Sans être trop catégorique, on pourrait presque affirmer que le Brésil a inventé le Death/Thrash à lui tout seul. En y repensant, et en se remémorant les parcours de SARGOFAGO, SEPULTURA, DORSAL ATLANTICA, on se rend compte que la frontière entre les deux styles a toujours été plus que floue pour les lusophones, qui ont toujours manipulé la brutalité en tant que telle, sans se soucier des appartenances de genre. Pas étonnant de constater dès lors que ce Crossover continue de faire des adeptes depuis les sacro-saintes années 80, et que des groupes comme DISGRACE AND TERROR connaissent une belle carrière depuis leurs débuts. Débuts entamés à l'orée du nouveau siècle, et qui depuis ont confirmé le potentiel d'un des trios les plus velus d'Amérique du Sud, à la lisière du chaos, mais toujours suffisamment stable pour ne pas y sombrer. Depuis leur naissance, les originaires de Belèm n'ont pas vraiment chômé, et outre une vie sur la route leur ayant bouffé quinze ans de leur existence, les trois musiciens affichent un compteur discographique assez conséquent, que cet Age of Satan vient compléter de son exhaustivité et de sa méchanceté. Ainsi, après l'initial et explosif Shadows of Violence en 2005, The Final Sentence en 2013 et El Papa Negro en 2015, les affamés de violence nous en reviennent trois ans plus tard avec cet implacable quatrième longue-durée, toujours aussi efficace, et semblant même se hisser à la hauteur des meilleures réalisations du cru. Sans changer formellement une recette qui fonctionne depuis presque deux décennies, les brésiliens continuent d'appuyer là où ça fait mal, et nous distillent huit morceaux officiels bien concentrés, agrémentés de trois bonus-tracks en concert pas piqués des vers. L'ensemble a donc fière allure, et carbure, au morbide évidemment, mais aussi à l'élan Thrash savamment distillé, pour former au final une ode à l’ultra-violence que certains fans de groupes établis sauront apprécier.
Quels groupes? Disons un certain nombre, puisque les DISGRACE AND TERROR ne cachent pas vraiment leurs influences, sans non plus verser dans la repompe éhontée. On note de ci de là quelques traces évidentes de Death sombre et purement anglais, avec quelques clins d’œil adressés à la cruauté des BENEDICTION, mais le versant US de la boucherie made in Tampa a aussi le droit d'être cité dans le texte, via quelques paraphrases de nos maudits MORBID ANGEL, d'AUTOPSY, et surtout, d'une version plus macabre d'un DEICIDE qui n'en finit pas de faire de vilains émules. Outre un son que le Scott Burns de la grande époque aurait pu peaufiner, les compositions se veulent assez directes, sans cracher sur un brin de complexité, gardant toutefois les pieds fermement ancrés sur une terre authentique, histoire de ne pas perdre de vue l'optique old-school si fièrement prônée. J'ai dit old-school ? Oui, mais pas vintage tape-à-l’œil pour indécrottables passéistes, puisque ce quatrième album s'inscrit dans un air du temps modulé de passion, ce que ces nombreux breaks et tassements prouvent. Avec un son faisant la part belle à une homogénéité globale, et des riffs qui s'empilent comme des cadavres dans un charnier, Age of Satan frappe fort, laisse les instrumentistes faire leur job, et plutôt bien d'ailleurs, Acumulant les moments de bravoure personnels comme les prouesses collectives, pour aboutir à un ensemble en bloc de béton, style coulée de chaux dissimulant à l'histoire une fosse commune un peu glauque. Mais tout ceci est précis, ne bave pas sur les côtés, et joue la minutie, tout en mettant en avant des instincts primaires assez prononcés. On pense même en plus d'une occurrence à une traduction du séminal Harmony Corruption des NAPALM DEATH dans un vocable Thrash sud-américain, spécialement au niveau du chant graveleux de Rot Terrorist, qui grogne comme un beau diable, tout en plaquant des lignes de basse quasiment inaudibles dans le mix qui a méchamment mis les guitares en avant. Celles-ci, manipulées par Vinicius Carvalho multiplient les motifs, agrémentant l'atmosphère putride d'une précision de staccato héritée de la légende Thrash nationale, tout en semant par intermittences des soli très capables qui ajoutent une jolie plus-value aux morceaux.
Dès lors, inutile de tourner autour du pot, cette dernière réalisation des brésiliens reste dans la lignée de leurs efforts précédents, tout en essayant d'apporter un peu de sang neuf au sacrifice entamé il y a quinze ans. Les titres se succèdent, n'apportant pas toujours les idées inédites leur permettant de vraiment se différencier, mais l'efficacité globale est tellement probante qu'on en excuse assez facilement ce manque d'innovation. Mais comme nous parlons de Death old-school, qui évite le primitivisme d'un côté et l'excès de technique de l'autre, il est toujours ardu de faire preuve d'audace, alors autant se focaliser sur la brutalité, qui reste modérée. Pas question de chaos ici, même si les passages en blasts rappellent fermement les prises de position de MORBID ANGEL et DEICIDE, mais bien de puissance, ce qu'un morceau lent et oppressant de la trempe de “Gnosis Infernum » rappelle de sa mélodie acide et de sa construction progressive. Instrumental judicieusement placé vers la fin de l'album, pour aérer un peu la moiteur ambiante, cet interlude se place dans le haut du panier avec ses harmonies presque séduisantes, transcendées par des interventions en solo justes et évanescentes. Non que la voix de Rot stagne à un niveau de linéarité, puisque le vocaliste fait ce qu'il peut pour alterner les growls et les cris de démons à la façon d'un Glen Benton, mais lorsque les instruments prennent le pas sur la voix, on se rend compte que le groupe a un solide background Thrash, qui peut même rappeler les grandes heures de SEPULTURA ou des DEATH ANGEL. Et si les licks semblent rebondir les uns sur les autres d'un titre à l'autre, si les breaks paraissent parfois similaires, et si les textes sont évidemment emprunts d'un formalisme occulte (et cautionnés par une intro d'Aleister Crowley himself), on se prend quand même au jeu, malgré un timing un peu long qui aurait gagné à être plus concentré. Mais en l'état, et au vu du marasme vintage actuel, cet Age of Satan confirme la suprématie des DISGRACE AND TERROR sur la scène brésilienne extrême, et souffle un peu de fraîcheur morbide sur un marché à l'agonie, saturé de pillage et autre plagiat en forme d'hommage.
Titres de l'album :
1.Age of Satan
2.Secret Abyss
3.Samael
4.Satanic Emancipation
5.Hectorian Magnetism
6.Esqueleto del Diablo
7.Gnosis Infernum
8.Bright of Darkness
9.God of Carnage
10.Sanatorium
11.Agony
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