Crippled Black Phoenix I Villingen-Schwenningen

Crippled Black Phoenix, Soft Kill

Kulturzentrum Klosterhof, Villingen Schwenningen (Allemagne)

le 07/04/2019

Dans l'impossibilité d'assister à une des dates françaises de SOFT KILL et FOTOCRIME, accompagnant CRIPPLED BLACK PHOENIX à travers l'Europe, j'entame donc 4 heures de route pour me diriger vers cette bourgade Allemande où les 3 groupes posent leurs valises en ce dimanche soir pluvieux. L'événement Facebook n'annonce qu'une 50aine de participant, après les annulations de 2 dates françaises, je guette jusqu'à la dernière minute le statut de ce concert car j'attends avec impatience cette date.

En route donc pour l'Allemagne, la salle est toute neuve, il s'agit d'ailleurs du premier concert dans cette salle, l'inauguration amène finalement bien 300 personnes dans cette salle pouvant certainement en contenir 500. Alors tout d'abord, le contexte hors-musical, nous arrivons sur le parking, tout le monde se gare sereinement, laissant le parking pour handicapés libre, pas de fouille à l'entrée, un grand sourire de la sécurité et dans le hall un grand porte-manteaux où chacun pose sa veste et la récupère à la fin (essayez de faire ça en France). Ensuite, le public Allemand est d'une courtoisie à toute épreuve, en tout cas chez eux, c'est bien connu pour ceux qui ont eu la joie de faire un fest avec ces charmants énergumènes comme voisin sur le camping ! Les boissons sont servies dans des canettes en verre que chacun ramène au bar ensuite, car consignée, même si le bar ne fait pas payer la consigne que vous pouvez récupérer à la fin, bref ! C'est bon enfant, pas d'animosité et un public qui danse, qui participe, autant vous dire que cela fait plaisir car c'est un panel hétéroclite qui rempli cette salle, des metalleux, des progeux, des amateurs de Rock et certainement de New Wave également.

Après un "Love Like Blood" de KILLING JOKE craché dans la sono comme si c'était le groupe qui jouait sur scène, la lumière s'éteint, les lumières de la scène se teintent de bleu et un homme seul avec guitare et électronique va venir affronter cette salle. Il s'agit de Ryan Pattern qui fait cette tournée seul alors qu'habituellement, FOTOCRIME c'est aussi Shelley Anderson et Nick Thieneman, la raison tient dans le fait que l'ex-COLIZEUM dépanne CRIPPLED BLACK PHOENIX à la basse sur cette tournée, alors autant en profiter pour présenter son bébé d'autant plus que l'affiliation avec SOFT KILL n'est pas du tout idiote. Le concert s'ouvre un "Love In A Dark Time" extrait du premier album, Principle Of Pain, publié en 2018. Avec le EP Always Hell, Ryan pioche allègrement dans sa discographie encore jeune même très talentueuse à l'image du "Always Hell" qui déboule dans la foulée. Peu de parole entre les morceaux, si ce n'est une invitation à danser sur le terrible "Don't Pity The Young" auquel succèdera un "Duplicate Days" absolument jouissif. La nature froide des morceaux gagne ici en lourdeur avec cette guitare qui prédomine dans le mix, là où sur album, les effets et autres claviers sans compter la basse comme clé de voute de l'ensemble, prennent bien plus d'espace que ce soir. Un visage différent mais tout aussi bon car ce que je soupçonnais prend vie sous mes yeux, les guitares de FOTOCRIME sont bien plus méchantes que ce que la production sur album peut laisser penser.
Ryan nous présente ensuite un premier inédit, nouveau titre destiné au futur album, un titre très Punk dans l'esprit qui ne désoriente pas les amateurs de ce début de carrière du groupe. Le deuxième nouveau morceau, très ambiant, à l'image d'un "Tectonic Shift" sur le EP Always Hell, ce genre de morceau qui pouvait peut-être manqué sur le premier album du groupe pour avoir un panel complet de l'univers des Américains et qui est introduit par un speech rare ce soir expliquant que sur ce titre le grand bonhomme se livre comme jamais. En effet, il semble vivre encore plus intensément cette ambiance, bien aidé par le silence demandé par le chanteur et respecté par le public durant ce morceau au très fort potentiel. Les excellents "Autonoir", "Gods In The Dark", "Confusing World" ou "Nadia" présenté comme un titre féministe (à l'écoute des paroles, cela ne fait aucun doute), complètent cette soirée. De même que ce "Plate Glass Eyes", très Punk à l'énergie communicative, qui dynamite clairement cette fin de show. Le public salue largement la prestation tout en culot et en assurance de cet homme qui explique avoir appris énormément sur lui-même et sa musique avec cette tournée en solo. Une mise en bouche de pratiquement 45 minutes absolument parfaite.

Très rapidement, les Américains de SOFT KILL prennent possession de la scène pour 45 minutes également. Si la musique est plus ambiancée, le début de concert est assez déstabilisant, le guitariste chanteur Tobias Grave se lance dans un fou rire avec Conrad Vollmer, l'autre guitariste du groupe, dès les premières notes, ce qui tranche franchement avec le froid dégagé par la musique. Très effacé, le frontman ne s'adresse pas au public, lui tourne le dos régulièrement, le bassiste Owen Glendower se montrant plus avenant par exemple. 

