Dans sa quête d’absolu, l’extrême a choisi de pousser ses recherches au bout du bout, et d’en revenir grandi, sinon avec des réponses. En admettant que le vide absolu peut-être composé de particules s’annulant les unes et autres, et en acceptant qu’un infini ne connaît pas de limites, on accepte de fait que le Metal extrême n’en aura jamais terminé avec ses obsessions et ses dérives, et qu’il sera possible un jour d’en perdre la trace dans un espace qui risque même d’être parallèle au nôtre. C’est ainsi que je vois les choses lorsque je traite du cas de groupes ne se contentant pas du strict minimum, et qui sondent l’univers artistique pour en revenir avec des certitudes, qui ne sont finalement que des questions supplémentaires. Nous pourrions parler de la récente théorie des cordes de feu Stephen Hawkins, qui avait fini par assurer que tous les mondes parallèles nés du big-bang étaient régis par les mêmes lois physiques, pourtant, je ne peux m’empêcher de croire que le Black Metal est un espace ne répondant qu’à sa propre logique, et surtout, son absence de contrainte. C’est la conséquence qui semble émerger du second longue-durée des américains de VOIDTHRONE, qui réfutent tout principe de prolongement mélodique, et qui n’ont de cesse depuis le début de leur jeune carrière d’explorer des recoins sombres et autres espace-temps différents. S’ils se plaisent à définir leur musique comme du Death/Black dissonant, il est tout à fait possible de trouver des traces de constructions progressives dans leurs morceaux, qui toutefois ont semblé subir un lifting assez conséquent, leur permettant une efficacité plus probante. Les fans n’ont certainement pas oublié le premier jet des originaires de Seattle, ce Spiritual War Tactics qui les avait placés sur le devant d’une scène qui n’existe pas vraiment. Et Kur ne fera rien pour équilibrer la donne, lui qui reprend des préceptes antérieurs pour les pousser à leur paroxysme.
Paroxysme de style, mais pas de longueur, et à l’exception du final « Their Recursive Communion », aucun segment ne s’aventure au-delà des limites des neuf minutes, ce qui permet d’apprécier les idées dans un contexte beaucoup plus balisé. N’oublions pas que le reproche majeur formulé à l’encontre de leur premier album fut justement la trop grande longueur des pistes qui semblaient errer à la recherche d’un but, et cette fois-ci, le quintette (Ronald Foodsack (ex-OBNOXIOUS) - guitare/phin (instrument à cordes thaïlandais), Mac Boyd (ex-DAD JAZZ) - guitare, Joshua Keifer (ex-A FLOURISHING SCOURGE) - batterie, Austin Schmalz (PHORUSRHACIDAE, ex-TOPLESS PIT) - basse et Zhenya Frolov (MCMJ) - chant) a resserré les rangs pour se focaliser sur les plans les plus pertinents, sans pour autant laisser de côté leur sens de l’expérimentation. Si l’on retrouve les mêmes symptômes, cette brutalité qui cède parfois le pas à une emphase sombre et maladive, ces soudaines fulgurances qui en appellent au BM le plus cru, ce chant cathartique, cette technicité elle aussi poussée à son paroxysme, et cette recherche d’ambiances qui le confine à l’esthétisme du morbide, la construction globale est aujourd’hui moins poussive tout en restant aussi évolutive. Et les références assumées par les musiciens sont toujours probantes, peut-être encore plus que sur ce séminal premier effort. En parlant d’effort, et en dépit de titres qui combattent le format le plus raisonnable, la longueur globale des « longue-durée » du groupe tend à décliner de plus en plus, et c’est sur le seuil des vingt-quatre minutes que s’essouffle Kur, là ou Spiritual War Tactics ne faisait que timidement dépasser la demi-heure. On se demande bien si les VOIDTHRONE parviendront un jour à publier un LP de durée honnête, mais à vrai dire, le groupe dispense tellement d’idées et de pistes qu’on a parfois le sentiment que le métrage est doublé…
