A Fate Unbroken

Ninth Realm

04/11/2022

Mercenary Press

Sauf erreur de ma part, le Crossover, genre joyeux, a tendance à s’assombrir depuis quelques années. Entre les coups de boutoir de POWER TRIP et les coups de blues d’ENFORCED, le style est grave, gras, épais, méchamment remonté, et nous propose des choses assez inquiétantes d’un point de vue musical. Mais loin de nous faire tourner le dos au genre, cette nouvelle tendance le rend passionnant, et d’une incroyable puissance. Et ça n’est pas le premier album des américains de NINTH REALM qui va contredire ce postulat.

Formé en 2018, ce quintet du Maryland (Jared Henry - basse, Liam McMahon & Nathan Mitchell - guitares, Joey Burke - batterie et Ben Hageage - chant) n’a pas chômé depuis son émergence, produisant trois EP’s d’une grande qualité en à peine deux ans. Il était donc temps de passer la seconde et livrer un premier longue-durée digne de ce nom, restant évidemment sous la barre de la demi-heure pour bien coller à l’éthique.

A Fate Unbroken endosse donc la lourde responsabilité de présenter le groupe en format long. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il le fait sans ambages, enrobé dans une production énorme, et jouissant d’un tracklisting bien méchant. Assez proche des deux références déjà citées, mais s’appropriant aussi l’héritage de LEEWAY et des D.B.C, NINTH REALM nous fait le coup de la pesanteur moite, des accélérations torrides, et des hurlements à glacer le sang.

On le sait, le Crossover est né en terre américaine, et les locaux savent mieux que quiconque manier les composantes du genre. Dans la plus droite lignée des orchestres les plus costauds, A Fate Unbroken rappelle parfois la hargne des CRO-MAGS, tout en ne plongeant pas la tête la première dans le bain brulant du NYHC. Tous au plus le groupe agrémente-t-il son Thrash d’une bonne dose de rage HC, tout en louchant parfois sévèrement vers un Death groovy et contagieux.

Outre des riffs d’outre-tombe assez punchy pour réveiller une armée des morts, on prend note de ce chant exhorté à pleins poumons, qui éructe des textes pessimistes, et de cette rythmique polyvalente à la basse évidemment claquante. Uni comme les cinq doigts de la main qui tendent un majeur à la face de la société, NINTH REALM incarne cette fameuse neuvième porte menant au royaume des enfers si bien décrits par Roman Polanski, et nous brûle de sa méchanceté et de son envie de lâcher les chiens sur terre.

On appréciera tout de même ces harmonies de guitare qui allègent parfois le propos sans le dénaturer, et tout le monde s’accordera à dire que le monstrueux « The Burning Wanderer » incarne la quintessence d’une méthode brutale, sans compromis, et fatale. La noirceur des thèmes, cette voix immonde mixée avec un max de réverb’, ces cassures qui font très mal aux cervicales, et cette tendance à se laisser aller à des aménagements Heavy font de ce premier album un petit bijou noir, qu’on arbore autour du cou comme un pentagramme sacré.

Inutile de tourner autour du pot, NINTH REALM fait mal aux tympans, mais incarne le versant le plus solide du crossover moderne. On ne peut s‘empêcher de penser aux maudits POWER TRIP, qui furent les premiers de cette jeune génération à assombrir leur musique, même si ces américains gardent le mid tempo sous le coude pour éviter de se répéter en vélocité.

Une bonne demi-heure de violence non édulcorée, et à peine allégée par des segments plus fluides et harmoniques. De la variété donc, mais une constance remarquable, qui nous entraîne au bout d’un répertorie taillé pour la scène. On imagine le mosh provoqué par un « Eternal Lance », ou le slam endiablé déclenché par le final « A Fate Unbroken ». Aussi séduisant qu’il n’est vilain, ce premier album est d’une haute teneur en énergie, et nous écrase de son propos ténébreux et de sa musique agressive.

Une belle révélation pour les uns, une sacré confirmation pour les autres, et au final, un album majeur de la production actuelle, qui joue la nostalgie avec beaucoup de panache. Sans paraphraser mais en s’inspirant, NINTH REALM jongle entre le Thrash et le Hardcore de New-York, et se taille une place enviable sur la scène moderne. Un disque à écouter à fond les ballons, quitte à y laisser quelques pourcentages d’audition.

Et si la souffrance n’a pas été assez longue, n’hésitez pas à rejouer « Plea to the Heavens » jusqu’à l’écœurement. Une bonne torgnole vaut bien des avertissements.

            

         

Titres de l’album :

01. Gates of Tythorin

02. Plea to the Heavens

03. Witch's Choir

04. Ondreis

05. Evoke Thy Wrath

06. Armageddon's Howl

07. The Burning Wanderer

08. Eternal Lance

09. A Fate Unbroken


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par mortne2001 le 24/12/2022 à 18:30
85 %    493
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@Gargan exact, oubli impardonnable...Mais que veux-tu, je suis une vieille baderne qui pense que DEEP PURPLE est de la musique de jeunes et que tout est pourri depuis la mort de Roy Orbison. Mais totalement d'accord pour "Whiter Shade of Pale", quel feeling....

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29/05/2025, 22:28

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Excellent !!

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Cool qu'ils aient signé chez Osmose !

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J'avoue avoir délibérément censuré cette information de premier choix... ... ...

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