After Death

Insidious Disease

30/10/2020

Nuclear Blast

Ça n’est pas parce que vous mélangez des ingrédients de première qualité que vous obtiendrez un plat succulent. Tiens par exemple, une fois, j’ai essayé de faire une tarte avec des truffes, du caviar et de l’ortolan. Et bien c’était parfaitement immonde, et tout le monde a recraché dans son assiette en me lançant des regards assassins. En matière d’art, c’est la même chose, vous pouvez regrouper les meilleurs instrumentistes dans la même pièce, les obliger à composer ensemble et à enregistrer un album que vous imaginez parfait, et obtenir un brouet indigeste et parfaitement stérile. Tiens, prenez le premier album d’INSIDIOUS DISEASE par exemple. Avec dans son line-up des noms aussi magiques que ceux de Jon Øyvind Andersen (OLD MAN’S CHILD), Sven Atle Kopperud (DIMMU BORGIR), Tony Laureano (NILE, AURORA BOREALIS), Shane Embury (NAPALM DEATH) et Marc Grewe (MORGOTH), l’expérience avait de quoi être concluante, considérant le fait que le quintet allait se concentrer sur un Death Metal de tradition, genre bien connu du chanteur et assez fréquenté par les autres, il y avait de quoi avoir des suées et s’attendre à l’expérience auditive d’une vie. Et pourtant, sans être complètement foiré, Shadowcast avait méchamment déçu de sa convenance et de ses approximations un peu légères pour des mecs de ce pedigree. On s’est mis à dire que le supergroupe était légèrement faisandé sur les bords, et nous n’avions pas vraiment tort, ce qui prouvait que des mecs de la A-list enfournés ensemble ne produisaient pas forcément les étincelles qui font briller les yeux. Alors, lorsque dix ans plus tard, le groupe remet le couvert, on n’en attend plus grand-chose, d’autant que la sortie d’After Death a été plutôt confidentielle, malgré son listing chez Nuclear Blast. Alors en reprenant les mêmes pour éventuellement faire la même chose…

Avec un petit ajustement de formation et l’arrivée de Terje Andersen de SUSPERIA à la seconde guitare, le sang neuf allait peut être insuffler au projet le vent moisi nécessaire à sa crédibilité. Non que le musicien norvégien soit meilleur que son prédécesseur, mais un peu d’inédit permet parfois aux troupes de se remotiver, ce qui est un peu le cas ici, puisque sans révolutionner l’art délicat de l’hommage old-school, After Death est quand même largement supérieur à son aîné. Le reproche majeur formulé est toujours le même, une convenance qui dérange, et une politesse de composition qui nous empêche de nous immerger complètement dans le concept. Certes, les riffs sont puissants, l’ambiance morbide et le son ultra-compétitif, mais la linéarité d’ensemble frappe encore en plein cœur, comme si ce second tome avait été abordé comme le premier, en tant qu’exercice de style de cadors s’ennuyant chacun dans leur coin. On a connu Shane plus inspiré au moment de monter un side-project, et d’ailleurs, sa basse est complètement écrasée dans le mixage par les deux guitares qui occupent tout l’espace. Mais comprenez-moi bien, il n’y a aucun reproche de forme à adresser à un tel album qui frise la perfection dans bien des domaines. Les riffs tranchés par Silenoz et Cyrus sont tous de premier choix, la rythmique de Tony Laureano est solide comme le marbre d’une tombe, et le chant toujours légendaire de Marc nous ramène aux plus grandes années du Death centre européen, avec ses tonalités rauques et agressives. Mais il manque clairement quelque chose au projet pour vraiment s’enfoncer dans la terre la plus putride, et le tout sonne aussi appliqué qu’un bon élève faisant ses devoirs avec application en rentrant de l’école.

Evidemment, tout n’est pas à rejeter en bloc, et loin de là même. Les morceaux respectent le cahier des charges de l’ambiance mortifère exigée par le contexte, les soli sont efficaces, les breaks bien amenés, et la puissance globale a de quoi décapiter un zombi sans s’approcher de lui. Et de temps à autres, le quintet trouve la bonne approche groovy pour nous faire dodeliner de la tête, comme à l’occasion du monstrueux « Unguided Immortality » qui a de sérieux airs de classique instantané. En intro, « Soul Excavation » plante aussi le décor, avec ses murmures de goules inquiétants en arrière-plan, avant de profiter d’une production impeccable pour commencer le massacre. Immédiatement, on pense à une copulation post-mortem entre OBITUARY et MORGOTH, avec cette petite touche moderne des sorties Nuclear Blast, et si l’efficacité est indéniable, le feeling lui semble aux abonnés absents. Il est certain que le tout sonne un peu mécanique, et guidé par une volonté de puissance à tout prix que l’on ressent très bien lors de certaines intros, comme celle de « Invisible War » qui pulvérise tout sur son passage avec ses licks en background hérités de MORBID ANGEL. Mais cette optique qui ressemble à s’y méprendre à celle des cadors du Thrash qui misent tout sur leur background pour nous proposer des albums parfaitement enregistrés et composés dérange au bout d’un moment, et l’écoute en devient pénible parfois, spécialement lorsque l’inspiration n’est clairement pas au rendez-vous.

Heureusement, le jeu très Dave Lombardo de Tony Laureano et ses fills incessants relance la machine lorsqu’elle a besoin d’un coup de turbo, et quelques plans plus saccadés et finauds que la moyenne viennent aérer cette débauche de brutalité qui cogne souvent dans le vide. Quatre minutes par morceaux, un flair certain au moment de les commencer, des idées plus fouillées, et au final After Death se montre largement plus compétitif que Shadowcast qui traînait salement la patte. Avec des inserts plus Heavy et malsains que la moyenne (« Born Into Bondage »), et de furieuses accélérations rappelant les débuts de la scène et ses accointances avec le Thrash (« An End Date With The World »), INSIDIOUS DISEASE s’en sort avec les honneurs, mais laisse un goût amer dans les oreilles. On attendait encore une fois plus d’audace et d’originalité de musiciens de ce rang, qui se sont encore une fois contentés de reproduire des formules bien établies. Et si la deuxième partie d’album enthousiasme un peu plus et réveille ceux qui commençaient à somnoler, le bilan est loin d’être euphorique. Reste la voix inimitable de Marc, le jeu de Tony, quelques chœurs bien sentis, et une poignée de riffs plus valables. Mitigé donc, au-dessus de la mêlée grâce aux moyens déployés, mais terne en termes de créativité. Comme quoi, encore une fois, la règle du supergroupe qui n’accouche pas d’un superalbum se vérifie.         

 

                                                

Titres de l’album:

01. Soul Excavation

02. Betrayer

03. Divine Fire

04. Unguided Immortality

05. Invisible War

06. Born Into Bondage

07. Enforcers Of The Plague

08. An End Date With The World

09. Nefarious Atonement

10. Secret Sorcery


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par mortne2001 le 25/11/2020 à 15:47
72 %    1002

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


RBD
membre enregistré
25/11/2020, 20:55:01

J'avais reçu exactement comme toi le premier album, dont j'attendais beaucoup à l'époque à l'instar de tout le monde vue l'équipe. Je partage donc hélas ce point de vue sur ce qui reste à ce jour le seul groupe de Marc Grewe, malheureusement.

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