La session rythmique de SOFT KILL est d'une solidité et d'une brutalité insoupçonnable sur disque. Le batteur Adam Bulgasem tape fort, extrêmement fort et ce bassiste ne relâche jamais la vitesse d’exécution, l'esprit Punk du groupe tient dans ces deux gaillards alors que le duo de guitariste plaque des guitares franchement New Wave, Cold Wave par dessus avec un chant éthéré et assez planant. La recette est efficace même si un peu redondante à la vue du choix des titres joués ce soir, le groupe se concentrant sur Saviour, dernier album en date du groupe et qui est un poil plus joyeux que le reste de la carrière du groupe, même si tout est relatif, c'est pas non plus Patrick Sebastien !  Le public répond très positivement à la prestation du groupe que je vois pour la première fois, à revoir car le quatuor ne semblait pas, ce soir, au top de sa forme. Tobias Grave quitte la scène en débranchant sa guitare alors que le reste du groupe termine le set, pas un mot au public, pas un au revoir, froid jusqu'au bout ! Si j'aime beaucoup cette prestance et cet esprit, je comprends tout à fait que ce ne soit pas du goût de tous dans le public, mais le style joué par le groupe implique cela. Un très bon show tout de même vu de ma fenêtre même si j'en attendais peut-être un peu plus.

Le public s'est massé devant la scène, même si on peut encore naviguer facilement entre les rangs, CRIPPLED BLACK PHOENIX, groupe proposant un Rock parfois Metallisé allant du Post-Punk au Progressif, c'est un savant mélange de PORCUPINE TREE / STEVEN WILSON, ANATHEMA, KATATONIA, PINK FLOYD et THE CURE que propose le groupe, ce qui laisse un éventail très large. Les guitares en mode Power renvoient directement vers KATATONIA avec ce début de show sur "To You I Give", "No Fun" ou "Caring Breed The Horror" alors que la facette plus douce ramène vers PINK FLOYD, notamment en fin de set avec les reprises d'"Echoes" et "Childhood's End" en fin de concert mais pas uniquement puisque les breaks calmes du groupe ne trompent pas sur l'influence majeure de cette figure du Progressif. Le groupe nous proposera également la reprise du "The Golden Boy That Was Swallowed By The Sea" des SWANS, montrant l'étendue des influences du groupe. Sur scène, c'est 2 guitaristes, un guitariste chanteur, un bassiste, une chanteuse, une claviériste trompétiste, un batteur et un claviériste, et pourtant la mise en son est claire et puissante, tout est parfaitement perceptible, un beau travail de mixage. Le groupe défend son dernier album en date, Great Escape, paru en 2018 chez Season Of Mist avec 4 titres qui en sont extrait mais en profite pour revoir un peu son passé, remontant même jusqu'à A Love Of Shared Disasters (2007) dont l'ex-ELECTRIC WIZARD, Justin Greaves, initiateur du projet, est le seul survivant avec le titre "You Take The Devil Out Of Me".  

La présence de Belinda Kordic nous renvoie forcément vers ANATHEMA, d'autant plus que l'univers est assez proche mais attention car le chant si cristallin se brise parfois avec des cris possédés comme pour ne pas trop envelopper son public de coton car le groupe montre une facette parfois assez brute souvent contre balancée par des parties calmes ou du piano au son très 80's mais parfaitement à propos. Le groupe va jouer pratiquement 2 heures se permettant de jamner sur "Childhood's End" alignant les solos impromptus dans celui au piano par Helen Stanley alignant les notes plus joyeuses les unes que les autres provoquant hilarité des autres membres, une partie de détente qui traine volontairement en longueur pour revenir sur la fin à la structure fidèle du morceau de PINK FLOYD. 

Après un rappel sincère du public, CRIPPLED BLACK PHOENIX revient avec le titre "Burnt Reynholds" extrait de l'album The Resurrectionists & Night Raider datant de 2009, ce qui finit de combler le public visiblement très au fait de la discographie des Anglais. 9 minutes supplémentaires, large sourrire aux lèvres d'un groupe qui remercie chaleureusement Ryan Pattern pour le travail accompli à la basse, au pied levé, le grand bonhomme a su tenir la scène s'impliquant même avec des solos bien sentis et une présence très dynamique, un travail efficace.

Il est minuit, 4 heures de route sous une pluie en continue nous attend, mais quel soirée, trois groupes allant de très très bons à excellents, j'étais venu pour les 2 premiers, j'y ai découvert un troisième très intéressant même si sur album, l'aspect calme et gentillet me parle beaucoup moins, sur scène, les anglais ont montré une capacité à parler à plusieurs publics à la fois. Il n'est pas impossible que le Kulturzentrum Klosterhof de Villingen-Schwenningen me revoit prochainement car les conditions sont vraiment excellentes, pas de bouchon d'oreille, oubliés dans la voiture, un son parfaitement audible et parfaitement équilibré et mixé et pas de sifflement le lendemain, voilà qui est parfait lorsque l'on prend de l'âge !

par Simony le 16/04/2019 à 08:00
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Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


RBD
membre enregistré
16/04/2019, 21:21:44
Je suis bien content que quelqu'un aie pu y aller. Je suis encore vert que la date dans le Midi ait été annulée deux jours avant, je la guettais depuis des mois, réservation et tout... C'est la deuxième fois que je rate Soft Kill notamment sur annulation.

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