mais en s’inspirant, NINTH REALM jongle entre le Thrash et le Hardcore de New-York, et se taille une place enviable sur la scène moderne. Un disque à écouter à fond les ballons, quitte à y laisser quelques pourcentages d’audition.
Et si la souffrance n’a pas été assez longue, n’hésitez pas à rejouer « Plea to the Heavens » jusqu’à l’écœurement. Une bonne torgnole vaut bien des avertissements.
Titres de l’album :
01. Gates of Tythorin
02. Plea to the Heavens
03. Witch's Choir
04. Ondreis
05. Evoke Thy Wrath
06. Armageddon's Howl
07. The Burning Wanderer
08. Eternal Lance
09. A Fate Unbroken
Merci à Clawfinger pour ce grand moment de transgression validée par l’ordre moral dominant. C’est rassurant de voir que la “rébellion” moderne consiste à tirer sur une cible usée jusqu’à la corde, avec des punchlines dignes (...)
04/07/2025, 07:16
Il tourne pas mal chez moi ce disque, et c'était un vrai plaisir de revoir le groupe live récemment après les avoir un peu mis de côté. Un autre concert en tête d'affiche ne serait pas de refus !
03/07/2025, 16:57
Morceau décevant et sans surprise. La présence de Chris Kontos dans le groupe y fait pour beaucoup dans mon intérêt pour ce retour, mais pour le moment bof.
03/07/2025, 16:47
Je n'ai jamais aimé ce groupe, mais j'étais passé devant durant un Hellfest et en effet c'était juste insupportable toutes ces harangues (littéralement toutes les 10 secondes). Moi je m'en beurre la raie, mais pour les fans ça doit &ec(...)
03/07/2025, 12:55
Vu à Toulouse et je n'ai pas du tout accroché, pourtant vu 2 ou 3 fois depuis 2005. Et j'avais bien aimé. Rien ne surnage, ça bastonne mais pour moi aucuns titres ne sort du lot.Par contre j'ai adoré Slapshot
02/07/2025, 16:01
Votre article sur le kintsugi est un véritable hommage à l’art de reconnaître la beauté dans la fragilité et les cicatrices : mentionner son origine au XVe siècle et sa philosophie wabi‑sabi renforce(...)
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02/07/2025, 12:25
@Ultra Pute, t'es bien limité comme garçon. Et tu dois sacrément bien te faire chier pour venir commenter connement ce que les autres écrivent.Moi aussi, j'aime bien les commentaires gratuits (la preuve) mais je suis surtout là pour commenter l&(...)
02/07/2025, 08:50
Pas trop mal dans l'idée.Vocalement on s'y tromperait aussi.A voir sur tout l'album, le précédent, mis à part l'opener, m'avait bien déçu
01/07/2025, 15:38
ça tartine ! bien cool cool cette grosse basse @niquetoncul oui ça doit te changer de Jinjer
01/07/2025, 14:19
Tiens, le retour du papy boomer! Normal, quand du thrash de croulant, il sort de l'ehpad. Et si c'est pas signé, c'est que c'est nul à chier, pépé!
30/06/2025, 19:47
Si seulement Spiros pouvait arrêter d'haranguer le public toutes les 30 secondes avec ses "come on my friends", les lives de Septicflesh y gagneraient beaucoup.
30/06/2025, 11:36