Nous avons eu la Red Queen, la Queen of the Damned, la Metal Queen, célébrons aujourd’hui l’intronisation de la Bad Queen, telle que présentée par les parisiens de RASPY JUNKER. Dix ans après la création du groupe par le guitariste Thomas Noorman, la cérémonie nouvelle se veut aussi importante que le mariage entre Diana et Charles, sauf que la bande-son crache un Heavy Metal de tous les diables et non une musique de chambre jouée dans une cathédrale bondée.
Mené de voix de fer par Nathalie Aranda, RASPY JUNKER fait partie de ces groupes pour lesquels nous éprouvons une grande tendresse, tant ils sont capables de se montrer allusifs à bien des styles, tout en forgeant le leur. Avec un seul longue-durée à son actif, le très remarqué World of Violence, le quintet fait encore partie de ces jeunes révélations qui se doivent de confirmer tous les espoirs placés en elles, et avec Bad Queen, le règne annoncé commence enfin, après un bal donné en l’honneur de la noblesse la plus pervertie.
Patrick Stefanovic (basse) et Cédric Noced (batterie) tissent un canevas sur lequel la guitare de Grégory Delagarde vient se greffer, et en trois morceaux seulement, RASPY fait oublier les sept années patientées en attendant un nouvel album, que notre enthousiasme rendait obligatoire. Et sous cette pochette autoritaire, se cache sans aucun doute l’album de Heavy moderne de cette année 2023, pourtant déjà marquée par des sorties extraordinaires.
La raison de cette euphorie ?
Des chansons qui en sont, des mélodies de biais, une attaque pas toujours frontale elle non plus, et un ballet donné en l’honneur de tous les parias, qui regrettent le Rock de tonton, et qui continuent de l’apprécier sans fioritures, mais joué avec les tripes et le cerveau.
Et c’est un euphémisme de dire que retrouver la voix acidulée et délicatement adolescente de Nathalie est un plaisir qui ne se refuse pas. La chanteuse n’a rien perdu de ses inflexions juvéniles, qui permettent d’alléger un instrumental costaud comme un camionneur fan de fonte. Entre des nineties réhabilitées et un nouveau siècle apprêté, Bad Queen louvoie, mais ne minaude jamais. D’ailleurs, l’ouverture tonitruante de « Start a Revolution » donne effectivement envie de renverser l’ordre établi pour le pousser au bord du gouffre de l’anarchie, quelque part entre REPUBLICA, SKUNK ANANSIE et VOLKER.
Inventifs dans le classicisme, audacieux dans le formalisme, les parisiens nous servent un album bouillant, qui exige d’être joué sur scène pour plus de puissance. Et il n’est guère difficile d’imaginer l’impact Heavy d’une bombe de la trempe de « Battle Cry », sorte d’hommage déguisé à ALICE IN CHAINS et DRAIN, dans un élan Post-Grunge lourd et poisseux.
Il est incroyable de tomber sur un disque aussi varié que cohérent. Et surtout, sur un disque qui accepte son époque, sans paraître opportuniste. Loin du réchauffé old-school qui empeste dans les frigos de la mémoire, Bad Queen est une œuvre féroce, au propos péremptoire et à l’assurance défiante, débordant d’énergie recyclée en tubes accrocheurs et licks fédérateurs.
« Bad Queen », aveu de montée en première division, est un up-tempo diabolique qui donne envie d’une explosion atomique entre Paris et la périphérie. S’accordant très bien des canons contemporains du Heavy Metal, RASPY JUNKER déroule son parchemin en toute confiance, avec une autorité qui fait plaisir à entendre. Et j’irai plus loin en affirmant que ce second long est sans conteste possible mon disque préféré de la rentrée. A cause de son émotion, de son culot, de sa grande gueule et de ses propos. Entre acoustique tendre et romance nocturne, « We Are Rising » célèbre la volonté de mettre en avant ses qualités, et encore une fois, Nathalie fait des merveilles, qu’elle susurre, qu’elle hurle ou qu’elle réclame l’attention.
Et chère Nathalie, nous sommes toutes ouïes.
Comment ne pas être passionné par un album qui commence fort avant de moduler, pour terminer dans une explosion de joie et d’exubérance, parfaitement formalisée par le dynamité « Deserter ». Le défi semble impossible à relever, tant les parisiens ont mis le paquet pour se rappeler à notre bon souvenir, citant les nineties des Riot Grrrlz, le nouveau siècle des rockeurs sincères, et la fête californienne des années 89/90.
Un peu Glam chelou, un peu bar-band de Chatou, RASPY JUNKER accepte tous les costumes, sans avoir besoin de se travestir. Emotion, sensibilité (« Alive » proche d’un PEARL JAM de tradition, et subtilement psychédélique), puissance et vitalité (« Dog Fight », lourd, méchant, mordant, un pitbull avec trois bars de pression dans les dents), pour finir la nuit sur un « Poison » se diffusant lentement dans l’organisme.
On ne pouvait rêver final plus adapté, entre colère juvénile, Pop-Punk joué Metal, et baston de cour de lycée entre l’inévitable bully et la victime qui se rebelle le vendredi.
Truffé d’arrangements malins, de soli câlins, bombé par une basse gonflée, mélodisé, radicalisé, Bad Queen est une reine sur son trône qu’elle ne compte pas abandonner. Mais le peuple aime sa reine, et l’adoube avec tout le respect qui lui est dû.
Lorsque la noblesse se fait populaire, les révolutions partent du château.
Titres de l’album:
01. Start a Revolution
02. Snake Eyes
03. Hypnotized
04. Battle Cry
05. Bad Queen
06. We Are Rising
07. Deserter
08. Alive
09. Dog Fight
10. Poison
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"la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises"En même temps quand on voit ce que propose les "jeunes" groupes faut pas s'étonner que les gens qui cherchent un peu de qual(...)
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@Ivan : la scène metal est un ehpad géant, aucun intérêt de suivre de vieux grigous qui sucrent les fraises.
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