Je parlais de références, et celles sous lesquelles se place Kur sont sensiblement les mêmes que celles de son aîné. On y retrouve des traces patentes de DEATHSPELL OMEGA, GORGUTS, MORBID ANGEL, HYPOCRISY, GOJIRA, NAGLFAR, TRIPTYKON, BATUSHKA, IMPERIAL TRIUMPHANT, GORGOROTH, ZHRINE, NAILS, THE BLACK DAHLIA MURDER, ORANSSI PAZUZU, et RUINS OF BEVERAST, avec une plus grande attention accordée à certains, dont évidemment les deux premiers, mais aussi GOJIRA, dont on retrouve ici la fluidité toute en brutalité, mais aussi des éléments de l’EMPEROR le plus symphonique, mais débarrassé de ses encombrants claviers trop pompeux. Les guitares et la rythmique sont donc les deux pièces maîtresses de cette nouvelle réalisation, et se taillent la part du lion, rapprochant le concept d’un Technical Black/Death de première importance, sans pour autant occulter la part d’originalité. Cette dernière s’incarne surtout dans ces fameuses dissonances qui parsèment toujours les longues envolées, mais aussi dans cette alternance entre climats et atmosphères, qui passent de l’ultraviolence à la lourdeur suffocante, et qui nous baladent d’un BM âpre à un Doom vraiment oppressant, sans que l’on se heurte à des liaisons un peu trop marquées. Le niveau instrumental a encore grimpé d’un cran grâce à l’adjonction de musiciens additionnels, et les thématiques de solitude et d’isolation qui sont aujourd’hui prisées trouvent une illustration idoine au travers d’un morceau aussi ambivalent que l’entame éponyme de « Kur », qui se rapproche même parfois du négatif parfait d’un VIRUS perdu dans les limbes du monde en décomposition d’IMPERIAL TRIUMPHANT.
Attaques qui s’entrechoquent sans complaisance, stridence et déviance des guitares qui refusent la plupart du temps la facilité du riff parfait, et rythmique en constante évolution qui ne se fixe pas sur un pattern précis, histoire de nous déboussoler encore plus. Avec un phrasé de chant démoniaque mais précis, les VOIDTHRONE pourraient presque incarner à ce moment précis un doppelganger maléfique du VOÏVOD de Dimension Hätross, tant la liberté absolue de ton et un certain penchant pour le psychédélisme ténu accolent les deux œuvres avec une acuité indéniable. Point fort de cette nouvelle réalisation, qui permet à Kur, l’album de se mettre sous tutorat DEATHSPELL OMEGA sans avoir à en rougir, cette absence de balises et de barrières qui permet au groupe d’aller là où on ne l’attend pas vraiment, et d’oser à peu près tout ce qu’il est capable d’entreprendre. Ainsi, l’intro vraiment discordante de « Phantasm Epoch » ne nous prépare absolument pas au plan central et à ce déferlement de hurlements et de blasts, qui illustre avec appétit une partie fine entre possédés dans une vieille église abandonnée, sous chaperonnage de prêtres défroqués. L’incarnation vocale de Zhenya Frolov est aussi fascinante qu’effrayante, et permet aux morceaux de prendre une dimension quasi mystique…En tant que final, « Their Recursive Communion » fait le lien entre les deux LP du groupe, et reprend peu ou prou les idées développées sur Spiritual War Tactics, tout en pavant la voie à un avenir que les plus malins auront bien du mal à prédire…Mais en attendant ce troisième album que l’on peut d’ores et déjà envisager comme un classique, Kur, malgré sa brièveté reste une seconde étape majeure sur le trajet séparant les VOIDTHRONE de l’absolu, dont ils risquent de revenir changés, voire…méconnaissables, selon la théorie des univers parallèles dont leur musique se veut illustration artistique.
Titres de l'album:
Deafheaven > Black Sabbath d'ailleurs, aucune hésitation. quelle chanson de Black Sabbath atteint le niveau d'intensité de Dream House ?
10/07/2025, 21:43
T'aimes ça hein le cuir et le metal salace, je préfère Patrick Sébastien, je le trouve moins pédé. Le petit bonhomme en mousse on s'en rappelle, ça c'est une chanson qu'on oublie pas, comme ce que te chantais ta maman..
10/07/2025, 21:36
@DPD : putain, cette merde de Chat Pile, de la noise bâtarde gay friendly qui pompe Godflesh et Korn. Et dans un autre post, tu parles de Deafheaven. Mais mec, arrête de donner des leçons et va donc faire une Bun Hay Mean.
10/07/2025, 21:20
Et ce qui s'est fait de marquant question death c'était le dernier Dead Congregation et le surprenant Reign Supreme de Dying Fetus. Et qu'on me parle pas de Blood Incantation tout est impeccable, il y a beaucoup de travail derrière, mais aucune symbiose entre les part(...)
10/07/2025, 15:17
L'underground est pas une qualité en lui-même, le dernier concert que j'ai vu t'avais les groupes qui enchaînent les plans thrash-death-black sans aucune cohérence, du sous Deathspell Omega (désolé mais dans le black dissonant tu seras toujou(...)
10/07/2025, 15:09
C'est à peu près le constat que nous sommes plusieurs à faire me semble-t-il, mais je mettrais tout de même Converge, The Dillinger Escape Plan ou Botch ailleurs que dans le metalcore. Mais pourquoi pas. ;-)@Jus de cadavre "Je crois qu'il faut acce(...)
10/07/2025, 14:34
@GPTQBCOVJe suis horrifié par l'idée de finir comme ça, voir Darkthrone se réduire aux lives jouant la fameuses trilogie pour payer les affaires courantes notamment des frais de santé, la social-démocratie m'en sauvera j'imagin(...)
10/07/2025, 14:16
Non mais même le metalcore t'avais la grande époque de Converge, Dillinger Escape Plan, Botch et compagnie...certains parleraient de hardcore chaotique mais bon. T'avais pas que de la musique lisse à refrain, ce n'est pas le diable que certains veulent peindre.&(...)
10/07/2025, 13:47
Si le Metalcore était à la mode il y a 20 ans, disons alors que (malheureusement) cela perdure car 1/4 des groupes jouant dans de gros et moyens fests ont un qualificatif se terminant par "core".
10/07/2025, 13:22
Cela m'espante toujours de voir des festivals complets (ou presque) un an à l'avance sans avoir annoncé aucune tête d'affiche.Le public est devenu très friand des gros festivals. Je pense évidemment à toute cette frange de festivalier(...)
10/07/2025, 12:23
Certains commentaires sont à côté de leur pompes, la grande mode du metalcore c'était il y a quoi ? 20 ans ? la bizarrerie c'est que pas mal de ces gens sont passés au black-metal pour une raison que j'ignore ce qui donne toute cette scene en -post(...)
10/07/2025, 12:04
Ce groupe est une pépite. Je reste encore sous le choc de The Crowning Quietus par exemple !
10/07/2025, 08:38
Et oui le Fall of que c'était dingue mais pas de monde pour pouvoir continuer
09/07/2025, 23:09
Je vais au Hellfest l'année prochaine depuis 2010 et je sais pertinemment que le métal extrême n'y a plus trop sa place et dieu sait que j'adore le black et le death mais je suis fan de musique et musicien avant tout et j'aime aussi cette diversité. (...)
09/07/2025, 23:07
Cette année, j'ai fait le Anthems of Steel et le Courts of Chaos. A l'automne, ce sera probablement le Muscadeath. Les festivals, ce n'est pas ce qui manque. D'ailleurs, plus ils sont passionnants dans la programmation, moins la fréquentation est importante. Biza(...)
09/07/2025, 21:39
Content de ne plus perdre mon temps, mon argent, mes nerfs et mes espoirs avec ce fest qui est devenu une totale foire aux neuneus.J'ai souvenir d'un site avant 2010/2011 avec encore peu de déco (c'est relatif mais comparé à ce que c'est devenu....)(...)
09/07/2025, 20:31